Symbole d’une équipe de France combative et talentueuse, le 3ème ligne de l’UBB Cameron Woki (23 ans) est devenu un élément incontournable de l’équipe de Fabien Galthié. Entretien pour Le Quotidien du Sport et Rugby magazine.
Vous avez été rappelé contre le Pays de Galles après votre blessure.
C’est la preuve que cela va beaucoup mieux. J’ai fait ce qu’il fallait pour être de retour, pour guérir et revenir physiquement en forme.
Comment avez-vous vécu le match contre l’Ecosse (36-17) ?
Très bien. J’étais seul. La plupart des joueurs de Toulon étaient en déplacement. J’étais excité devant ma télévision.
Comment garder la tête froide quand on parle de titre et même de Grand Chelem ?
Il n’y a pas d’excitation débordante. On prend les matches un par un et on est concentrés sur chacune des confrontations.
Vous êtes l’un des symboles de la force offensive de cette équipe de France. Comment le vivez-vous ?
Au niveau des passes, des courses, de l’ensemble des joueurs qui se proposent, nous ailiers, sommes libres dans notre rôle. On peut porter du danger partout. Les équipiers sont précis. Il n’y a pas beaucoup de ballons tombés. Ils arrivent le plus souvent au bon endroit. A la main et au pied, on va chercher les espaces.
Progressivement, on a une palette offensive complète. Cela permet de marquer sur des mêlées, des lancements de jeu directs avec des avants, sur des contres… On alterne bien les mouvements offensifs et on marque des essais sur l’ensemble de ces compartiments. Il y a aussi tout ce travail de l’ombre qui est bien mené, notamment avec celui des avants et leurs accélérations.
Quand on n’a pas le ballon, qu’on est en défense sur des coups de pied adverses, ce travail qui ne se voit pas forcément, opère aussi et il est très important.
L’équipe est en place et remet de l’avancée derrière. Les joueurs font tous ces efforts pour prendre de vitesse les adversaires. A travers ces détails, on trouve les espaces et on met notre jeu en place.
« Nous avons fourni une grosse discipline contre l’Irlande »
Quelles étaient les intentions avant de s’attaquer à cette redoutable et grosse machine d’Irlande dans le Tournoi (victoire de la France 30-24, Ndlr) ?
On ne peut pas affirmer que ce match face à l’Irlande a constitué une finale avant la lettre, néanmoins il a fallu bien négocier cette échéance et l’entreprendre comme un match comme les autres afin de réussir notre objectif.
On s’attendait évidemment à un gros défi et à un immense combat. Il y avait malgré tout des impératifs à respecter d’avant match pour remporter ce bras de fer face à ce genre d’adversaire. Face à eux, il est toujours essentiel de sortir du camp sans trop jouer en s’appuyant sur une défense très compacte, mais sans se brider non plus dans notre jeu, ni en se mettant à la faute.
C’était un match qu’il fallait absolument gagner. Cependant, l’approche est similaire comme pour tous les autres. Notre objectif est toujours de remporter tous les matches. Cette sélection d’Irlande reste pourtant très forte et demeure même une des équipes du moment, une des plus en forme actuellement incontestablement.
On connaît notamment les qualités de leur pack, le plus mobile d’Europe. l’Irlande est toujours excessivement solide. Il fait beaucoup de mal et il avance sans cesse. Il est très performant surtout en touche, sur les mauls, ainsi qu’en mêlée fermée. La touche irlandaise a toujours énormément de hauteur. C’est une équipe qui reste toujours sûre de ses forces et une des plus disciplinées en Europe.
Ils jouent avec beaucoup de rythme. Au sol, cette sélection est très dense. Elle met beaucoup d’avancée. Elle figure incontestablement parmi les meilleures nations. Notre rencontre précédente contre l’Italie (victoire 37 à 10, Ndlr) avait laissé entrevoir certaines choses. On avait malheureusement concédé trop de fautes.
On a un travail constant à fournir sur la discipline, mais on remarque également qu’au fil des compétitions, cela va de mieux en mieux dans ce secteur pour l’équipe de France.
Cameron Woki aime les responsabilités
Qu’est-ce qui a changé dans cette équipe de France depuis l’an passé ?
(sourire) Pas tant de choses que cela en fait. Je me souviens de cette partie incroyable dans le Tournoi contre cette même équipe d’Irlande là-bas. On y avait gagné sur le fil (15-13). On avait retrouvé un adversaire très coriace sur les bases et excellent en conquête.
Même si vous ne cherchez pas à attirer spécialement la lumière à vous, quid de votre retour au poste de 2ème ligne. Quelles ont été vos sensations ?
Très bonnes. Je n’ai jamais manqué de repères. J’ai très bien été accompagné que ce soit par le staff ou les joueurs sur les phases de conquête. Je n’ai eu absolument aucun problème à évoluer au poste de 2ème ligne. Je me suis bien senti. Cela m’a même fait beaucoup de bien. Cela m’a permis de développer un autre jeu et d’être plus dur.
J’ai pu amener ce combat en plus. Je savais que j’allais avoir énormément de responsabilités à endosser au niveau de la touche en particulier contre cette équipe d’Irlande. Face à cette force qui est la leur, il fallait absolument répondre présent dans les airs et au sol.
« Quand vous êtes habité par la confiance, vous jouez plus libéré »
Natif de région parisienne, découvert à Bobigny et formé à Massy, comment expliquer que ce vivier soit si riche dans cette région ?
Dans cette région, les clubs font du travail sérieux et les éducateurs sont également très performants et de grande qualité. Il n’y a pas qu’en matière de football que ce soit un bassin très intéressant.
De plus en plus de Franciliens pratiquent le rugby et c’est une excellente chose. De manière encore plus large, c’est également très productif pour le développement de notre sport.
Pouvez-vous revenir sur votre titre de champion du monde U20 (en 2018). Qu’est-ce que cela a changé personnellement et dans votre jeu ?
Ce titre, je ne vais pas le cacher, a changé vraiment pas mal de choses. Il a même eu un gros impact dans ma vie personnelle. Je ne vais pas dissimuler les choses.
Une fois que j’ai eu ce titre en poche, j’ai alors senti que j’avais gagné davantage de confiance de la part de mes entraîneurs. C’est maintenant également une réalité au niveau de mon club. Naturellement quand vous êtes habité par la confiance, vous jouez plus libéré. Vous prenez davantage de risques aussi dans votre manière de jouer.