Décevant aux Jeux de Barcelone en 1992, le perchiste, Jean Galfione dans la lignée d’autres grands champions français, a été irrésistible quatre ans plus tard à Atlanta. Le fruit d’une longue montée en puissance.
Fils d’une ancienne gymnaste et d’un ancien escrimeur de haut niveau, Jean Galfione est aussi le neveu de Jean-Claude Magnan, vice-champion olympique de fleuret en 1964. Trentedeux ans plus tard, il écrit sa propre histoire olympique. Et de la plus belle des manières. Il découvre le saut à la perche à l’âge de 13 ans. Il est repéré par Maurice Houvion alors entraîneur à l’INSEP. A l’époque, le jeune Galfione est bercé par les exploits de son héros, Pierre Quinon, champion olympique en 1984 :
« Pierre Quinon gagne en 1984 (à Los Angeles, Ndlr). J’ai commencé l’athlétisme en 1983/1984. Je débute la perche vers 1984/1985. Je sens que cette discipline m’intrigue. Des choses me marquent. Je découvre les Jeux avec l’athlétisme et les sauteurs à la perche. »
« Thierry Vigneron prend la médaille de bronze en 1984 et Pierre Quinon l’emporte. Pierre, à mes yeux, était ce champion extraordinaire qui dégageait une humanité dingue, avec une jeunesse, une fraîcheur et un sourire incroyable. Il avait aussi cette folie de tenter des choses et cela fonctionnait. Il était un peu ce champion inattendu. »
« Alors quand je lui ai succédé cela a constitué un honneur pour moi. J’ai alors appris à le connaître. On était devenus très copains. On se voyait régulièrement. Il avait fini sa carrière à Paris. On s’entraînait ensemble » se souvient avec une certaine nostalgie Jean Galfione.
Jean Galfione, de l’espoir à la performance
Mais revenons à cet exploit XXL réalisé le 2 août 1996 à Atlanta au Centennial Olympic Stadium. Certaines images restent éternelles. La tête cachée dans sa serviette, Jean Galfione ne regarde plus.
Le suspense est insoutenable. Le Russe Igor Trandenkov s’apprête à tenter son dernier essai. Il échoue à 6m02. Galfione peut exulter.
Douze ans après Pierre Quinon, il est champion olympique de saut à la perche. « Sur le dernier saut de Trandenkov, je ne me réjouis pas de son échec. Je retiens davantage mes sensations sur mes derniers sauts. J’avais cette impression d’aller très vite et de ne plus sentir le sol sous mes pieds. C’était très facile. Finalement, à chaud, ce qui reste le plus, ce sont surtout les moments où je retrouve Maurice Houvion. »
« J’avais construit tout cela avec lui depuis des années. J’avais réalisé un truc top pour lui. Le plus important était surtout là. Ce qui est invisible, ce sont les heures passées ensemble jusqu’à huit heures par jour, les stages d’entraînement, les déceptions, les blessures… Ce qui ressort de tout cela, c’est d’avoir réussi ce pari fou. Le reste a davantage été une fierté sportive et personnelle. Je n’ai pas réalisé d’emblée ce que j’avais accompli ».
« Je n’ai pas réalisé tout de suite ce que j’ai accompli »
Se préparant pour l’événement d’Atlanta avec un immense professionnalisme, partant notamment en repérage un an avant pour s’acclimater au mieux aux conditions, Jean Galfione a construit son succès olympique pièce après pièce. En effaçant du même coup une édition olympique précédente à Barcelone bien frustrante (13ème en 1992). Il a retenu les leçons de cet échec en terre catalane :
« Il y a eu aussi quatre ans de travail derrière. L’échec de Barcelone a fait que plutôt que de rester sur ma tristesse, j’ai travaillé dur. En 1992, je manquais de maîtrise à très haut niveau dans la gestion du stress d’un grand championnat. J’étais sportivement irrégulier. Quatre ans plus tard, je me suis inspiré de cette déception relative pour reconstruire ».
Si, à la fin de sa carrière, Jean Galfione a pris le large comme marin, c’est aussi parce qu’il a toujours su rester les pieds sur terre (bien que les ayant également dans les airs souvent de par la pratique de sa discipline…), qu’il a finalement été un tel champion !