Doubles champions d’Europe, mais toujours en quête d’un premier Brennus, les Maritimes auront les moyens de leurs ambitions pour cette saison Coupe du monde qui pourrait être enfin celle où ils ne se feront pas éliminer par le Stade Toulousain. Leur ambition n’a pas de limites.
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Puisque depuis son premier titre européen, tous les ans, le Stade Rochelais ajoute une pierre supplémentaire à sa légende, il en sera de même en ce début de saison. En raison des travaux qui affectent le stade Marcel Deflandre (cf, le chiffre), le club charentais a connu la première délocalisation de son histoire. Le premier match à domicile face à Lyon, en août, était en effet programmé au stade Raymond Kopa d’Angers.
« C’est une opportunité de nous exporter sur un territoire situé au coeur de notre zone de rayonnement », se félicitait Pierre Venayre, le directeur général sur le site du club, une occasion aussi de tester sa popularité au-delà d’une ville qui a largement démontré sa capacité à soutenir ses Jaune et Noir cette saison encore avec deux finales disputées et un doublé qui a tendu les bras aux joueurs d’O’Gara jusqu’à la dernière minute face au Stade Toulousain (2629).
Après une première finale de Champions Cup et de Top 14 en 2021, un premier titre européen en 2022, un second en 2023, tout en courant toujours après un premier Brennus, La Rochelle confirme depuis deux saisons son inexorable montée en puissance.
Depuis la sortie de la crise sanitaire, ils ont en effet participé à cinq finales sur six, pour deux victoires face au Leinster et trois défaites face au Stade Toulousain, une bête noire qui l’a également éliminé en barrages du championnat en 2022 ! Plus que de faire un blocage sur les Rouge et Noir, même s’il fut très marqué par la dernière défaite en juin dernier au Stade de France, O’Gara ne rêve pas forcément d’ajouter à son arsenal collectif tout ce qui fait la force de Toulouse, à savoir un style de jeu et des prises de risques, sa capacité à déplacer le ballon et le talent de ses individualités.
Convaincu qu’il méritait de gagner la finale, le technicien irlandais va surtout s’attacher à conserver les points forts de son groupe sans tout sacrifier à un Bouclier de Brennus qu’il estime pourtant être « le plus beau de tous » !
La Rochelle frustrée de sa finale de Top 14
Car si la pertinence de ne pas jouer sur les deux tableaux, Champions Cup et Top 14, semblait évidente en 2019 et 2021, quand les Maritimes touchaient leurs limites en finale européenne et en demi-finale et finale nationale, elle ne l’est plus depuis que le club a tiré les leçons de ces deux saisons frustrantes. Les Rochelais ont depuis prouvé qu’ils avaient les moyens de tout gagner. Ils ne tomberont pas tous les ans sur un Ntamack en état de grâce…
Et malgré les faits, ils refusent catégoriquement de faire un complexe Rouge et Noir, O’Gara en tête qui déclarait après la finale : « Ça va être dur car nous allons voir le grand Stade Toulousain qui explique le rugby à tout le monde, que nous ne sommes pas capables de gagner une finale. C’est malheureusement l’histoire que nous devons accepter. »
Avant de nuancer pour se projeter sur l’avenir : « Mais quand on regarde le match, ce n’est pas la vérité ! »
La réalité est que jamais La Rochelle n’avait autant mérité de battre Toulouse, jamais autant semblé maîtriser son affaire au-delà de l’absence de réussite de son buteur. La vérité est que le doublé Champions Cup-Top 14 est un exploit seulement réalisé par Toulon en 2014 et Toulouse en 1996 et 2021.
Et O’Gara prolonge jusqu’en 2027 !
Pour être le troisième élément, le staff n’a pas souhaité bouleverser son effectif au-delà des absences Coupe du monde (Wardi, Bourgarit, Alldritt, Tanga, Boudehent, Hastoy, Danty et Dulin) et des trois jokers qu’elles impliquent à savoir le pilier droit australien Archer Holz pour compenser Atonio et Sclavi, le talonneur australien Billy Pollard pour attendre le retour de Bourgarit, et le centre Akuila Tabualevu.
Avec le troisième ligne Judicaël Concoriet, champion de France en 2017 avec Clermont, le demi de mêlée Teddy Iribaren, le retour de Ihaia West et le renfort de l’ailier international anglais Jack Nowell, la balance arrivées-départs est déficitaire, mais correspond aussi à la volonté d’O’Gara de réduire son groupe tout en intégrant un maximum de joueurs du centre de formation notamment les 4 champions du monde U20, Oscar Jegou, Louis Penverne, Alexandre Kaddouri et Hugo Reus.
En prolongeant jusqu’en 2027, le manager irlandais a renforcé son impact en même temps qu’un staff qui comprend huit entraîneurs, dont Rémi Talès pour les trois-quarts et le néo-retraité Kevin Gourdon, cinq préparateurs physiques et trois analystes. Histoire de continuer à ne rien laisser au hasard, à maîtriser un maximum de paramètres et effacer les terribles deux dernières minutes de la saison passée…
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Teddy Thomas peut-il se relancer ?
Jamais titulaire lors des matches importants de la saison, malgré ses huit essais, l’ailier international n’a pas répondu aux attentes d’un coach qui lui reproche ses absences défensives. Le surdoué capable du meilleur comme du pire n’a pas trouvé sa place dans le XV champion d’Europe et n’était donc pas non plus dans la liste du XV de France pour la Coupe du monde. A 29 ans, le temps presse pour redevenir le joueur qu’il a été. Avant le retour des internationaux ?
Le marché des transferts de La Rochelle
Arrivées : Cancoriet (Clermont), Iribaren (Racing 92), West (Toulon), Nowell (Exeter, Ang.), Pollard (p. Brumbies, Aust.), Holz (joker Coupe du monde, Waratahs, Auts.), Tabualevu ((joker Coupe du monde, Valence Romans)
Départs : Thompson Stringer (joker Coupe du monde, Pau), Aouf (Montauban), Lagrange (Mont-de-Marsan), Sazy (arrêt), Bourdeau (Bayonne), Hatherell (Leicester, Ang.), Le Bail (Vannes), Popelin (Castres), Glynn (Béziers), Olivier (Montauban), Boudehent (Stade Français), Alonso (Vannes), Rabourdi (Périgueux), Sauvètre (Cognac), Aubry (Rouen)
La recrue : Jack Nowell
Pour prendre un peu de temps avec sa famille et bien appréhender son déménagement sur La Rochelle, l’ailier aux 45 sélections avec le XV de la Rose a renoncé à la Coupe du monde. Depuis les Chiefs d’Exeter, son club formateur où il évoluait depuis dix ans, Jack Nowell n’avait pas été appelé par son sélectionneur lors du dernier Tournoi. C’est donc en Top 14 qu’il exprimera sa polyvalence (ailier, centre ou arrière) et sa capacité à faire basculer un match à lui tout seul.
La fiche technique de La Rochelle
- Président : Vincent Merling
- Budget : 25 M€
- La saison passée : 2ème du championnat, finaliste du Top 14, vainqueur de la Champions Cup
- Stade : Marcel Deflandre 27 avenue du Maréchal Juin 17 000 La Rochelle
- Capacité : 16 700
- Accès : peu de parking, réservés aux VIP, accès en bus, ligne 06, 7, D1 (le dimanche) ou N1 (après 22h15), station Yélomobile de Port Neuf.
- Palmarès: Vainqueur de la Champions Cup (2022 et 2023, finaliste en 2021), finaliste du Challenge Européen (2019), finaliste du Top 14 (2021 et 2023)
Tom Boissy