Pour sa troisième saison depuis son retour en F1, Aston Martin poursuit son développement. Les dirigeants mettent les moyens humains, structurels et financiers pour concurrencer les meilleurs. La troisième place de Fernando Alonso lors du premier grand prix de la saison est un bel encouragement.
Depuis sa prise de contrôle en 2020, Lawrence Stroll ne rêve que d’une chose : conduire son équipe vers le haut de la grille et des classements. Septième du championnat des constructeurs en 2021 et 2022, Aston Martin a fait un retour discret en F1 sur le plan comptable, mais le travail de restructuration est colossal.
Les patrons se donnent les moyens de leurs ambitions avec une nouvelle usine, le recrutement de pontes de la course automobile qui ont travaillé chez Red Bull ou Mercedes comme Dan Fallows au poste de directeur technique ou Eric Blandin son adjoint. Lors de la présentation de l’équipe, Fernando Alonso s’est montré impressionné par le professionnalisme, la mentalité des équipes et les moyens humains et financiers mis en place :
« Ils n’ont, peut-être, pas eu l’expérience de se battre régulièrement pour des victoires, des championnats ou des podiums chaque week-end mais, chez Aston Martin, ils ont confiance en leurs équipes, ils savent qu’ils peuvent y arriver. C’est très différent des équipes que j’ai connues qui se reposaient parfois un peu trop sur leurs succès. Qu’ils soient 4èmes, 5èmes ou 7èmes, ils étaient contents. Ici, on ne fête rien tant que l’on n’apasgagné. Ils se structurent bien avec des personnes de qualité aux postes importants. »
« Dans la deuxième partie de saison nous pourrons, peut-être, viser une victoire »
Pour préparer cette nouvelle saison, les équipes ont particulièrement travaillé sur le début de saison pour ne pas renouveler les hésitations de 2022. Aston Martin a, en effet, raté son début de championnat, mais elle a montré qu’elle avait le potentiel pour rebondir grâce au développement de l’équipe technique et les nombreuses améliorations apportées sur la voiture tout au long du championnat.
Pour la version 2023 de la voiture, Aston Martin s’est inspirée d’Alpine, de Red Bull et de Ferrari, elle devrait donc être fiable rapidement. Toujours lors de la présentation, Dan Fallows est revenu sur les principaux changements :
« La voiture a énormément évolué et parmi les nouveautés on a de nouveaux pontons. Sous la carrosserie, il y a des améliorations techniques substantielles sur de nombreux composants mécaniques ainsi que sur l’aérodynamique. »
S’il n’a pas connu les problèmes de la saison dernière, en bon pilote expérimenté Fernando Alonso se méfie, cependant, de l’entame du championnat comme il l’a précisé toujours lors de la présentation de l’équipe :
« Le début de championnat est important bien sûr. Au début, je m’attends à des courses difficiles, mais quand la voiture sera complètement opérationnelle, peut-être dans la deuxième partie de saison nous pourrons viser une victoire. Je ne peux pas assurer que nous allons nous battre pour la victoire, mais c’est une réelle possibilité vu le travail sérieux qui est fait chaque jour. »
Pour accompagner l’inamovible Lance Stroll, Aston Martin a choisi de remplacer un quadruple champion du monde, Sebastian Vettel, par un double champion du monde, Fernando Alonso. L’expérience sera là, les résultats doivent suivre vus les investissements consentis.
Le titre de champion du monde en 2025 ?
Aston Martin est, actuellement, la 7ème équipe du plateau. Il lui reste trois ans pour réaliser l’objectif fixé par son patron Lawrence Stroll : décrocher un titre mondial d’ici 2025. Ces dernières années, Red Bull, Ferrari et Mercedes sont les meilleures équipes, mais leurs concurrents ont aussi de grandes ambitions et ne désespèrent pas de réduire l’écart.
Le milliardaire canadien Lawrence Stroll fait partie des plus ambitieux. Lorsqu’il a repris Aston Martin en 2020, il s’est donné cinq ans pour viser le titre mondial. Deux ans plus tard, son équipe est 7ème au classement des constructeurs et la saison qui arrive sera décisive selon son directeur Mike Krack interrogé par motorsport.com :
« Par rapport à la manière dont on a débuté l’année 2022, on était en retard sur le projet initial. Mais on a bien rattrapé ce retard. Je crois que lors de la troisième année, il faut constater une amélioration, une progression claire en matière de performances et dans ce cas on sera dans les temps. On voit clairement l’impact de gens comme Dan Fallows et d’autres qui nous ont rejoints. On sent qu’on est sur une bonne dynamique ».
Arrivé cette saison, Fernando Alonso a reconnu, lui aussi, lors de la présentation de l’équipe qu’elle pouvait viser le titre, mais a encore besoin de progresser :
« La saison dernière, seules trois équipes ont terminé dans le même tour que le leader, Red Bull, Ferrari et Mercedes. Tous les autres avaient un tour de retard, y compris Alpine, 4ème et McLaren. Nous savons que ce genre d’écart en F1 est très difficile à combler en deux ou trois mois. Mais voyons si nous pouvons faire une bonne saison, avoir une bonne fiabilité et faire en sorte que l’équipe grandisse au cours de la saison. Pour le titre, je crois qu’il y a une possibilité, mais pas cette année. »
Lawrence Stroll met de gros moyens financiers pour recruter les meilleurs ingénieurs et atteindre son rêve mais, pour y parvenir, il faudra certainement qu’il investisse sur un duo de pilotes de très haut niveau comme l’ont fait les meilleures équipes actuelles.
L’avis de Franck Montagny
« Soit ils ont tout bon, soit ce sera très compliqué. Ça peut être une saison galère même s’ils ont un bon budget avec de bonnes personnes aux bons endroits, avec un bon pilote expérimenté. L’auto peut fonctionner. On verra les différences. C’est une structure différente des autres avec un côté famille, notamment à cause de son patron. On verra si la voiture peut se révéler. Aston Martin peut surprendre. »