Sur les traces de Mam Jaiteh, l’ancien pivot de Nanterre Alpha Kaba (26 ans) réussit une saison de feu à Gaziantep en Turquie. De quoi croire de nouveau possible son rêve NBA, lui qui a été drafté en 2017 par Atlanta. Entretien exclusif pour Le Quotidien du Sport et France Basket.
Vous réalisez une saison de feu. Vous surprenez même beaucoup de monde. Est-ce que ça vous surprend ?
Je ne me surprends pas parce que je connais mes capacités, ce dont je suis capable, je n’ai jamais douté. C’est surtout un gain de confiance en moi cette saison.
De là à afficher de telles stats (14,8 points et 10,6 rebonds)…
Je l’espérais. Partout où j’ai joué, je me suis toujours donné à fond. Après, il y a des choses qui ne sont pas de mon ressort. Là, dès que j’ai discuté avec le coach, je me suis senti en confiance.
Vous devez être une star en Turquie !
Depuis le début de saison, avec mes performances, médiatiquement on parle beaucoup de moi, on me reconnait dans la rue. Cela fait toujours plaisir d’être reconnu pour son travail.
Vous ont-ils déjà trouvé un surnom ?
Il y en a un qui tourne sur les réseaux, « Air Kaba », mais rien d’officiel (sourire).
Alpha Kapa s’éclate en Turquie
Vous avez réussi contre Efes (victoire 8393) 20 points et 12 rebonds. Sentez-vous que les regards changent sur vous ?
Oui, clairement. Gagner contre le champion en titre, qui joue l’Euroligue qu’il a remportée la saison passée, ça marque les esprits, encore plus en réalisant une grosse performance personnelle. Ça me motive encore plus pour montrer ce dont je suis capable en continuant sur ma lancée.
Est-ce vous qui avez franchi un palier en jouant à l’étranger ou est-ce la France qui n’a pas su voir votre talent ?
Quel que soit le pays, mon implication est la même. J’ai toujours l’ambition de jouer en NBA, ce qui m’oblige à être un bosseur. Les coachs le savent, je me donne toujours à fond.
C’est vrai qu’en France, on ne m’a jamais pris pour un joueur majeur du fait aussi des joueurs étrangers avec qui j’ai joué. C’est plus difficile de faire sa place. Mon objectif et mon ambition restent les mêmes. Il faut aussi avoir la confiance du coach, ce qui est plus facile ensuite et en France ils ont tendance à faire confiance aux joueurs étrangers, ce qui est aussi normal car il y a beaucoup d’attentes autour d’eux. Je connais ça cette saison en Turquie où il y a beaucoup d’attentes envers moi en tant qu’étranger.
Peut-on parler de revanche ?
Je ne sais pas si c’est le bon terme. C’est simplement un objectif de montrer aux gens qui n’ont pas su tirer profit de moi que je suis capable de certaines choses. Ce n’est finalement pas une revanche, car j’ai surtout beaucoup de choses à me prouver à moi-même plus qu’aux autres.
« Jouer en NBA est toujours mon objectif »
Votre trajectoire ressemble à celle de Mam Jaiteh qui a su profiter de son passage à Gaziantep la saison dernière pour revenir sur le devant de la scène.
(Sourire) C’est un club qui sourit aux « big men » comme Tonye Jekiri ou Mam Jaiteh avec qui on a à peu près le même profil. Ce n’est pas un hasard.
Après Mega Leks, vous espériez signer en NBA, ça ne s’est pas fait. Etes-vous en train de rattraper le temps perdu après notamment pas mal de blessures ?
Depuis mon passage à l’ASVEL où j’ai été marqué par les blessures, mon objectif était déjà de ne plus me blesser et de faire des saisons complètes. Suite à mon départ du club, j’ai été encore plus sérieux et rigoureux dans mes routines, dans mes approches des entraînements. J’ai fait encore plus de sacrifices pour ne plus me blesser et pouvoir faire des saisons complètes.
Les clubs français doutaient-ils de votre physique ?
C’est possible et je le comprends. Quand un joueur se blesse souvent, on se pose des questions. C’était à moi de montrer que ces blessures pouvaient arriver à n’importe quel joueur. A Boulazac, si l’on excepte la Covid, j’ai fait une saison complète. Pareil à Nanterre et Gaziantep. Je croise les doigts pour rester en bonne santé et laisser derrière moi cette image de joueur qui se blesse.
Avec Boulazac et Nanterre, vous étiez loin de la NBA. Le rêve est-il revenu ?
Le rêve, il n’est jamais parti, il a toujours été là. Ça a été mon objectif quand j’ai commencé le basket et ça l’est toujours. C’est un objectif inachevé et je compte bien y arriver, quel que soit le temps que ça prendra.
Avez-vous toujours des contacts avec les Hawks qui vous ont drafté en 2017 ?
Depuis qu’ils ont perdu mes droits, je n’ai pas de nouvelles. Je peux signer n’importe où. Mais je me concentre sur ma saison et, si je dois avoir une récompense au bout, je l’aurais.
« Je peux signer n’importe où mais je me concentre sur ma saison »
Avec une telle saison, le téléphone de votre agent doit sonner…
Il a des retours positifs, mais il n’y a rien de concret et comme je l’ai dit, je me concentre sur ma saison.
Vous avez signé une seule saison à Gaziantep. L’idée est-elle d’aller à tout prix la saison prochaine en NBA ?
L’idée a toujours été d’aller en NBA le plus rapidement possible. Si j’avais pu le faire après Mega Leks, je l’aurais fait. Après, si une offre d’un club jouant l’Euroligue se présente, j’y penserais sérieusement. Je choisirai la meilleure option.
En étant si performant, n’est-ce pas finalement l’année ou jamais ?
On peut toujours faire plus individuellement et collectivement pour réussir une saison marquante dans l’histoire de Gaziantep. Si on peut être champion, ce qui serait une première pour le club, on ne s’en privera pas ! Si on allait au bout, ça ne me surprendrait même pas. En plus, ça me mettrait encore plus en valeur.
Si vous aviez le choix, quelle franchise aimeriez-vous rejoindre ?
Qu’Atlanta revienne vers moi, ça me ferait plaisir car c’est l’équipe qui m’a drafté, c’est mon équipe de cœur. La boucle serait bouclée.
Atlanta vous avait drafté, mais en 60ème et dernière position…
Ma joie était pourtant plus intense que certains qui avaient été draftés plus haut. Etre le dernier appelé, c’est encore plus fort ! Certes, je ne suis toujours pas en NBA et d’autres Français appelés ensuite y sont eux, mais c’est un challenge et ça me donne encore plus envie de décrocher ma place.
Vous avez opté en 2017 pour la sélection guinéenne plutôt que pour l’équipe de France. Ne regrettez-vous pas votre choix ?
Je n’ai pas plus choisi la Guinée que la France. Tout est parti d’un malentendu alors que j’étais indécis. Il y a eu une incompréhension de l’équipe de France qui pensait que je refusais l’offre et qui a décidé de me mettre de côté, ce qui a simplifié mon choix.