Alors que son cousin Melvin a été drafté (en 51ème position par New-York puis envoyé à Dallas avant de signer à l’ASVEL), Alexis Ajinça (296 matches NBA au compteur) a été nommé assistant-coach aux Washington Wizards. Entretien pour France Basket et Le Quotidien Du Sport.
Vous avez été nommé entraîneur adjoint aux Washington Wizards, qu’est-ce que ça représente pour vous ?
Beaucoup de travail, beaucoup de longues journées, de réveils super tôt même durant l’été pour réussir à accrocher ce poste. J’ai été promu par rapport au travail que j’ai fourni durant la saison. Et surtout, durant l’été, tout ce qui était le travail individuel avec les joueurs, les sessions individuelles pour tout ce qui est draft. Je me suis occupé des work-out avec les autres coachs. Ils ont apprécié mon travail.
Vous vous imaginiez plutôt agent de joueurs et vous vous retrouvez entraîneur !
C’était une des possibilités. Soit agent, soit coach, soit commentateur télé. A la base, c’était commentateur télé. J’ai eu du mal à avoir des opportunités alors que je pensais que j’aurais pu être très bon. L’opportunité du coaching s’est présentée. J’ai sauté dessus. J’ai passé des entretiens, pour me présenter pour être assistant coach en G-League, le niveau mineur de la NBA. Ça s’est bien passé.
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« Aux États-Unis, pas besoin de diplôme pour entraîner »
Avez-vous des diplômes ?
Non, aux Etats-Unis, on n’a pas besoin de diplôme. C’est surtout beaucoup d’apprentissage, de connaissances et du travail. On est tout le temps en train d’apprendre, d’innover, à découvrir de nouveaux systèmes. On s’instruit tout le temps.
Vous avez été nommé entraîneur adjoint en G-League en octobre 2023. Les choses sont allées très vite…
C’est assez rare de passer de la G-League à la NBA d’un coup. J’ai dû faire bonne impression…
Comment expliquez-vous qu’il y ait peu de Français dans les staffs NBA ?
Je ne sais pas trop. Je ne sais pas si ce sont les Américains qui pensent que les coachs français ne sont pas… Peut-être que les Français n’ont pas envie de faire le saut et se disent que ce n’est pas possible.
Etre coach en NBA, c’est encore la chasse gardée des Américains…
Je ne pense pas. On voit énormément de joueurs étrangers qui viennent aux Etats-Unis. Au contraire, ils seraient sûrement ouverts. Qui ne tente rien n’a rien. Il faut juste se lancer.
Le fait que vous ayez joué pas mal d’années en NBA (296 matches, Ndlr), ça aide aussi.
Sûrement. J’ai fait la G-League, la NBA. J’ai joué en Euroligue. Ça aide les joueurs à s’identifier à moi et à apprendre.
Aviez-vous des possibilités de coacher en France ?
Je n’ai pas eu d’opportunités en France. Je n’ai pas non plus postulé.
Vous êtes cinq assistants aux Wizards. En tant qu’entraîneur adjoint a-t-on un rôle important ?
Même s’il y a beaucoup d’assistants coachs, il y a beaucoup de tâches qui nous sont données. Il peut y avoir deux assistants coachs qui s’occupent de l’attaque, deux de la défense. Il y a des coachs qui s’occupent des Spécial Team, les situations difficiles comme les fins de quart-temps : il reste 20 secondes, qu’est-ce qu’il faut faire. Des assistants sont délégués pour régler ces situations-là. Il y a beaucoup d’aspects du jeu où on peut avoir plusieurs assistants coachs qui aident énormément.
Connaissiez-vous le coach Brian Keefe avant ?
Je le connais de la saison dernière. Il était assistant coach avant. Quand le coach a été viré, ils l’ont mis en tant que coach intérim. Il a fini la saison et a été confirmé.
Vous avez joué dans pas mal d’équipes NBA, mais jamais à Washington !
Je découvre. Washington est une ville super.
Quels espoirs peuvent nourrir les Wizards après une saison très compliquée (14ème, 15 victoires pour 67 défaites, Ndlr) ?
On a une ambition de reconstruire cette franchise, de la remettre du bon côté de la Ligue. On va passer par des années où ce sera un peu plus difficile. Mais on est en train de construire vraiment ce que les dirigeants ont pour objectif, de remettre cette franchise sur pied pour qu’elle devienne une équipe intéressante dans le futur. On ne va peut-être pas gagner beaucoup de matches pendant deux-trois ans, mais on est en train de construire quelque chose.
