La LFP a atteint son objectif de débuter la négociation de gré à gré. Un seul homme sera au centre du jeu, son président, Vincent Labrune qui devrait tout faire pour atteindre une nouvelle fois le milliard d’euros. La dernière fois que cet objectif était atteint, le foot français avait frôlé la failite.
Il n’est pas le plus aimé de tous, et son élection surprise à la tête de la LFP a surpris tout son monde. Vincent Labrune participe à son premier appel d’offres des droits TV de la Ligue 1 en tant que Président du foot professionnel français.
Pour parvenir à son objectif, Vincent Labrune a joué avec les nerfs des diffuseurs TV et conçu un appel d’offres quasi certain de terminer sur ce type de négociation. Dans son livre, main basse sur l’argent du foot français, Christophe Bouchet a détaillé les contours d’une négociation particulière et hypocrite. C’est à l’image du Président de la LFP qui perçoit des émoluments jamais vu dans l’histoire de la LFP. Dont une clause qui lui permet de toucher 8 millions d’euros en cas de départ.
Les droits TV sont indexés aussi sur l’accord avec le fond CVC. On y apprend que l’accord signé il y a trois ans prévoit de reverser 13% de ses revenus de la LFP à CVC. Et ce, quelque soit la situation économique de la Ligue de Football Professionnel. Un sacré pari à court terme après avoir amassé 1,5 milliard d’euros.
Le piège CVC sur l’inflation des droits TV de la Ligue 1
En misant sur le milliard d’euros, Vincent Labrune est coincé avec l’affaire CVC. Si le deal du siècle était salué par les différents présidents de club, il n’y a pas que des heureux. En effet, on apprend que la répartition de l’argent frais de CVC est-elle même biaisé. Par exemple, le PSG a décidé de réduire sa part de recettes. À la base, le club de la capitale devait récupérer 250 à 300 millions d’euros.
Cependant, le PSG a décidé de baisser ce paramètre de recette à 200 millions d’euros, non sans arrière pensée. En effet, Christophe Bouchet dévoile que le club de la capitale lorgne sur les droits internationaux. Vincent Labrune voulait une très forte revalorisation des droits étrangers. Il vise 200 millions d’euros par an. Et, la plus grosse part du gâteau irait au PSG.
Le club de la capitale rentrerait largement dans ses frais. Pour autant, il faut aller plus loin dans le raisonnement. L’inflation des Droits TV apporte aussi une garantie à CVC un retour sur investissement rapide. En conséquence, le milliard d’euros visé par Vincent Labrune est conditionné par cet accord.
Or, CVC regarde avec une grande attention l’attribution des prochains droits TV pour 2024-2029. Dans ce contexte, le patron de CVC France était même présent avec Vincent Labrune pour clôturer la période de l’appel d’offres qui n’a pas abouti.
Un milliard d’euros, le pari impossible de la LFP
L’échec de Labrune à avoir un ou des diffuseurs sur le lot 1 et 2 témoigne de l’objectif initial de son Président. En effet, Labrune n’aurait jamais souhaité bouclé le deal avec son appel d’offre initial. Ce que Christophe Bouchet et Daniel Riolo confirment dans l’After Foot.
L’Orléanais serait désormais prêt à vivre deux à trois jours de négociation très intense pour parvenir à son but, le milliard, ce que la précédente direction de la LFP n’avait pas réussi. Labrune veut renforcer sa place et son influence dans le foot français. Il a même le soutien des plus hautes autorités de l’État.
Dans cette période complexe pour le foot français, Labrune engagera des négociations avec tous les diffuseurs TV. Y compris, ceux qui n’ont pas déposé de dossier qualitatif. C’est le cas pour Amazon et CANAL+. Un jeu de dupes entre les diffuseurs et la LFP devrait faire des heureux en théorie, la Ligue 1.
En multipliant les négociations individuelles, Labrune espère avoir des licences et sous licences pour permettre une large diffusion de la Ligue 1. Les mécanismes existent et la LFP entend bien les utiliser.
Labrune veut ramener Canal + à la table
Le paysage audiovisuel sportif de la Ligue 1 offre à la LFP une opportunité unique d’atteindre le milliard d’euros. En effet, Bein Sport est distribué sur la box de CANAL+ depuis quelques années. Les deux chaînes privées ont noué des accords en nombre sur le sport pour partager la note. D’un autre côté, la chaîne cryptée s’est associée à DAZN et, c’est ce qui pourrait changer la donne.
La LFP a déjà reçu le dossier de DAZN entre ses mains. La chaine britannique qui possède déjà des droits européens lorgne sur le foot français avec un grand acteur à ses côtés : CANAL+. Labrune sait que CANAL attend l’offre de DAZN pour lui sous louer les droits TV, ce que recherche la LFP sans le dire.
La chaîne cryptée qui ne voulait plus investir pour la Ligue 1 après un divorce consommée avec la LFP. Elle chercherait à avancer ses pions. La chaîne cryptée souhaite récupérer le gros match de chaque journée en nouant un accord avec DAZN. Un choix logique et qui pourrait facilement arriver.
Labrune sait qu’il peut jouer des coudes avec DAZN qui a un partenariat solide avec CANAL+. Indirectement, Maxime Saada pourrait maintenir la 4 dans le jargon de la Ligue 1.
BeIN Sport, un retour inattendu et stratégique
Il n’avait plus diffusé la Ligue 1 depuis 2019. BeIN Sport pourrait se remettre à table pour diffuser la Ligue 1. La chaîne française détenu par les Qataris vise les droits de la Ligue 2. Initialement, elle ne souhaitait pas se positionner sur les deux lots mais l’appétit lui a donné raison. Là encore, on peut imaginer un accord en duo avec CANAL.
Les deux chaînes concurrentes ont noué un rapprochement depuis quelques années pour cofinancer le sport en France. La Ligue 1 pourrait alors avoir ses deux diffuseurs historiques de retour avec un accord qui arrangerait tout le monde.
Il y a un hic, les deux acteurs historiques du sport français n’ont pas l’intention de payer le prix fort pour la Ligue 1. Labrune le sait et devra trouver une formule pour permettre à la LFP de ne pas tomber sur le terrain financier.
Amazon patiente avant de mettre de l’argent
Amazon avait récupéré la Ligue 1 sur sa petite cuillère. C’est ce qui avait rendu fou CANAL+. Désormais, une nouvelle période s’ouvre pour la chaîne qui ne fera pas de folie. D’abord, parce qu’Amazon attend de voir les offres de ses concurrents pour se positionner.
Celle qui avait seulement deux saisons et demi à diffuser sait que le moment est important. Pour autant, voir Amazon disparaître du paysage audiovisuel de la Ligue 1 semble peu probable. Cependant, il faudra convenir qu’un homme en décidera et il se trouve aux États-Unis, Jeff Bezos.
Les absences de Messi et Neymar seront forcément un gage pour réduire la voilure pour Amazon France. Reste à savoir où peut aller la chaîne dans son offre pour la Ligue 1. En jouant la montre Amazon a sa carte à jouer aussi.
En premier lieu, elle peut demander une sous licence à CANAL+ ou BeIN pour diffuser des matchs contre un chèque de la même hauteur que ce que verse Amazon. Soit 250 millions d’euros par saison.
La LFP autorise les sous licences entre diffuseurs privés sous condition du cadre légal. En tout cas, on se dirige vers une Ligue 1 éparpillé entre plusieurs diffuseurs. C’est ce que souhaite Labrune pour multiplier les additions et viser le milliard d’euros.