Blessé gravement au genou, en début d’année 2023, Anthony Jelonch a su se battre pour revenir au plus haut niveau et jouer la Coupe du Monde. Le 3ème ligne tricolore, pressenti pour débuter face à l’Italie, évoque ce chemin parcouru pour ne pas manquer le rendez-vous d’une vie.
Qu’avez-vous ressenti au moment de démarrer cette Coupe du monde avec le capitanat contre l’Uruguay ?
J’étais très content de revenir. J’ai beaucoup douté au début de ma rééducation, mais je savais que j’avais six mois devant moi pour être présent à cette Coupe du monde. Elle était dans ma tête. Je voulais bosser très fort. J’ai vraiment tout donner pour y être présent. Revenir avec le capitanat, c’est une énorme fierté. J’étais prêt à mener mes coéquipiers vers la victoire (27-12, Ndlr).
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Rappelez-vous du moment où vous avez reçu le feu vert médical pour redevenir joueur ?
(Sourire) Cela faisait quelques semaines que je m’y préparais. Je savais qu’avec les efforts entrepris j’allais pouvoir décider ou non de quand j’allais reprendre. Fabien Galthié m’avait permis de choisir. Je voulais rejouer le plus vite possible. Il m’a annoncé en plus que j’allais être capitaine. J’étais très heureux. J’ai repensé à tous les moments difficiles et tous les efforts faits depuis cette blessure. Je ne suis pas quelqu’un d’émotif. J’étais simplement heureux d’être en capacité de jouer un match de rugby.
Le fait d’avoir déjà été capitaine du XV de France par le passé vous a-t-il servi pour votre premier match de Coupe du monde face à l’Uruguay ?
J’avais eu cette expérience sur la dernière tournée en Australie. Ça s’était bien passé. Même si on n’avait gagné qu’un match sur les trois, on avait réussi à accrocher notre adversaire alors qu’on nous promettait l’enfer. Ça m’a fait grandir cette tournée que ce soit comme capitaine et leader. Aujourd’hui, je me sens tout à fait capable d’avoir le capitanat en équipe de France quand on en a besoin.
Sur le terrain, comment avez-vous vécu ce moment de reprendre la compétition durant un tel évènement que la Coupe du monde ?
J’étais très heureux de pouvoir refouler la pelouse. J’ai vécu une ambiance extraordinaire à Lille. C’était incroyable. Ça m’a bien libéré dès le coup d’envoi. J’ai pu toucher tout de suite un premier ballon, enchaîner avec un premier plaquage. Ça m’a permis d’être tout de suite dans ma compétition et j’ai vraiment eu envie de continuer derrière. J’étais content de pouvoir matcher derrière.
Avez-vous eu besoin des premiers contacts pour prendre conscience du chemin parcouru depuis votre grave blessure ?
J’avais besoin de retrouver l’ambiance d’un match, sa préparation, tout ce qui va autour. J’avais besoin d’être au cœur d’un vrai match. Les entraînements ne remplaceront jamais la compétition. J’ai pu apprécier cela dès mes premiers contacts. Ça m’a remis dans le droit chemin. Je suis maintenant prêt à enchaîner. Le test était concluant. J’avais le feu vert de tout le monde. J’étais très content.
Avez-vous douté durant votre blessure face à l’Ecosse, en février dernier, et avez-vous imaginé manquer la Coupe du monde ?
Je me suis fait opérer le 6 mars. Ça fait un peu plus de six mois. Au début, j’avais des doutes, mais j’avais toujours en ligne de mire cette Coupe du monde. Chaque étape que je passais, elle se passait avec succès. J’ai changé un peu d’endroits au fur et à mesure, en allant notamment à Montpellier, puis au Stade Toulousain et bien évidemment à Capbreton. Ça m’a fait du bien pour travailler et progresser. Chaque étape passée ne m’enfermait pas dans une routine. C’était positif. Je me suis donné les moyens pour accrocher cette Coupe du monde. Je sais que mon genou tient bien maintenant. J’ai plongé à 100% !
« Je me suis donné les moyens pour accrocher cette Coupe du monde »
Avez-vous une force mentale supérieure pour être revenu aussi vite ?
(Sourire) Je suis quelqu’un de la campagne. Le mental est omniprésent depuis tout petit. Ça aide. Cet objectif m’a permis de revenir vite et fort. Cette blessure m’a fait du bien et m’a fait grandir.
Avez-vous été aidé par vos coéquipiers ?
Ils m’ont toujours aidé. On est un groupe. Tout le monde a le droit à la parole dans cette équipe. C’est notre force. Depuis le début, même si je ne jouais pas et que j’étais en convalescence, j’avais le droit de dire quelque chose. On parle tout le temps pour emmener les troupes.
Comment avez-vous vécu l’ambiance de cette Coupe du monde de l’intérieur ?
On a vu un public qui nous applaudissait et qui était fier de nous. Les victoires ont permis de fédérer les gens derrière nous. Même sur nos matches moyens, on a réussi à gagner. A la fin, on ne retient que les victoires et les Français ont prouvé qu’ils savaient être derrière nous. C’est un plus et une force indéniable.