mardi 3 décembre 2024

Attention danger : le rugby prend le sillage du football !

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Jean-Marc Azzola
Jean-Marc Azzola
Journaliste

Entre une nouvelle compétition, une Coupe des Nations, qui va voir le jour dès l’automne 2026 et une Coupe du monde qui va passer à 24 participants un an plus tard, le rugby est-il en train de laisser place au rugby business dans le sillage du football ?

En 2027 en Australie, la Coupe du monde passera pour la première fois à 24 et non plus à 20 équipes, en six groupes avec l’introduction de 8èmes de finale : « Cette incroyable Coupe du monde 2023 a démontré la passion et le potentiel qui existent au-delà des 10 ou 12 premières nations » a communiqué Bill Beaumont, le président de World Rugby. Bonne ou mauvaise idée ?

« Prenons l’exemple du Portugal. C’est un pays qui a valorisé son rugby grâce à la Coupe du monde. Il a renvoyé une image très positive. J’avais vu leur match à Toulouse contre la Géorgie (18 partout, Ndlr). Ce match avait été très intéressant. Alors de quoi parle-t-on ? On cherche à développer le rugby dans le monde. Après, on sait bien que les meilleurs restent les mêmes. Faire participer certaines équipes, cela permet au rugby d’évoluer. Cela reste pour moi une bonne idée. Et ce même si c’est dur de coller 90 points à une équipe. J’ai été joueur et j’ai joué contre des nations comme l’Allemagne, le Maroc… C’était l’équipe B en Bleus. »

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Un Top 14 à plus d’équipes ?

« On leur collait 60 points, mais cela permettait de faire perdurer cette discipline dans ces pays-là. On ne peut pas vouloir l’évolution du rugby et laisser ces nations sur le bord de la route. On est donc bien obligé de les intégrer. Et ils repartent avec de l’expérience supplémentaire. L’échec parfois permet de grandir » explique l’ancien sélectionneur des Bleus Guy Novès.

Le manager d’Oyonnax Joe El Abd a également son avis sur la question : « Il est trop tôt pour affirmer si c’est une bonne initiative ou non. Mais le rugby a besoin de continuer à grandir et s’exporter vers d’autres pays. Faire se rencontrer 24 équipes peut être quelque chose d’intéressant en tentant de réduire les écarts ».

La santé des joueurs en danger ?

Une Coupe des Nations va venir se greffer dès 2026, à un an de la Coupe du monde aux antipodes. World Rugby a annoncé la création de cette nouvelle compétition tous les deux ans, regroupant les dix meilleures nations mondiales et deux nations invitées.

Elle sera organisée en juillet et novembre en lieu et place des tournées actuelles. Non sans soulever de nombreuses réticences car ce nouveau tournoi international s’inscrit déjà dans un contexte d’un calendrier déjà excessivement lourd :

« Je pars d’un constat, poursuit Novès. Pour moi, plus on fait jouer les joueurs, plus ils évoluent et progressent. Au Stade Toulousain, la progression s’est faite en se frottant aux meilleurs. Elle n’arrive pas en se frottant aux plus faibles. Une fois, on a pris 77 points chez les Wasps. Quelques mois plus tard, on devenait champions de France. Aujourd’hui, les outils qui sont mis à la disposition des staffs permettent d’assimiler notamment pourquoi certains sont meilleurs en termes de préparation. Quelques fois, cela fait avancer les choses ».

Une coupe du monde des clubs comme au foot ?

Pour le manager d’Oyonnax, Coupe des Nations et Mondial demeurent deux épreuves distinctes. « La différence avec une Coupe des Nations est qu’une Coupe du monde est très concentrée pendant six semaines. La question majeure étant d’avoir un calendrier équilibré entre l’hémisphère Nord et Sud avec les fédérations. Les instances travaillent beaucoup là-dessus pour tendre vers cela à l’avenir. La question du business en toile de fond derrière ? Mais bien sûr qu’elle existe. »

« C’est normal. On ne peut pas parler de rugby sans business. Mais il ne faut pas tout mélanger non plus entre faire grandir notre sport et le business pur. Il faut toujours prendre en compte la santé des joueurs. Mais on ne peut évidemment pas écarter non plus le business dans le rugby. On reste un sport professionnel qui doit grandir dans le monde entier. »

« Cependant, pour nous, entraîneurs, staffs, la santé des joueurs, le produit, mais aussi un nombre de matches disputés chaque année par les joueurs avec un temps de récupération nécessaire, doivent rester des questions majeures ». Et Guy Novès de conclure :

« On ne peut pas parler d’un sport qui évolue sans parler d’argent. C’est obligatoire. Néanmoins, avec toutes ces compétitions, je ne me cantonne pas uniquement sur l’aspect du business, mais plus sur la fenêtre de l’évolution de ce sport. Le football, c’est mondial. Le rugby non. Il faut permettre aussi à des gens qui font des efforts de jouer et travailler ».

On l’a compris. On ne peut pas échapper au business dans le rugby. Mais pas à n’importe quel prix ! Surtout quand l’humain est au milieu de la mêlée. Et quand on sait qu’une Coupe du monde des clubs entre l’hémisphère Nord et Sud est envisagée tous les quatre ans à partir de 2028 sur le mois de juin avec les 8 meilleures équipes de Champions Cup et les 8 meilleures de Super Rugby avec une entrée en lice sous forme de 8èmes de finale, on peut être inquiet…

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