Les rugbymen du LOU et d’autres sportifs de haut niveau peuvent miser sur le savoir-faire de cet orthoptiste de formation spécialiste en neurovisuel.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je suis orthoptiste. J’ai été formé à Clermont-Ferrand. J’ai fait pas mal de recherches en eye tracking, et sur des enfants qui souffrent de cérébro-lésions. Cela m’a permis d’étudier leur comportement visuel et de faire le lien avec les déficits cognitifs qu’ils avaient. Progressivement, j’en suis venu à travailler dans le milieu du rugby à Clermont-Ferrand avec l’ASM. C’est là que j’ai commencé à monter les premiers protocoles pour dépister les problèmes chez les sportifs de haut niveau. Je me suis aussi exporté en Suisse pour travailler sur l’amélioration des performances et le traitement de la commotion cérébrale.
Et donc désormais vous officiez au LOU…
Oui depuis un an et demi. On a un partenariat, tout un développement d’un protocole performance pour que les joueurs soient meilleurs sur le terrain, mais aussi pour qu’il y ait un aspect prévention des blessures, des commotions cérébrales. Dès qu’un joueur subit un choc à la tête, il y a une prise en charge. Je travaille également avec d’autres clubs de Top 14 quand ils ont besoin.
La problématique des commotions cérébrales est devenue un sujet majeur. Comment les prévenir au mieux ?
Divers travaux sont effectués par la Fédération, la Ligue, World Rugby y réfléchit aussi. C’est un travail commun qui est engagé sur l’évolution des règles pour protéger les joueurs, les techniques de plaquages pour qu’ils soient moins exposés. La prévention de la commotion est donc un travail collectif. Elle n’est pas que médicale ou rééducative. Elle est aussi sur tous les aspects préventifs. Beaucoup de médecins sont également impliqués à fond pour faire évoluer les choses.
« Les médecins sont davantage dans la prévention de la commotion cérébrale »
Trouvez-vous que le rugby soit devenu un sport plus dangereux ?
Je ne sais pas s’il l’est, mais les joueurs sont davantage athlétisés. Ils travaillent beaucoup sur le renforcement des muscles cervicaux comme cela se fait en F1. Mais est-ce que la médiatisation a été modifiée aussi car les canaux se sont ouverts dans toutes les directions, la question mérite d’être posée. Une judiciarisation existe aussi avec des affaires qui ressortent.
Il y a aussi des films qui sont édités par rapport à cela avec celui notamment de Will Smith. Après, il est certain que les impacts que l’on voit sont très impressionnants. La détection a évolué aussi. Les équipes sont très engagées face à ce problème. Elles y mettent les moyens. Le LOU aujourd’hui notamment s’engage totalement dans les aspects préventifs de la commotion.
Mais comprenez-vous que de plus en plus de joueurs se retournent contre leurs clubs ?
Je ne trouve pas que la judiciarisation soit une bonne chose quand elle implique les teams médicaux qui essaient justement de tout faire pour s’impliquer au maximum. Après, je peux comprendre aussi les joueurs. Ce sont des moments certainement horribles. Aujourd’hui, les chercheurs du monde entier se penchent là-dessus.