L’arbitre international Alexandre Ruiz explique Les raisons qui l’ont poussé à accepter la proposition de devenir entraîneur adjoint au sein du club héraultais.
Comment avez-vous été amené à rejoindre le MHR ?
Cela fait 19 ans que j’arbitre et 15 que j’entraîne en même temps. Je n’ai jamais caché cette volonté d’entraîner. J’ai fait mes armes avec des jeunes, des cadets, des juniors, des Reichel B, des équipes réserves jusqu’en Fédérale, des équipes premières en Fédérale 3 et Fédérale 1.
Quand il y a eu la volonté de Philippe (SaintAndré), Olivier (Azam) et Jean-Baptiste (Elissalde) de me proposer un poste, j’y ai beaucoup réfléchi. Quand le train passe une fois, il ne repasse pas forcément ensuite. J’ai saisi cette opportunité.
L’arbitrage de haut niveau, c’est donc bel et bien terminé ?
Non. Je n’ai pas annoncé ma retraite officiellement. Je n’ai que 34 ans. J’ai encore la possibilité d’arbitrer. Accepter deux ans de contrat du MHR est un choix de carrière. Je crois en l’avenir. Il dictera les choses.
Est-ce possible de cumuler vos fonctions à Montpellier et d’arbitrer ?
C’est impossible. Suite au choix d’accepter la proposition de contrat de Montpellier, j’ai prévenu la Fédération que je refusais la leur. Par la même occasion, cela m’empêche d’arbitrer en Top 14.
Comment appréhendez-vous cette nouvelle expérience ?
Depuis que j’ai repris avec le staff, cela m’a laissé très peu de vacances. Même pas une semaine pour souffler. On a bien commencé, on a bien travaillé. Mon premier but a été de découvrir le groupe et le fonctionnement. Il a fallu apprendre à se connaître avec les joueurs. De leurs côtés, ils m’ont vu sous une autre facette et non comme l’arbitre qu’ils ont côtoyé à haut niveau.
Cela a été une première appréhension. Elle est passée et demeure derrière moi. Le but maintenant est de m’épanouir dans ce rôle au quotidien. Pas mal de gens risquent de faire l’amalgame entre l’ancien arbitre et le nouvel entraîneur. A moi d’être performant et de faire le dos rond quand ce sera un peu compliqué.
Alexandre Ruiz motivé par son rôle ou MHR
Comment ont réagi les joueurs à votre contact ?
Je pensais que cela allait être dur, mais cela a été très simple. Les joueurs ont de suite donné du crédit à ce que je proposais. Ils m’ont fait confiance. Ils ont appris à me connaître en tant qu’homme comme je l’ai fait avec eux. Les joueurs ne me connaissaient qu’au travers de la fonction que j’occupais, et moi la leur. Cela a été un premier beau challenge de relevé les deux premiers mois.
Quel est votre rôle concrètement ?
Je suis entraîneur de toutes les défenses de collision, tous les duels qui engendrent le contact. Avant le contact, il y a toutes les défenses de ruck et la discipline.
Si on vous a fait venir, c’est aussi qu’on pensait qu’à Montpellier on commettait trop de fautes, non ?
Non car j’ai clairement un rôle d’entraîneur et pas d’arbitre sinon je serais resté à la Fédération Française. J’aurais alors occupé le rôle d’arbitre professionnel. Bien entendu que, sans prétention aucune, j’en ai la compétence car j’ai arbitré à haut niveau pendant dix ans. Par contre, je n’ai pas un rôle d’arbitre à tenir au MHR. Je suis entraîneur avec une compétence arbitrale sur laquelle je m’appuie.
« Je n’ai pas pris officiellement ma retraite d’arbitre »
D’une manière générale, avec l’évolution du rugby les joueurs commettent-ils davantage d’infractions à la règle qu’avant ?
Non je ne pense pas. Mais quand ils commettent des fautes il y a déjà un manque de connaissance de la règle qui les pousse à en faire. Il y a aussi le paramètre de la vitesse du jeu qui augmente. Et même si on connaît la règle il y a le scénario du Top 14 très dur.
Avec la pression, les joueurs parfois manquent de maîtrise. Je ne prétends pas arriver au MHR avec cette casquette de sauveur. Comme je l’ai dit à Monsieur Altrad, je ne vais pas sauver l’équipe et les faire changer complètement.
Après, si on joue bien au rugby et qu’on connaît bien la règle, automatiquement les choses vont dans le bon sens. Tout doit être imbriqué positivement. Et ce n’est pas parce qu’on connaît bien la règle, qu’on ne veut pas commettre de faute, qu’on n’en fera pas non plus !
C’est le message fort que vous passez aux joueurs.
Oui. Je leur dis qu’être en confiance, maîtriser la règle, la connaître, c’est important. Mais en jouant bien au rugby c’est encore mieux cela permet de gagner des matches.
Trouviez-vous Montpellier une équipe difficile à arbitrer ?
Je l’ai peu arbitrée, mais cela n’a pas été une équipe plus compliquée que les autres. Quand il y a une spirale négative, il est évident que les joueurs commettent plus de fautes. C’est le lot de toutes les équipes en difficulté. Ce n’est pas spécifique à Montpellier.
Ancien international dans l’arbitrage, Alexandre Ruiz a récupéré la casquette d’entraineur. Son entretien dans Rugby magazine, en vente ici, ou chez votre marchand de journaux