Barragiste avec Toulon la saison passée, Charles Ollivon repart pour une nouvelle saison de Top 14 avec la même envie et ambition. A 31 ans, le 3ème ligne international ne se fixe pas de limites. Entretien pour Rugby Magazine et Le Quotidien Du Sport.
Comment allez-vous en ce de début de saison ?
Tout va bien. Toulon a lancé la saison. On a respecté le cycle normal avec un temps de régénération, un temps de préparation. On rentre dans le vif du sujet.
« Toulon rentre dans le vif du sujet »
Ça change de l’année dernière…
(Sourire) Ça n’a rien à voir. C’était une saison de rugby différente. Il y avait la Coupe du monde en France. C’est incomparable comme intersaison. Mais c’est bien de repartir sur d’autres bases.
Avez-vous toujours cette même envie et grinta qu’à vos débuts ?
(Sourire) Surtout quand on a une plage de régénération importante. Mentalement, ça permet d’avoir de la fraicheur. La faim de ballon est alors plus présente que quand tu as la tête dans le guidon et que tu travailles sans t’arrêter. C’est bien d’avoir cet appétit-là.
Au fur et à mesure des saisons, avec l’expérience, apprenez-vous à apprécier ces années de compétition ?
C’est important de savourer. Ça sert derrière. Quand les saisons sont longues, sans plaisir et sans fraicheur, c’est compliqué. La fraicheur, c’est vital dans le rugby. Pour être efficace sur le terrain, c’est vital. C’est aussi un facteur de performance. Voilà pourquoi ça compte.
Le bien-être psychologique est-il maintenant pris en compte dans le rugby moderne ?
Quand on est dans la machine à laver, on prend parfois moins de plaisir. Je pense vraiment qu’avoir un équilibre et une stabilité, c’est important pour être performant.
L’envie de progresser et de s’améliorer est-elle toujours présente à 31 ans ?
On est compétiteur. On l’a dans le sang ou on ne l’a pas.
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« J’ai encore envie d’aller chercher des titres »
Pensez-vous que la dernière Coupe du monde a vampirisé toutes vos pensées ces dernières années ?
C’est normal. A juste titre. Elle a pris beaucoup de place. C’est le plus grand évènement pour un joueur de rugby. C’est normal qu’on soit focalisé dessus.
Cette saison, le club reprend un peu la priorité par rapport à la sélection, avec quelle ambition ?
Nous voulons attaquer cette saison avec beaucoup d’humilité par rapport à la saison dernière et la défaite face à La Rochelle en barrages (29-34, Ndlr). On a l’ambition de faire mieux cette saison. On veut être plus constant sur toute une saison pour aller chercher quelque chose en fin de saison. Toulon restera Toulon, il y a des choses qui ne changeront pas. Les gens sont exigeants. On espère faire une meilleure saison que la précédente et emmener nos supporteurs avec nous.
La page de la Coupe du Monde 2023 terminée, vous projetez-vous sur un cycle de quatre ans ou sur seulement l’année qui arrive ?
On repart d’abord pour une année. Il se passe tellement de choses. Sans parler des trois prochaines années. Que ce soit en six mois ou un an, il se passe tellement de choses. Il y a tellement de rebondissements. Je profite au jour le jour. Je ne me projette pas trop. Les envies d’un jour ne seront pas celles du lendemain.
Même si le fait d’être sous contrat jusqu’en 2027 avec Toulon vous offre le luxe de regarder loin…
Il me reste trois ans de contrat. Même si ça s’est réglé, je me sens mieux et je prends plus de plaisir sans me projeter aussi loin.
L’engouement autour de la victoire du Rrugby à 7 aux JO n’a-t-il pas réveillé un petit regret supplémentaire après le Mondial 2023 en France ?
C’est différent. Les JO et la Coupe du monde, ce sont deux compétitions différentes. On n’est pas passé loin. On sait que cela aurait pu être énorme. Mais c’est du passé, on avance maintenant.
Charles Ollivon confirme que le Top 14 reste le meilleur championnat du monde
Le Top 14 est-il de plus en plus dense au niveau de la concurrence ?
A tous les niveaux, c’est le meilleur championnat. Le niveau est homogène. J’ai l’impression qu’il n’y a plus d’étages. C’est intense tous les week-ends pendant 11 mois. La compétition est relevée. Il y a beaucoup d’attentes. C’est relevé et excitant. Les jeunes poussent derrière. Ils arrivent avec beaucoup de fraicheur, d’envie et d’insouciance. C’est important pour tout le monde, que ce soit en club ou encore en équipe de France.
Avez-vous été touché par les épisodes malheureux et les polémiques qui ont frappé le rugby français ces derniers mois ?
Ça touche forcément. René Bouscatel (président de la Ligue, Ndlr) a évoqué des évènements difficiles et durs. Un autre dramatique même (le décès du jeune Narjissi, Ndlr). Ça fait beaucoup de peine. Une pensée pour ce jeune et sa famille. Tout le monde vit des moments compliqués. Le rugby n’est pas épargné. Il y a des choses qui sont faites.
Un travail qui est fait. Il faut aller dans le bon sens. Tout le monde cherche à progresser à tous les niveaux. Il faut aller encore plus loin. Dans le rugby, on ne fuit pas devant les problèmes. On n’est pas du genre à s’échapper. Il y a des problèmes dans la société et le rugby. On est là pour les affronter. On veut avancer tous ensemble.
Pour finir, qu’est-ce que vous espérez encore accrocher dans votre carrière ?
(Sourire) Quand on rentre dans un stade plein et qu’on communie avec un public, c’est une sensation particulière. On ne s’en lasse jamais. Je suis un privilégié de pratiquer un sport aussi beau surtout dans le Top 14 ou en équipe de France. On vit des émotions fortes. J’ai encore envie d’aller plus loin et chercher des titres et surtout continuer à prendre du plaisir.