jeudi 28 mars 2024

Waldemar Kita : « Toutes les conditions ne sont pas réunies pour que le FC Nantes soit ambitieux »

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Les résultats sportifs de son club, mais aussi ce que l’on peut appeler « l’affaire Kolo Muani », les projets du nouveau stade et du centre de formation… Dans un entretien exclusif pour le Quotidien du Sport, Waldemar Kita se livre, sans retenue.

Président, quel est votre sentiment par rapport à la saison du FC Nantes ? Vous devez être satisfait…

Quand on fait confiance à certains hommes pour faire le travail, on est confiant. Après, il peut y avoir des aléas, des circonstances plus ou moins favorables…

Nantes revient quand même de loin, après avoir évité la descente de justesse la saison dernière…

Le passé, c’est le passé… Ça va faire un an que l’on travaille avec Antoine, pour offrir le meilleur au club. Les joueurs sont les mêmes, ce n’est pas étonnant de voir que ça paye aujourd’hui.

« Un club doit être géré comme une entreprise, sauf que ce n’est pas possible »

Placer Antoine Kombouaré sur le banc, c’est le meilleur choix que vous ayez fait à la tête du FC Nantes ?

On m’a dit ça quand j’ai pris Conceiçao, puis Ranieri (sourire)… Ce sont les résultats qui parlent.

Nantes est à deux points de la cinquième place, qualificative pour la Ligue Europa. Vous avez déjà mis beaucoup d’argent dans le club et pourtant, les supporters semblent toujours avoir une bonne raison de vous en vouloir…

Mon objectif est toujours de mettre les moyens pour que ça marche. Ces derniers temps, j’ai pris du recul, mais j’essaye d’être là en cas de difficulté.

Mais vous n’avez pas le sentiment de ne pas être reconnu pour ce que vous réussissez ? Comme si c’était une règle de dire du mal de la gestion de Waldemar Kita… Aujourd’hui, le bilan n’est pas si mauvais…

Merci à vous de le reconnaître… Vous savez, un club doit être géré comme une entreprise, sauf que ce n’est pas possible… Dans un club de foot, la « matière première », ce sont des humains, ce ne sont pas des marchandises. J’essaye de faire le mieux possible, mais en football, il y a toujours des impondérables.

« Les gens qui me connaissent savent ce que je fais. Mais parfois, j’ai l’impression de ne pas être suivi »

Après votre projet de nouveau stade, c’est le déplacement du centre de formation qui fait polémique…

Ici, les gens qui me connaissent, savent ce que je fais. Mais parfois, j’ai l’impression de ne pas être suivi, par les politiques notamment. Ce projet de nouveau stade, nous avons travaillé dessus pendant trois ans avec des architectes… Tout ça pour qu’au final, on nous dise non. Après, je vois qu’on va dépenser des millions pour rénover La Beaujoire en vue de la Coupe du monde de rugby et les Jeux Olympiques…

Même si notre projet était un projet privé, on aurait été ravis d’accueillir ces évènements… Pour le centre de formation, on ne trouve pas de terrain, pas de solution, alors on va chercher ailleurs. Et quand on a trouvé, on nous dit : « Mais pourquoi vous partez ? »

Les travaux du centre de formation, c’est pourtant une priorité pour vous…

Ce sont des besoins impératifs pour éviter au centre d’être déclassé. Nous devons évoluer, au nouveau de la structure d’accueil, des terrains…

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Revenons au sportif. Jusqu’où peut aller Nantes ?

Vous savez… On ne peut pas développer un projet sur une saison. Un projet, c’est quatre ou cinq ans. Pour réussir, pour attirer des joueurs, il faut s’en donner les moyens. En terme de stade, de terrains d’entraînement, de structures d’accueil, de staff médical… Il faut optimiser tous ces paramètres pour devenir ambitieux.

Aujourd’hui, vous estimez que ce n’est pas le cas ?

Non, ce n’est pas le cas. Toutes les conditions ne sont pas réunies pour que le FC Nantes soit ambitieux.

En terme d’ambitions, il y avait celle de garder ou de vendre à bon prix Randal Kolo Muani, qui va partir libre en juin prochain. On vous a vu très agacé à ce sujet…

Écoutez, quand on accueille un gamin à l’âge de 15 ans, que l’on fait son éducation, sportive, mais pas seulement, on est en droit d’attendre autre chose. Mais ses parents, sa famille, nous répondent, « on ne vous doit rien…». Ce n’est pas très moral.

Mais pourquoi alors ne pas l’avoir fait prolonger plus tôt ?

Quand nous avons commencé à parler prolongation, il était de retour de son prêt en National, qui ne s’était pas forcément très bien passé (lors de la saison 2019/2020, Kolo Muani a été prêté à Boulogne-sur-Mer, où il a inscrit 3 buts en 14 rencontres). A l’époque, on s’interrogeait sur un nouveau prêt, puis l’entraîneur a décidé de le garder.

« J’ai entre les mains une proposition que Francfort a transmis à Kolo Muani, avant le mois de janvier, sans passer par le club, en totale infraction »

Avez-vous fait ce qu’il fallait ces derniers mois pour le garder ? On dit qu’il touche 25 000 euros actuellement…

Mais s’il a conservé ce salaire, c’est justement parce qu’il n’a jamais voulu prolonger. Avec lui, on pouvait aller jusqu’à 80 000, 100 000 euros… Sans problème.

Vous lui avez dit ?

Le problème, c’est qu’on ne sait même plus à qui s’adresser. Il y a d’abord eu un agent, puis deux agents, puis un avocat, puis la famille… A partir d’un moment, malgré tous mes efforts, le dialogue a été rompu. Son père, avec qui j’ai parlé à de nombreuses reprises, ne me prenait même plus au téléphone…

Aujourd’hui, où en sommes-nous ? Vous affirmez qu’il a signé un précontrat à Francfort…

Je n’ai jamais dit qu’il avait signé un contrat. En revanche, j’ai entre mes mains une proposition que le club allemand lui a transmise, avant le mois de janvier, sans passer par le club, en totale infraction. Ce document est chez les juristes du club et à la FIFA.

D’ailleurs, ce qui est surprenant, c’est que dernièrement, le club nous a prévenus qu’il rentrait en contact avec le joueur.

Que répondez-vous à ceux qui expliquent que votre réaction est due à la frustration de le voir partir libre ?

C’est moi qui prends, et c’est normal, parce que je suis le président du club. Mais il n’y a pas que moi. Derrière, il y a tout un club, qui est structuré pour gérer ce type de chose. On ne comprendrait pas que je n’agisse pas ainsi. Je ne le fais pas pour moi, mais pour le bien du club.

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