Désormais en Pro D2, Béziers a dominé le rugby français dans les années 70-80. Retour sur le dernier titre de champion de France de l’histoire du club en 1984.
Les supporteurs agenais et biterrois ne se doutaient pas qu’ils allaient assister à un moment d’histoire quand ils ont pénétré dans l’enceinte du Parc des Princes pour assister à cette finale entre deux des meilleures équipes de la saison. Une finale qui deviendra historique car elle se terminera aux tirs au but.
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Pour remporter son onzième titre de champion de France (21-21, 6-5 tab), le dixième en treize ans et conserver son titre acquis un an avant face à Nice, Béziers s’est défait en 8èmes de finale de Pau (22-3 à l’aller et 0-0 au retour) puis de Tarbes en quarts (22-12) et Montferrand en demi (8-4) :
« On ne faisait pas de gros résultats à l’extérieur. La première phase du championnat avait été tendue, mais quand les phases finales arrivaient on était sûrs de nous. C’était notre plus grande force. J’ai vraiment profité de cette finale car l’année précédente j’étais remplaçant. J’avais été expulsé en 8èmes face au Stade Toulousain après m’être battu avec Guy Novès, j’avais été suspendu et j’étais revenu pour la finale. C’était ma première finale et j’ai marqué un essai » se souvient l’ailier Jean-Paul Medina.
Une mêlée puissante qui fait la différence en 1982
Face à des Agenais, champions en 1982, qui privilégient le jeu, les coéquipiers de Medina dominent grâce à leur pack et mènent à la mi-temps (9-3). Grâce à leurs buteurs Delbreil et Vivies, les Agenais parviennent à rester dans le match. En prolongation, les Biterrois pensaient avoir pris un avantage décisif grâce à l’essai de Medina mais, sur deux pénalités, les Agenais reviennent (21-21) :
« On s’est retrouvés à devoir se départager aux tirs au but, le match ne pouvant pas être rejoué car il y avait peu de temps après une tournée en Nouvelle-Zélande. Il y a eu de longues discussions pour arriver à la décision de terminer de cette manière. C’est déjà un peu un saut dans l’inconnu car on ne joue pas tous les jours des matches aux tirs au but, en plus avec la pression de la finale c’était vraiment particulier. »
Une finale qui se décide au bout du suspense
C’est finalement Béziers qui remporte cette bataille psychologique, des buteurs agenais craquent, les Biterrois sont solides et l’emportent 6 tirs au but à 5. Les supporteurs ne pensent alors qu’à faire la fête et accueillir leurs héros avec la manière. Même s’ils gagnent souvent, les Biterrois savent fêter chacun de leurs titres, ils ne sont pas blasés :
« La réussite de Béziers à l’époque venait de notre état d’esprit. Il y avait aussi toujours de la continuité au sein du club, les entraîneurs étaient du cru, ils connaissaient bien le club. Les joueurs aussi, il y avait juste Philippe Vachier qui venait d’Avignon, Jean-Michel Bagnaud de Toulon. Il y avait une transmission entre les jeunes et les pros. Chaque catégorie des équipes du club jouaient de la même façon, quand les joueurs arrivaient en équipe première ils n’étaient pas déboussolés. »
Le retour entre Paris et Béziers sera mémorable, les joueurs reçoivent un accueil royal à leur arrivée, la fête dure des jours, mais ce sera malheureusement la dernière. Béziers ne ramènera plus le Bouclier de Brennus même si en 1991 il n’est pas passé loin :
« En 1991, on était tout près. On avait fait une saison quasiment invaincus puisqu’on avait perdu qu’à Nice, mais on perd en demi-finale face à Bègles. » La suite ne sera qu’une longue descente aux enfers pour un club qui ne pourra pas suivre le train du professionnalisme :
« Aujourd’hui, le club du coin c’est Montpellier. Les clubs des grandes métropoles prennent le dessus. Le tissu économique est bien plus important, pas sûr que la passion soit la même. Bien sûr il y a des places fortes comme Toulon, La Rochelle ou Toulouse où les joueurs sont interpellés dans la rue par les supporteurs, mais cela se perd aussi. A Béziers, les gens vivaient pour le club, on ne pouvait pas sortir dans la rue sans être interpellés. Je travaillais dans une banque, le lundi matin des supporteurs venaient, prétextant qu’ils avaient une opération bancaire à faire et ils m’interpellaient sur le match du week-end. »
Béziers évolue désormais en Pro D2 et Jean-Paul Médina restera certainement, à jamais, le dernier biterrois à avoir marqué un essai dans une finale de championnat de France.