Alain Bernard, double champion olympique à Pékin sur 100 mètres nage libre en 2008 et à Londres en 2012 sur 4×100 mètres nage libre, le natif d’Aubagne a propulsé la natation française dans une autre sphère.
Ce n’est pas lors de Mondiaux en petit et grand bassin qu’Alain Bernard a écrit les plus belles pages de son histoire, mais bien lors des Jeux Olympiques, en particulier sur les Jeux de Pékin en 2008 et de Londres en 2012.
« Au-delà des médailles d’or, il y a aussi des médailles d’argent (sur 4×100 m nage libre à Pékin, Ndlr) et de bronze (sur 50 m nage libre à Pékin, Ndlr). Cela demeure des performances non négligeables. Cela symbolise aussi beaucoup une aventure, du travail, beaucoup de doutes, beaucoup d’appréhensions et parfois des certitudes. »
« C’est un mélange d’émotions et d’objectifs fixés. Et surtout c’est la traduction de la persévérance et de la passion. Au moment de la Marseillaise, il y a évidemment énormément de fierté. Cependant, derrière, il y a une famille, des entraîneurs, des clubs nous ayant permis d’atteindre ce rêve ».
Alain Bernard n’oublie personne dans ses succès quand il est paré d’or en 2008 et 2012. Le résultat est identique, mais le contexte est diamétralement opposé : « C’est complètement différent. En 2008, c’est la revanche de cet échec de qualification à Athènes quatre ans plus tôt pour 17 centièmes. J’arrive à transformer cela pour 11 centièmes en finissant premier. »
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« En 2008, il y a comme une forme de destin »
« Il y a comme une forme de destin. 2012, c’est davantage une passation avec justement cette épreuve du relais. Sur le 4×100, je ne nage pas en finale. J’ai toutefois contribué à la qualification en séries. Mais la nouvelle génération arrive. Je suis sur la fin de carrière. Je l’accepte très bien. Je rentre de Londres vraiment apaisé ».
En 2008, convaincu par son entraîneur qu’il est plus rapide que son plus grand adversaire Eamon Sullivan dans les 25 derniers mètres, cela a un impact sur le moral du champion français. Alain Bernard finit d’ailleurs par arracher la décision en 47s21 !
« Sur un 100 mètres nage libre, on part à fond. Au bout de 25, 30 secondes, les muscles se tétanisent. On est à bout de souffle et le cerveau commande de stopper. On doit alors lutter contre cette douleur en restant lucide. Les mots de Denis (Auguin, Ndlr), quelques minutes avant la finale, ont eu un impact. J’y ai cru. Je me suis dit :
« Je suis au coude à coude avec lui. Je sais que c’est possible ». J’ai vraiment voulu y croire jusqu’au bout. J’apprendrai quelques années plus tard que ce n’était pas vrai. S’il m’avait dit : « Alain, si tu es à la lutte avec lui dans les 25 derniers mètres, cela va être compliqué d’aller toucher devant », je n’y aurais jamais cru autant ».
Alain Bernard, le 14 août 2008 dans l’histoire
Ce 14 août 2008, à Pékin, pour 11 petits centièmes de moins que l’Australien, c’est surtout une victoire contre soi et les éléments : « J’étais presque prêt à ne pas gagner. Cela m’a permis de désacraliser cette épreuve. Je suis arrivé sur ces Jeux, j’avais bien travaillé. J’étais confiant.
J’étais en bonne santé. Je savais que j’étais en pleine capacité de m’exprimer. Au fond de moi, j’avais évidemment envie de gagner. Mais ce qu’on ne maîtrise pas, c’est le niveau de performance de nos adversaires. A mes yeux, Sullivan restait le nageur le plus rapide. Il nageait 47s04 la veille. Mon meilleur temps était de 47s20. Mais ce n’est pas lui qui a gagné la finale ! ».
Ses sacres olympiques ont bouleversé l’existence d’Alain Bernard et sa manière de voir les choses ensuite : « Il y a comme une forme de responsabilité et il faut en être digne. Il faut aussi faire attention sur des prises de positions car on est écouté. Ce qui a le plus changé, c’est le respect des gens, leur regard, la considération. Plus de quinze ans après, c’est toujours touchant d’entendre quelqu’un qui vous dit :
« C’est génial ce que vous avez fait, vous m’avez fait rêver ! ». Qui aurait cru qu’un an avant les gens se lèveraient à cinq heures du matin en France pour regarder de la natation à la télévision ? Cela me touche ». Une dernière touche qui vaut de l’or !
56
Sacré en 2008 à Pékin sur 100 mètres nage libre, Alain Bernard devient le premier français titré sur la distance 56 ans après Jean Boiteux premier et dernier nageur français champion olympique sur 400 mètres nage libre lors des Jeux d’Helsinki en 1952.