En 2000, six ans après sa finale disputée à Paris, la Française Mary Pierce s’impose lors des Internationaux de France. Grâce à un tennis complet et renouvelé..
Durant sa carrière, Mary Pierce a totalisé plus de 500 victoires en simple. Elle a remporté 18 titres WTA. Elle a été 3ème mondiale au top de sa forme en janvier 1995. Pierce a disputé six finales de Grand Chelem et en a remporté deux (dont l’Open d’Australie en 1995).
Mais sa victoire en 2000 Porte d’Auteuil a forcément retenu toute l’attention du public français. Cela faisait 33 ans que les Français attendaient ce succès féminin. Depuis Françoise Durr. La double vainqueur de la Fed Cup (en 1997 et 2003) s’est montrée sereine contre une Conchita Martinez dépassée en finale (6-2, 7-5).
« Je m’en souviendrai toute ma vie. C’est mon rêve qui est devenu réalité. C’est incroyable de réaliser cela à Paris » dira Pierce devant 15 000 spectateurs ravis et conquis.
Lors de ce tournoi parfaitement mené, la puissance seule n’aurait pas suffi contre Seles (avec un point gagnant joué entre les jambes) en quarts de finale (4-6, 6-3, 6-4) et Hingis, la n°1 mondiale en demi-finale (6-4, 5-7, 6-2). Il fallait bien d’autres composantes pour aller au bout de cette magnifique aventure.
Pierce n’est plus la même joueuse pourtant déjà brillante qui s’est hissée en finale de Roland-Garros en 1994. Cette année-là, elle est en mode rouleau compresseur jusqu’en finale. Elle ridiculise même Steffi Graff, la n°1 mondiale en demi-finales (6-2, 6-2). Mais elle s’incline ensuite face à l’expérimentée Sanchez, tête de série n°2 (6-4, 6-4).
« La variation dans son jeu, une des clés de son couronnement à Roland-Garros »
Six ans plus tard, Pierce a progressé dans tous les domaines : physiquement, mentalement, tactiquement, en lucidité et en expérience. Viriginie Razzano, son adversaire du 3ème tour (défaite 6-4, 6-0), se souvient :
« J’étais dans le tableau junior et j’avais joué contre elle en senior au 3ème tour. Je l’avais même pas mal accroché, je menais par 4 jeux à 0 au premier set. Je débutais sur le circuit. La Fédération m’avait fait bénéficier d’une wild-card. Je m’étais retrouvée dans la cour des grandes… et face à Mary Pierce. Pour moi, ce n’était pas un cadeau (rires). »
« Elle était très forte. J’avais essayé de me préparer au mieux pour cette rencontre. Mais, au fil du match, j’avais commis un pêché de jeunesse. J’avais essayé de trop en faire. J’avais commis des fautes de junior en me précipitant un peu trop.
C’est le genre de choses qu’on corrige avec le temps. J’avais donc perdu contre la future lauréate. Ensuite assistée à la finale. J’avais été très heureuse pour Mary. Elle prenait la balle tôt et son adversaire courait partout en essayant de choper son revers au maximum. C’était incroyable la manière dont Mary frappait fort dans la balle. C ’était une Française. Et le faire à Roland-Garros rendait le sentiment encore plus fort : pour la Fédération, pour tous les sponsors, les partenaires et le public français… ».
« C’est incroyable de réaliser ça à Paris, mon rêve est devenu réalité. »
Le consultant Jean-Paul Loth se remémore aussi ce magnifique exploit :
« Mary a été un très beau vainqueur en 2000. Elle était en termes de niveau moyen plus forte que nos représentants masculins. Quand elle y était, elle avait vraiment un jeu qui perforait tout ! Elle a gagné deux titres du Grand Chelem. Elle aurait même pu en remporter deux ou trois de plus avec le niveau de jeu qu’elle avait. C’était une très belle joueuse Mary ! C’était du solide ».
Florent Serra (ex-36ème mondial) désormais consultant est aussi sous le charme :
« Mary s’est surtout démarquée au niveau de sa puissance. Même quand elle s’entraînait avec des gars, sur des gammes elle avait une frappe d’homme (sic). Je me souviens bien de cette finale quand Conchita Martinez essayait d’utiliser son slice. Mais Mary n’était vraiment pas gênée. Cela s’était traduit au score.
Elle a brillé par sa longévité. Elle a su reproduire ses exploits. Pierce, c’était comme Mauresmo, des vainqueurs de Grand Chelem. C’était ce qui se faisait de mieux à cette période au monde. Ce qui a été super, c’est qu’elles étaient Françaises et qu’on a pu les avoir assez longtemps ».
Mary Pierce, une fille hyper professionnelle
Patrice Hagelauer a bien connu Mary Pierce.
« Avant qu’elle ne mette fin à sa carrière je me suis occupée d’elle les quelques derniers mois. Son succès à Roland-Garros s’explique. Déjà c’était une fille hyper professionnelle. On se donnait rendez-vous à 10h. Elle était là une heure avant et avait fait ses étirements. A l’entraînement, dès la première balle, elle était à 100%.
Elle a toujours été incroyable par sa volonté de réussite. Elle avait une telle qualité de frappe de balle. Des deux côtés ! Elle avait aussi une très bonne première balle.
Elle avait également beaucoup travaillé son physique pour être plus rapide. Progressivement, elle a amené de la variation dans son jeu. Cela a été une des clés de son couronnement à Roland-Garros. Elle a utilisé de plus en plus les amorties aussi.
Elle a su faire évoluer son jeu. Ce n’était pas une prise de risque, mais une progression. Elle est parvenue à surprendre ses adversaires les unes après les autres. A cette époque, les filles jouaient pourtant incroyablement bien. Sa longévité a été également magnifique. Quand un joueur ou une joueuse reste à ce point au top niveau lors de tournois de Grand Chelem, ce n’est pas anodin. Elle avait ce truc en plus… ».
Onze ans après sa première finale à Roland-Garros, et cinq ans après son titre, Pierce, tête de série n°21, dispute une nouvelle finale Porte d’Auteuil en 2005. Elle réalise une nouvelle fois un parcours exceptionnel. Elle bat notamment Zvonareva n°10 mondiale. Pierce bat ensuite Schnyder (6-1, 16, 6-4) considérée à l’époque comme la n°2 sur la surface.
Le match est épique. Pierce conclut sur sa 11ème balle de match ! Davenport et Likhovtseva subissent ensuite les coups de boutoir de la Française. Seule Justine Henin met fin à la marche en avant de Pierce en clôture du tournoi (6-1, 6-1). Chapeau Mary !