mardi 3 décembre 2024

Grand chelem 1977 – Jean-Michel Aguirre : « Une belle aventure humaine »

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Eric Mendes
Eric Mendes
Journaliste

Suite de notre série rétro sur les Grands Chelems du XV de France dans le tournoi. Titulaire indiscutable du XV de France, Jean-Michel Aguirre a aidé activement les Coqs à remporter le deuxième Grand Chelem de leur histoire.

Que vous reste-t-il de ce Grand Chelem de 1977 ?

Une belle histoire et une belle aventure humaine. C’est une véritable amitié qui a été notre force.

L’idée de réussir le Grand Chelem a-t-elle mûri au fur et à mesure des matches ?

La notion de Grand Chelem n’a pas été tout de suite présente. Je n’en ai pas le souvenir. L’année d’avant, on avait joué une finale pour le Grand Chelem chez les Gallois. On avait perdu avec les honneurs (19-13, Ndlr). Et redémarrer la compétition face à eux, lors de notre premier match, c’était The Team et l’objectif d’Albert Ferrasse (le président de la FFR, Ndlr) était de remporter nos deux matches à domicile.

On était dans un concert de nations où tout le monde avait des arguments. Il y avait des joueurs de niveau mondial dans toutes les équipes et des matches winners. Ce n’était pas facile comme quête. Gagner un Tournoi, c’était déjà un exploit et le Grand Chelem, on n’y pensait pas. Il fallait aller en Angleterre et en Irlande, en plus. Tout était dur.

Jean-Michel Aguirre dans une équipe de niveau mondial

Est-ce particulier d’avoir réussi ce Grand Chelem en gagnant à Twickenham ?

On avait plus un rapport de force face aux Gallois. C’était l’équipe à battre et l’un des plus beaux jeux avec l’ossature des Lions. Il y avait des joueurs charismatiques. On a joué et perdu le Grand Chelem chez eux en 1976. En 1977, on les bat pour réussir le nôtre. L’année d’après, ils nous battent une nouvelle fois pour le Grand Chelem (16-7, Ndlr). C’était notre adversaire préféré (sourire).

Comme l’a prouvé le premier match avec notamment un score de 3-3 à la mitemps…

Le match bascule sur l’essai de Dominique Harize. Il a failli ne pas aplatir dans l’en-but. Cela a permis de prendre de l’air pour finir avec une victoire 16 à 9.

Le match face à l’Angleterre a également été serré avec une victoire 4-3 !

Le buteur n’avait pas été bon. Mais on avait réussi un gros match devant. Nous étions là pour jouer. On arrive en Angleterre avec une réputation de Bad Boys. On avait eu le droit à une campagne de presse particulière… Ils nous avaient appelés la horde sauvage. Les Anglais avaient attendus pour rentrer dans le stade. On s’était fait huer et même cracher dessus. J’ai pu découvrir le fair-play anglais (sic).

Etait-ce important de valider derrière face à l’Ecosse au Parc des Princes ?

On a plus varié notre jeu sur ce match. Il y a eu des choses jolies de la part de nos avants. On a joué derrière et on s’est régalé. Il faisait du soleil. On avait bien pris les Ecossais pour remporter 23-3 cette rencontre. Il y a eu plein de mouvements. Roland Bertranne nous a fait une dernière action d’envergure.

« Je garde un son passé dans le vestiaire »

Cela vous a permis de jouer une finale pour le Grand Chelem en Irlande. Mais comment avez-vous fait pour inverser la tendance ?

On savait quoi faire alors que l’on était menés 6-3 à la pause. On avait seulement 5 minutes pour se remettre dedans. Nous avions été bons en défense. On avait une très bonne dynamique et on savait bien récupérer le ballon. Cela a basculé sur une action improbable. Jean-Pierre Bastiat marque. Le ballon avait tout pour tomber, mais c’est parce qu’il ne tombe pas que l’histoire s’est écrite.

Au départ, c’était une mauvaise passe de Jacques Fouroux à Jean-Pierre Romeu. Derrière, il me fait un coup de pied du gauche vrillé qui est récupéré par François Sangalli. Il l’a attrapé de justesse avant de finir sur Jean-Pierre Bastiat. Sur ce match, j’avais pris le relais de Jean-Pierre (Romeu) au pied. On gagne 15-6 en Irlande. On était des gagneurs. Ce n’était pas le fruit du hasard. Je n’avais même pas fait gaffe que l’on avait fini sans prendre un essai du Tournoi. Cela prouve que l’on savait défendre. Il y avait une belle dynamique de défense collective.

Quelle image gardez-vous de ce Tournoi 1977 ?

C’est un son. Toto Desclaux (le sélectionneur, Ndlr) nous avait passé la musique de l’opéra de Verdi, Nabucco, dans les vestiaires, à Dublin. J’étais dans les douches et cette musique m’avait surpris.

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