Appelé en équipe de France pour les matches contre la Lituanie et la Bosnie (11 et 14 novembre), Benjamin Sene, le meneur-arrière de Nanterre espère désormais voir enfin les play-offs. Entretien réalisé avec France Basket.
Comment avez-vous accueilli cet appel en équipe de France pour les matches de novembre ?
J’ai été surpris même si je l’ai appris avant que ça ne sorte puisque Pascal (Donnadieu) m’a prévenu le matin à l’entraînement avant la vidéo. J’étais super content même si je ne m’y attendais pas forcément.
Vous le méritiez, non ?
Je fais un bon début de saison. Je pense que je le mérite.
Vous aviez déjà été appelé en 2016…
En fait, j’ai été appelé deux fois, à chaque fois avant les JO. En 2016, j’avais fait une semaine et j’avais joué un match et, en 2021, j’avais fait une semaine comme partenaire d’entraînement avant les Jeux de Tokyo.
Quel souvenir gardez-vous de cette unique sélection contre la Lettonie le 16 juin 2016 ?
C’était à Pau. J’étais arrivé un peu blessé, mais je m’étais entraîné pour aider les gars, ils n’étaient pas encore beaucoup à être arrivés. En remerciement, le coach m’a fait rentrer dans la dernière minute. J’avais eu deux lancers-francs, j’avais fait un sur deux. J’aurais pu faire mieux ! (sourire) J’en garde quand même un bon souvenir. Mes parents ont gardé le maillot à la maison.
Depuis, aviez-vous fait une croix sur l’équipe de France ?
Je n’avais pas fait une croix dessus, mais je n’y pensais pas forcément. J’essaye d’être le meilleur possible avec mon club et si en découle une sélection tant mieux.
Est-ce un plus d’avoir un coach qui est aussi entraîneur adjoint en équipe de France ?
Je ne sais pas ! (rires) Peut-être…
Vos coéquipiers vous ont-ils chambré ?
Je vais jouer contre Miralem (le Bosnien Halilovic, Ndlr). On se chambre un peu… (Halilovic s’est depuis fracturé le doigt en Coupe de France et sera indisponible deux mois, Ndlr)
Les joueurs d’Euroligue et de NBA ne sont pas disponibles pendant ces fenêtres internationales. N’a-t-on pas l’impression de rejoindre une équipe de France bis ?
On le sait. Ce n’est pas la même équipe, pas les mêmes joueurs, mais ça reste quand même une équipe qui doit qualifier le pays pour une grande compétition. J’y vais pour donner le meilleur, pour profiter et pour gagner les deux matches.
« Les play-offs me manquent »
N’est-ce pas frustrant de faire les qualifications et de ne pas jouer ensuite la compétition ?
Il faut qualifier l’équipe pour la Coupe du monde. Après, tout est possible. On l’a vu avec Terry Tarpey qui a fait les qualifications et qui s’est retrouvé à l’Euro. C’est une belle histoire. En basket, rien n’est impossible ! Je souhaite qu’un autre joueur puisse connaître la même chose. Et si c’est moi ce serait super !
Avez-vous le sentiment d’avoir franchi un palier depuis que vous avez rejoint Nanterre la saison dernière ?
Clairement. Au niveau basket, bien sûr, mais surtout mentalement. Je suis beaucoup plus serein et ça se traduit sur le terrain. J’ai un préparateur mental depuis six ans. C’est un long travail qui porte ses fruits et me fait avancer en tant que joueur.
Vous étiez venu à Nanterre pour jouer les play-offs, ça n’a pas été le cas la saison dernière…
…. A un match près ! (sourire)
Pensez-vous que cette saison, ça va être la bonne ?
On va tout faire pour. L’équipe est bâtie pour ça avec des profils différents de la saison passée. On court beaucoup en attaque, même les intérieurs, avec de gros shooteurs à 3 points.
Le fait de ne pas avoir évolué dans une équipe du Top 8 (Nancy, Gravelines-Dunkerque, Boulazac, Nanterre) vous a-t-il desservi malgré de bonnes stats ?
Vous avez bien résumé les choses (sourire). Ça a pu jouer. Etre bon individuellement et gagner des matches et être bien classé amène une plus grande reconnaissance. La reconnaissance médiatique, je m’en fiche, mais il est sûr que la reconnaissance est différente quand on est dans une équipe qui gagne ou qui ne gagne pas.
Les play-offs vous manquent ?
C’est clair ! Je les ai joués mes deux premières années (en 2014 et 2015 avec Nancy, Ndlr), ce qui m’avait permis de jouer deux Coupes d’Europe derrière et ça, ça me manque. J’en ai marre que la saison se termine trop tôt. Les play-offs, c’est de la bonne fatigue !
Comment se sont passées les retrouvailles cette saison avec votre premier club, Nancy ?
J’ai adoré ! Ça m’a fait quelque chose quand on est venu s’entraîner la veille car j’ai passé énormément d’heures dans cette salle. Avant le match, le club m’a remis une photo avec le président Fra (président du club de 2004 à 2016, il est décédé en 2019, Ndlr), ça m’a énormément touché… Il a tellement fait pour moi quand j’étais là-bas… Repartir en plus avec la victoire (82-87, Ndlr), j’étais encore plus content (sourire).
Il y a dix ans, Nanterre était champion de France. Vous étiez alors en U21 à Nancy…
A l’époque, je n’avais pas pris conscience de l’exploit que c’était d’être champion pour leur deuxième année dans l’élite. Au premier match, ils prennent 30 points par Strasbourg (55-89, Ndlr). Tout le monde pensait alors que Strasbourg allait gagner et, à l’arrivée, Nanterre gagne trois matches de suite !
Dix ans après, l’histoire serait belle…
Le club veut gagner des titres, que ce soit une Coupe de France, une Leaders Cup, un championnat… Rien n’est impossible même si le championnat a changé. Il n’y a plus de matches faciles. Des exploits sont toujours possibles. Pourquoi ne pas en faire un !
Vous avez affronté Monaco, une équipe d’Euroligue (défaite 75-78). Est-ce un autre monde ?
Sur le papier, on a l’impression que c’est une équipe largement au-dessus pour le championnat. Mais, comme je l’ai dit, il n’y a pas de match facile. On a failli les battre. Sur le papier, beaucoup annoncent une finale Monaco-ASVEL, mais sur le terrain c’est autre chose…
Il paraît que vous adorez la Formule 1.
Je suis un grand fan depuis tout petit. Tous les week-ends de course, je regarde, que ce soit les essais, les qualifs, la course. J’adore Lewis Hamilton. Malheureusement, je n’ai jamais assisté à un Grand Prix. C’est sur ma bucket liste !
Aller en NBA est-ce aussi sur votre liste ?
(rires) Je suis concentré sur ma saison. On verra ensuite si j’ai des opportunités en France ou à l’étranger. En tout cas, ça ne dépend que de moi. A 28 ans, j’entre dans les bonnes années pour un sportif.