mardi 17 septembre 2024

Quand le rugby prend le pire du foot et se met en danger

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Jean-Marc Azzola
Jean-Marc Azzola
Journaliste

La création de cette nouvelle compétition fait saliver, mais inquiète aussi. La ligue mondiale de rugby divise le monde l’ovalie.

Tout est parti d’une révélation tirée du journal The Telegraph. C’est désormais bien concret : une Ligue mondiale mettant aux prises les six équipes du Tournoi des Six Nations ainsi que les quatre nations majeures du Sud (Australie, Afrique du Sud, Nouvelle-Zélande, Argentine) va bien voir le jour à partir de 2026.

Cette nouvelle épreuve dans le calendrier international va se dérouler en juillet et en novembre et va venir remplacer les tournées d’été et d’automne. Ces dix sélections nationales seront rejointes par deux autres de l’hémisphère Sud conviées par les organisateurs.

Selon le communiqué du Six Nations Rugby et du Sanzaar (organisation possédant les droits du Super Rugby et du Rugby Championship), cette nouvelle ligue mondiale va avoir lieu tous les deux ans « en dehors des tournées des Lions britanniques et de la Coupe du monde » avec pour but « de soutenir et de développer le jeu mondial ». Qu’en est-il du calendrier à venir ?

Car cette nouvelle épreuve pourrait engendrer davantage de semaines d’implication pour les joueurs. Actuellement, les tournées se disputent sur trois semaines. Ce qui induit que les joueurs devraient être encore davantage sollicités en sélection.

Une affaire d’argent…

Le 2ème ligne bayonnais Thomas Ceyte se félicite de la création de cette Ligue mondiale : « Voir des matches de très haut niveau sans attendre les Coupes du monde et les tests d’été est une bonne chose. Mais il faut faire attention aux joueurs. Quand je vois un Antoine Dupont qui a effectué une préparation Coupe du monde après un repos de deux semaines, une quinzaine de matches de Top 14 sans oublier la Coupe d’Europe, le Tournoi des Six nations, les tests d’automne avec l’équipe de France, quand je vois aussi un Romain Ntamack qui se fait les croisés, je me dis que les mecs sont usés par rapport à ceux d’autres nations. »

« Il est alors grand temps, que nous, Français, on se mette au même niveau que les clubs anglo-saxons et donc que des joueurs majeurs tricolores soient épargnés sur certaines compétitions. A ce rythme, en surjouant, on a une superbe équipe de France avec de supers jeunes, cependant le risque de grosse blessure existe bel et bien. »

« A voir ce que peut faire la Fédération à ce niveau pour que, peut-être, les joueurs majeurs soient moins en Top 14 et plus en Bleus et en Coupe d’Europe. Leur faire disputer entre 20 et 30 matches par an, ce n’est pas leur faire un cadeau. Au-delà du débat concernant cette Ligue mondiale, il faudrait songer à équilibrer le temps de jeu des joueurs tricolores. Ce serait vraiment une bonne chose pour l’avenir ».

Une nouvelle compétition qui divise le monde du rugby

Le président de Provale Robins Tchale-Watchou a lui aussi sa vision des choses : « On commet une erreur structurelle en se posant la question si c’est bon ou mauvais. Ce n’est pas parce que les choses ont fonctionné ainsi jusqu’à maintenant que c’est une bonne chose. Il faut poser selon moi la question autrement et se dire : que va apporter de bien et de structurant cette nouvelle compétition comparativement à ce que nous avons actuellement ? Il faut vraiment peser le pour et le contre. Créer une nouvelle compétition n’est pas le souci. »

« Mais il faut surtout créer de la valeur avec toutes les différentes parties prenantes. Ce sera la manière dont on la planifiera et qu’on l’organisera qui fera toute la différence. On met en avant que les joueurs vont beaucoup jouer. Cela dépend. Car que crée-t-on vraiment comme calendrier ? Crée-t-on cette compétition pour qu’elle en remplace vraiment d’autres ? L’ensemble des écosystèmes du sport mondial et du rugby, a changé et va continuer de changer. »

Le rugby grossi et a besoin de revoir son calendrier

« Comment créé-t-on alors la valeur pour que l’écosystème soit durable et viable. L’enjeu se situe surtout en ces termes. Différentes solutions sont proposées. Il faut apprendre de ce qu’on a fait jusqu’ici. Il faudrait vraiment que les différentes parties prenantes discutent pour voir comment tout cet ensemble peut coexister. Car il ne faut surtout pas se mentir. Ce n’est pas une affaire de valeurs, mais bien d’intérêts derrière. L’idée, c’est comment on va créer plus d’argent. On ne fait pas cela car on a envie d’enfiler des perles. Donc comment les différents intérêts peuvent coexister et à voir ensuite comment on peut ajouter un peu de vertus à tout cela. Le challenge majeur est là tout en pensant comment on redistribue cette valeur créée, et ce de manière structurelle. »

« Aujourd’hui, on a une polarité avec une création de valeurs. Il faut que l’assiette soit maintenant plus large. Le gâteau n’est plus assez grand pour tout le monde et pour toutes les ambitions existantes dans ce sport. Si on ne se réinvente pas, on va mourir. Alors comment on le fait ? Il faut surtout mettre toutes les parties prenantes autour de la table et voir ce qu’on peut construire ensemble. »

« C’est la seule manière d’y arriver. Ceux qui sont contre tout cela actuellement sont ceux qui voient leurs intérêts lésés ou leur pré carré empiété. Il est clair qu’il y aura un avant et un après. On va devoir évoluer. Mais encore une fois c’est l’approche qu’on aura avec ce projet qui fera toute la différence ». Si on ne veut pas employer le terme de révolution, cette Ligue mondiale incarne un changement majeur et colossal à venir pour le rugby international.

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