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Côme Clayver Joussain : « À Leicester, gagner, c’est normal, perdre, c’est un drame ! »

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Formé au Stade Français avec qui il a joué 2 matchs de Challenge Européen, Côme Clayver Joussain à 23 ans, l’ancien 2ème ligne de Carcassonne essaie de faire sa place à Leicester 11 fois champion d’Angleterre. 

Comment vous êtes-vous retrouvé en Angleterre ?

C’est ma 2ème saison en Angleterre. Je me suis retrouvé là-bas après Carcassonne. Ma copine est Anglaise. J’ai toujours su que je voulais jouer à l’étranger, mais je pensais que ça allait venir plus tard. L’opportunité s’est présentée plus tôt. Au départ, j’ai signé avec Leicester 

un contrat de trois mois. A la fin de ce contratlà, ils m’ont proposé d’aller jouer avec Nottingham (en D2 anglaise, Ndlr) en continuant à regarder mes matchs et à me ramener dans l’équipe s’ils étaient satisfaits. Du coup, cette saison, je suis à plein temps à Leicester. C’est super. 

Avez-vous des origines anglaises ? 

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Mon arrière-grand-mère maternelle est Anglaise. 

Vous avez commencé en 2019/2020 votre carrière au Stade Français. N’y avait-il pas de possibilités d’aller en Top 14 après Carcassonne ? 

Quand je suis arrivé à Carcassonne, il y avait cette envie de jouer et de retourner ensuite dans mon club. Ça ne s’est pas fait parce qu’à l’époque je n’étais pas forcément au niveau attendu pour le très, très haut niveau qu’est le Top 14. Du coup, je suis resté la saison d’après à Carcassonne. J’ai un peu plus joué. J’avais cet objectif de retourner un jour dans un club Top 14. Aujourd’hui, je suis plutôt à l’aise avec mon choix. Je ne me dis pas que je préférerais être en Top 14. C’est juste que j’ai eu cette opportunité. Ça me permet aussi d’être avec ma compagne.

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« Il n’y a pas une si grande différence entre le Top 14 et la Premiership »

Pensez-vous qu’en France on a une image un peu fausse du championnat anglais ?

Je n’ai fait que des matchs de Challenge Européen avec le Stade Français. Ce que je vois ici, c’est le très haut niveau. Il y a énormément de joueurs dans cette équipe de Leicester qui jouent avec l’équipe d’Angleterre. Je ne pense pas qu’il y ait une si grande différence entre le Top 14 et la Premiership. 

Est-ce une fierté d’être le seul Français à jouer en Angleterre ?

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C’est sympa, mais je n’y pense pas tous les jours. Les Anglais, surtout ici à Leicester qui est un club historique, ont ce sentiment d’appartenance qui est très fort. Ils ont besoin de voir qu’on en a quelque chose à faire d’être là, de voir que le club passe en premier. J’essaie donc de m’imprégner de ce qu’il y a autour, de me fondre dans le moule. Même au niveau de la langue, je travaille énormément sur mon anglais pour ne pas avoir d’accent pour me fondre dans l’équipe facilement. Je n’ai pas envie d’être le petit Français, mais plus d’être sur un pied d’égalité avec mes coéquipiers. 

Que diriez-vous aux Français pour qu’un peu plus traversent la Manche ?

Si je parle de ma propre expérience, ça m’a fait énormément grandir. S’ouvrir à un rugby différent, voir une manière différente de travailler par rapport à ce qu’on peut connaître en France, ça ne peut qu’enrichir un joueur. Je sais que, si un jour, j’étais amené à retourner en France, en Top 14, j’aurais des armes et une expérience que je n’avais pas quand je suis parti. S’il y a des garçons qui se posent la question de peut-être sauter le pas d’aller jouer à l’étranger, en Angleterre ou ailleurs, qu’ils n’hésitent pas, c’est très enrichissant. Ça peut vraiment vous faire grandir en tant que joueur et homme. 

Avec Leicester, l’objectif, c’est d’être de nouveau champion comme en 2022 ?

C’est une saison particulière avec le changement de coach et l’arrivée de Michael Cheika. Il y a cet objectif d’être champion, d’être compétitif dans toutes les compétitions. Au-delà de ça, c’est d’être au meilleur niveau où on peut jouer. Il ne faut pas qu’on ait de regrets, il faut qu’on aille chaque semaine pour batailler, pour être la meilleure version de nous-mêmes. L’objectif, c’est la gagne, mais semaine après semaine, sans voir à long terme. 

