Présent dès le début de l’aventure en 1981, Bernard Viviès, a dû vivre le Grand Chelem par procuration à cause d’une blessure qui l’a privé de la fin du Tournoi. Pour autant, l’ancien Bleu se satisfait d’avoir pu y contribuer avant de renouveler cet exploit comme coach des arrières de l’équipe de France en 2002 et 2004.
Que vous reste-t-il de ce Grand Chelem de 1981 ?
C’est un souvenir mitigé. J’ai commencé en équipe de France en 1978. J’avais eu du mal à me faire une place. Sûrement car je n’avais pas tout fait parfaitement. J’avais une chappe de plomb au début. Puis Jacques Fouroux arrive comme sélectionneur. Contre l’Ecosse, en 1981, il me prend. Toute la semaine, il me parle.
En deux-trois jours, il me donne une confiance énorme. Je fais un début de match comme je n’avais jamais fait en équipe de France (il marque une pénalité, Ndlr). Puis je me claque sur une action en deuxième période. Je fais oui le Grand Chelem, mais je n’ai pas eu la chance de le terminer. Ma seule satisfaction étant d’être remplacé ensuite par une personne de mon village natal (Rieumes), Guy Laporte, qui jouait à Graulhet à l’époque. Le village était très fier d’avoir deux ouvreurs qui ont fait le Grand Chelem cette année-là.
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Viviès a eu la confiance de Fouroux
Sentiez-vous qu’il était important d’aller décrocher un Grand Chelem à ce moment-là ? C’était seulement le 3ème de l’histoire…
Je ne sais pas si on avait envisagé de faire le Grand Chelem cette année-là. Après, il y a des faits de matches qui permettent d’y croire. Guy Laporte fait une entrée fracassante en Irlande avec deux drops. En étant modeste, je ne sais pas si on aurait fait le Grand Chelem si j’étais resté jusqu’au bout (sourire) Il y avait du talent dans cette équipe.
C’étaient les débuts de Serge Blanco qui jouait à l’aile. Codorniou, ça faisait plus longtemps qu’il était présent. Tout comme Laurent Pardo. C’étaient les débuts de Pierre Berbizier aussi.
Ce Grand Chelem a-t-il permis de décomplexer une génération par la suite ?
Serge (Blanco) avait débuté seulement trois mois avant le Tournoi, en Afrique du Sud. On y avait pris une petite fessée (défaite 37-15, Ndlr), mais c’était le début d’une belle génération avec Pierre Lacans, Laurent Pardo,… Il y avait une passation de témoins entre plusieurs générations et notamment Paparemborde, Bertranne,… On était à la croisée des chemins.
Avez-vous eu la satisfaction de remporter ce Grand Chelem ?
C’est évident. On ne va pas me l’enlever ! Je faisais mon meilleur match en Bleus. J’ai eu de la frustration sur le coup, mais le Tournoi se termine bien. Je fais partie de l’aventure du Grand Chelem. J’ai fini avec France A’ où l’on jouait l’Italie et l’Espagne. J’avais fini capitaine de cette équipe. C’était bien quand même.
« Mes larmes face à l’Écosse… »
Quel souvenir allez-vous garder pour toujours du Grand Chelem de 1981 ?
Pour être sincère, c’est ma sortie avec la larme à l’œil. C’était le point de départ mais, malheureusement, je n’ai pas été plus présent sur le terrain pour valider ce succès et ce Grand Chelem. Mais le destin m’avait réservé un autre sort.
Votre expérience de joueur sur ce Grand Chelem vous a-t-elle permis de la transmettre lors de votre passage en équipe de France entre 2001 et 2007 ?
Quand j’étais dans le staff avec Bernard Laporte, c’était beaucoup plus tard. 20 ans après. Le rugby était passé professionnel. On avait une semaine au minimum pour préparer les matches quand c’était trois jours auparavant. Ça avait déjà beaucoup changé.
Comme coach, était-ce particulier d’aller décrocher deux Grands Chelems en 2002 et 2004 ?
On avait une belle génération et Bernard (Laporte) était un leader charismatique. Son premier adjoint était Jacques Brunel qui avait une place prépondérante. Brunel avait été l’instigateur de notre façon de jouer. Il y avait une belle brochette de talents avec Rougerie, Traille, Jauzion, Clerc, Michalak, Poitrenaud… Il y avait du costaud devant avec Pelous, Betsen, Marconnet, Crenca, De Villiers, Bru, Servat… Sur six Tournois, on en gagne quatre dont deux Grands Chelems.
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