Magnifique meeting à Charléty vendredi, avec huit athlètes français ayant réalisés les minimas pour les championnats du monde à Budapest (19 au 27 août) et trois records du monde.
Dans une enceinte à guichets fermés, les Français se sont donnés sur la piste du stade Charléty. A commencer par le hurdler Just Kwaou-Mathey, deuxième du 110 m haies derrière l’Américain Grant Holloway, en 13’’09, nouveau record personnel et 3ème meilleure performance de l’histoire pour un Français. “Je suis vraiment très content d’avoir battu mon record devant ma famille et mes amis. J’espère que ça va continuer. Maintenant, je sais ce que je vaux, donc j’espère que ça va encore descendre pour prétendre à une médaille aux Mondiaux. Je ne suis qu’au début de ma carrière.” Wilhem Belocian a terminé 5ème en 13’’20, en-dessous du temps demandé pour aller en Hongrie.
Record personnel et place de dauphine également pour Margot Chevrier en saut à la perche. Elle termine 2ème après une barre à 4m71, uniquement battue par l’Australienne Nina Kennedy et son franchissement à 4m77. Pourtant, à l’échauffement, la Française ne ressentait pas de grandes sensations, mais “quand on voit ce public et cette ambiance qui fait rêver pour Paris 2024, on trouve ce petit plus qu’on n’avait pas. On est début juin donc je bats mon record sur la technique. J’attends d’être en forme, j’ai hâte. Mais, même crevée, je fais de très bonnes choses. Avant, j’avais un peu du mal à m’exprimer lors des gros meetings mais, depuis cet hiver, j’ai trouvé le truc.”
Des Français très en forme
Dernier podium français de la soirée : Wilfried Happio sur 400 m haies. Lui aussi termine à la 2ème place en 48’’26, battu par l’Américain CJ Allen (47’’92). “J’ai pu me laisser aller à l’échauffement, ça m’a rassuré et donné confiance. Ça s’est vu pendant la course. La perf’ me fait plaisir parce que je passe sous les 49 secondes. ”
Quant à Ludvy Vaillant, il termine 4e en 48’’60. Il devrait également être du voyage en Hongrie. Vainqueur du 800 en 2022 sur cette même piste, Benjamin Robert termine 5ème cette année, mais bat son record personnel en 1’43’’48 d’une course remportée par le Kenyan Emmanuel Wanyonyi en 1’43’’27. S’il a un peu coincé dans la dernière ligne droite, il a déjà pris date pour les Mondiaux, comme le montre sa réaction d’après-course. “Je suis mitigé puisque j’ai montré que je pouvais jouer avec les meilleurs, mais ils m’ont battu sur la fin. Je voulais gagner. ” Sur la même distance, Azeddine Habz termine 7ème en 1’43’’90. Lui aussi réalise les minima pour les Mondiaux de Budapest, tout comme Lena Kandissounon chez les féminines après son double tour de piste en 1’59’’65. Sa première fois sous les deux minutes.
Trois records du monde en deux heures !
La soirée a été stratosphérique et la foule s’est levée pour trois performances. Tout d’abord, le 5000 m femmes avec un duel entre la Kenyane Faith Kipyegon et l’Ethiopienne Letesenbet Gidey. Une semaine après s’être emparée du record du monde du 1500 m, la Kenyane a réalisé un dernier tour phénoménal pour se détacher de l’Ethiopienne et s’imposer en 14’05’’20. Nouveau record du monde. “Je ne pensais pas au record du monde, je ne sais pas comment j’ai fait. J’étais simplement concentrée sur la lumière verte, j’essayais de rester détendue et de profiter de la course.”
Deuxième exploit, cette fois-ci sur le 3000 m steeple. L’Ethiopien Lamecha Girma a franchi la ligne d’arrivée en 7’52’’11 après une course kamikaze en partant très rapidement. Il améliore la marque du Qatarien Saif Saeed Shaheen, qui tenait depuis 2004 (7’53’’63). Il termine avec plus de 15 secondes sur l’ensemble de ses autres concurrents.
Et puis, l’ogre norvégien Jakob Ingebrigtsen n’a fait qu’une bouchée du record du 2 miles. Il a terminé ses 3,22 km en 7’54’’10. Meilleure performance mondiale de tous les temps (et non un record du monde car la distance n’est pas reconnue officiellement) de plus de quatre secondes. “C’est mon premier record du monde en extérieur, savourait-il. Le rythme était excellent pour moi et le public a été incroyable. Sans leur soutien, ça aurait été plus difficile.” Une soirée que le public parisien n’est pas prêt d’oublier !
Killian Tanguy