Quand on parle du rugby anglais, on pense plus aux Saracens ou aux Harlequins…

En Angleterre, Leicester est un club historique, c’est l’un des clubs les plus titrés (11 fois champion, 2 fois vainqueur de la Coupe d’Europe, Ndlr), un club qui a vu passer des joueurs de renom. C’est un club qui a quand même énormément de poids dans ce pays. Pour moi, à titre personnel, arriver ici en tant que Français et arriver à être une petite part de ça, c’est énorme ! 

« S’ouvrir à un rugby différent vous fait grandir » 

Après, il ne faut pas confondre Leicester et le Leinster…

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L’année dernière, en rentrant en France, quand je parlais à mes potes, ils me disaient : « Ah, oui, Leinster en Irlande ». Non, non, Leicester Tigers en Angleterre ! (sourire) 

Rabah Slimani qui vient de signer au Leinster a d’ailleurs cru dans un premier temps être contacté par Leicester…

J’avais entendu parler de ça (rires). C’est un problème de prononciation. En France, on dit Lei-ces-ter alors qu’ici ils disent Leicester. A chaque fois que je dis Lei-ces-ter, je me fais chambrer dans le vestiaire. 

Leicester est-il capable de mettre fin à la domination des clubs français en Coupe d’Europe ?

On est capable de faire de grands matchs et d’aller toucher les grands d’Europe. Nous avons l’effectif, le staff, les infrastructures pour. On veut tout gagner. C’est un club qui a une culture de la gagne qui est immense. A Leicester, gagner, c’est normal, perdre, c’est un drame ! Et c’est ça toutes les semaines. 

N’auriez-vous pas préféré tomber sur le Stade Français plutôt que Bordeaux et Toulouse pour leur montrer que, depuis, vous avez fait du chemin ? 

J’aurais aimé, mais pas préféré parce que je n’ai rien à prouver à personne, si ce n’est à moi. J’aimerais bien un jour rejouer contre le Stade Français, mais pas pour prouver quoi que ce soit à qui que ce soit, simplement pour jouer un beau match de rugby contre un club que j’ai encore dans mon cœur et que j’aurais toujours dans mon cœur.

Côme Clayver Joussain se prépare à l’après rugby

Au Stade Français, vous suiviez des études, est-ce toujours le cas ?

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Je suis toujours à l’Emlyon (Business School, en communication, Ndlr) dans un cursus pour les sportifs de haut niveau que j’avais débuté au Stade Français. J’ai autant d’années que je le veux pour valider mon diplôme. Quand je suis arrivé ici, je l’avais mis en stand-by et depuis j’ai repris. Quand je termine l’entraînement, je me mets devant l’ordi 1 heure ou 2, histoire de décompresser. Ça me vide la tête du rugby et ça me prépare l’après-carrière. 

Rêvez-vous d’une carrière à la Thibaud Flament ou Antoine Frisch qui eux aussi sont passés par l’Angleterre ?

Ils sont forcément inspirants, mais je ne rêve pas d’une carrière que quelqu’un a faite avant. Quand je dis qu’on se bat contre nous-mêmes et qu’on prend semaine après semaine, sur mon parcours personnel c’est la même chose. Je suis arrivé ici, j’ai appris beaucoup sur moi et sur mes points forts et mes lacunes. Je ne me fais pas de plan à deux ans, à trois ans ou à cinq ans. J’essaie d’être aussi bon que je le peux, de jouer chaque semaine avec Leicester, de forcer ma place dans le groupe. Si c’est le cas, dans un an ou deux, des bonnes choses vont venir. 

Combien d’années de contrat vous reste-t-il avec Leicester ?

Je suis en fin de contrat à la fin de cette saison. 

Des clubs de Top 14 sont-ils déjà venus aux nouvelles ?

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J’ai eu quelques contacts, mais je n’ai pas trop approfondi car je suis concentré sur ce qui se passe ici et sur mon rugby. 

La sélection anglaise vous a-t-elle approché ? 

Non, du tout. J’ai vraiment commencé à jouer en Premiership cette saison, donc c’est trop tôt pour penser à ces choses-là d’un côté comme de l’autre. Je ne pense pas que qui que ce soit ne pense à ça pour moi pour le moment. 

L’Angleterre peut-elle être une possibilité ou ce sera l’équipe de France et rien d’autre ? 

Je ne me suis pas posé la question. Je me poserai la question quand je regarderai mes matchs et que je me dirai que je ne suis peut-être pas loin du niveau international, mais pour le moment, il y a encore beaucoup de travail à faire de mon côté. 

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Aujourd’hui, vous considérez-vous Français ou Anglais ?

50% Français, 50% Anglais (rires).

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