Capitaine d’un Elan Chalon de retour dans l’élite après deux ans en Pro B, Antoine Eïto, qui a prolongé jusqu’en 2026, a toujours la gnaque à 35 ans. Entretien réalisé pour France Basket et Le Quotidien du Sport.
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La finale de Pro B opposait deux clubs qui étaient récemment descendus et qui avaient donc envie de remonter. Cela s’est-il ressenti sur le parquet ?
Très clairement. Les deux équipes avaient des joueurs de talent et des structures de jeu faites pour remonter. Les salles aussi. A Reims, elle était toute neuve et, chez nous, il y avait notre public. Donc bien sûr, ça s’est ressenti sur la qualité des playoffs et l’intensité des matches. Qu’importe le vainqueur, ça restait exceptionnel : eux auraient pu faire l’ascenseur et nous on remonte dès la deuxième année. On sait à quel point c’est compliqué. Nancy est resté cinq ans en Pro B.
Après le match 1 perdu à domicile (70-77), certains vous voyaient perdre. Comment avez-vous fait pour vous remobiliser ?
La motivation était toute trouvée. On ne pouvait pas s’arrêter là avec la saison que l’on venait de faire. Et puis c’est motivant de se dire qu’ils nous avaient battus à domicile, alors à nous de le faire en allant chez eux. Moins on croit en toi, plus ça te motive. Moi je fonctionne comme ça, j’ai essayé de le transmettre au groupe. On n’avait perdu que trois matches à domicile cette année. On aurait vraiment eu les boules de ne pas monter.
« Certains joueurs de Pro B ne sont pas prêts pour l’élite »
Que retenez-vous de cette finale ? La victoire à l’issue du match 3, ou avoir été entendu au sujet de l’arbitrage après les polémiques du match 1 ?
Les polémiques sur l’arbitrage, je m’en fous. Tant mieux que ma parole ait été entendue, mais ce n’est pas nouveau. Je remercie Eddie Viator (responsable de l’arbitrage en France, Ndlr) car on a eu de bons arbitres. Ce que je retiens le plus, c’est notre public, l’ambiance, les fans, et le bruit qu’il y avait sur ce troisième match. Même si le plus dur a été d’aller gagner à Reims (63-72, Ndlr), pour moi, le troisième match est un souvenir à vie, c’est extraordinaire (victoire 83-68, Ndlr).
La Pro B n’est-elle pas assez considérée par la Ligue ?
Certains joueurs de Pro B ne sont pas prêts pour l’élite et c’est pareil pour les arbitres. Il faut que tous les acteurs fassent en sorte que l’arbitrage progresse, avec une communication saine et correcte entre les arbitres, les joueurs et les entraîneurs. C’est normal qu’en Pro B, les arbitres soient moins expérimentés. Ce que je demandais juste, c’est que les enjeux sont tellement importants pendant les playoffs avec la montée, qu’il faut absolument faire en sorte qu’il y ait les meilleurs éléments.
« Je ne veux pas attendre 2028 pour être champion »
Il y a six ans, Chalon était champion de France. Est-ce une renaissance pour le club ?
Ce n’est que ma deuxième année donc je ne suis peut-être pas la bonne personne à qui poser la question, mais sur les deux ans que j’ai passés, on peut sentir une satisfaction incroyable. Il faut savoir que c’est traumatisant de descendre. Il y a eu une restructuration, une prise de conscience et une remise en question. Ça a été le feu du début à la fin car tout le monde a avancé dans le même sens.
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Avant 2017, Chalon avait été champion de France en 2012. Cela fait donc quasiment un titre toutes les cinq saisons. Faudra-t-il attendre 2028 pour voir Chalon-sur-Saône remporter le prochain ?
Je n’espère pas ! Maintenant, tant qu’il y a des équipes comme l’ASVEL, les Mets 92, Monaco et même Paris qui arrive, ça va être très compliqué. Ce sera une année de transition parce que tu remontes et tu redécouvres l’élite. Il faut y aller étape par étape.
Antoine Eïto veut un championnat à 18 clubs
Le passage de l’élite à 16 clubs sera-t-il une pression supplémentaire ?
Forcément. Mais ça l’est pour tous les clubs. Personnellement, je préfère un championnat à 18.
2024 sera olympique. Vous êtes fréquemment appelé en équipe de France 3×3. Espérez-vous toujours y participer malgré la création de l’équipe 3×3 Paris qui s’y prépare spécifiquement ?
L’équipe de Paris et l’équipe de France n’ont rien à voir. Karim Souchu, le sélectionneur de l’équipe de France et coach de 3×3 Paris, l’a bien dit. Donc bien entendu, je vais tout faire pour être présent.
Vous avez été formé à l’ASVEL où est passé Victor Wembanyama. Quel est votre avis sur lui ?
Victor est un ovni. Surtout en dehors. Il a la tête sur les épaules, il reste simple et il est très terre à terre. On ne se rend pas compte de tout ce qui se passe autour de lui. Si pas mal de jeunes pouvaient prendre exemple sur lui, sur ce point de vue-là et sa manière de communiquer, ce serait bien.
Propos recueillis par Killian Tanguy