« Si TJ Parker y arrive avant moi, ce n’est pas grave »
Le Français Alexandre Sarr, n°2 de la draft, peut-il métamorphoser l’équipe ?
Métamorphoser cette équipe de A à Z d’un coup, ce sera difficile. Ce serait lui mettre énormément de pression. C’est intéressant pour lui de prendre son temps, d’apprendre le maximum pour qu’il fasse partie des piliers de cette équipe et qu’il aide à reconstruire le futur.
Deux Français Coulibaly et Sarr évoluent dans cette équipe de Washington. Cela a-t-il joué dans le fait qu’ils vous aient pris comme assistant ?
C’est possible. C’est vrai qu’on a deux Français et même un Suisse qui a été drafté ; Kyshawn George. Je vais pouvoir les aider sur tous les aspects du jeu, que ce soit sur le terrain ou en dehors. Je vais être comme un grand frère.
Vous êtes nommé assistant coach alors que votre cousin Melvin a été drafté…
C’est super ! Il me semble que nous sommes les premiers Français de la même famille à avoir été draftés.
Il a été drafté par les Knicks avant d’être envoyé à Dallas (depuis l’entretien, il a signé à l’ASVEL faute de contrat NBA, Ndlr). N’avez-vous pas essayé de le faire venir à Washington ?
Je n’ai pas essayé même s’il a fait des tests chez nous avant la draft et ça s’est super bien passé. Ils ont décidé d’aller sur une autre voie. Mais je suis content pour lui. C’est un joueur à qui on n’a jamais rien donné. Il est sorti de l’INSEP, on ne lui a pas donné de contrat en Betclic Elite. Il est redescendu en Pro B et il a montré ce dont il était capable finissant meilleur jeune de Pro B la première saison et montant en 1ère Division. Cette année, il a fait une très bonne saison. Je suis fier de lui et il va montrer ce dont il est capable au plus haut niveau.
Alexis Ajinça fier de représenter le basket français en NBA
Votre rêve est de devenir le premier français coach en NBA. Il n’y en a jamais eu. Vous placez la barre très haut !
Comme dirait Tony Parker, si vos ambitions ne font pas rire les gens, ça veut dire que vous ne visez pas assez haut ! Ça me pousse encore plus à dire ce que je veux faire. J’ai beaucoup d’ambition. La barre est haute, mais elle est accessible.
Y a-t-il un effet Wemby pour les coachs français avec un joueur drafté n°1 puis un deuxième avec Zaccharie Risacher ?
Peut-être. Avant même qu’on ait deux joueurs draftés n°1, on était quand même beaucoup de Français en NBA. A un moment, on était même 12. On faisait partie des pays les plus représentés. Il y avait des opportunités Ça montre en tout cas qu’on a de très bons centres de formation en France, qu’on a de bons coachs. A chaque fois que je croise des personnes aux Etats-Unis elles me disent qu’on est en train de s’approprier cette NBA ! (sic)
Vous avez croisé TJ Parker en Summer League qui ambitionne lui aussi d’entraîner en NBA…
Il n’y a pas de match. C’est un ami donc s’il y arrive avant moi ce n’est pas très grave. J’ai mon ambition. Il a la sienne.
Une Française Maria Guramare a décroché le titre avec Boston. Tout est donc possible !
C’est super pour elle. Je suis très fier de ce qu’elle a réussi. Elle s’occupe des datas, c’est un autre aspect de la NBA, ce n’est pas vraiment le coaching même si les chiffres c’est super important pour les coachs.
Ajinça prend le temps avant de devenir n°1 en NBA
A titre personnel, combien d’années vous donnez-vous pour être numéro un ?
Je ne me mets pas de pression. Ça ne sert à rien. Le plus important, c’est que je continue à apprendre tous les jours et que je continue à repousser mes limites pour réussir à gravir les échelons le plus rapidement possible.
Un coach vous sert-il d’inspiration ?
Non, pas vraiment. La seule personne qui m’a vraiment poussé à continuer à vouloir apprendre, à m’instruire beaucoup plus, à être prêt pour toute situation, c’est mon coach de G-League, Cody Töpper. Cette année a été vraiment bénéfique pour moi.
Si Paris vous avait proposé le poste de Iisalo qui a rejoint Memphis comme assistant, auriez-vous hésité ?
Je n’aurais pas accepté. Mon rêve, ça a toujours été les Etats-Unis, la NBA. Tout ce qui est Eurolique ou France, ça arrivera après. Pour le moment, mon objectif, c’est vraiment d’arriver le plus haut possible ici aux Etats-Unis. Et puis, si je voulais coacher en France, il faudrait que je passe tous les diplômes.