Le rugby français a perdu un de ses plus brillants fleurons en La personne de Guy Laporte. Son coup de pied hors norme a fait école et il a été un des buteurs Les plus prolifiques de sa génération.
Fin janvier, Guy Laporte s’est éteint. L’ancien ouvreur et manager du XV de France est parti à l’âge de 69 ans : « La famille du rugby français vient de perdre un grand Monsieur en la personne de Guy Laporte. Brillant demi d’ouverture du XV de France et grand président du club de Graulhet, Guy Laporte a marqué son époque par son talent. Toutes mes condoléances à sa famille et à ses proches » a tweeté Bernard Laporte, le président de la Fédération.
Le natif de Beaufort, il était le 15 décembre 1952 -, a effectivement marqué le rugby français. Formé à Rieumes, ce très grand joueur a passé pratiquement toute sa carrière dans le club de Graulhet entre 1972 et 1988. Sélectionné à 16 reprises avec l’équipe de France (19 transformations, 23 pénalités, 3 essais, 8 drops), il dispute son premier match test international le 7 février 1981 contre l’Irlande.
Son dernier contre les Fidji le 7 juin 1987 lors de la Coupe du monde. Associé à Pierre Berbizier à la charnière, il a largement contribué au Grand Chelem remporté dans le Tournoi des Cinq Nations en 1981 sous le capitanat de Jean-Pierre Rives :
« C’était un super joueur et un grand mec, a déclaré ce dernier. J’ai eu de la chance de jouer avec lui en 1981. On retiendra ses drops et ses coups de pieds gigantesques. Le bel hommage qui est rendu par le rugby français est mérité ».
Guy Laporte, une botte phénoménale
Son arme fatale ? Sa botte phénoménale. Les Irlandais l’ont appris à leurs dépens en 1981…. Deux drops et deux pénalités pourtant dans le grand vent de Dublin, le 7 février, avaient scellé la victoire des Bleus (19-13). Puis deux nouveaux drops assassins contre les ennemis jurés anglais à Twickenham (16-12), le 21 mars, avaient conduit les Tricolores vers le sacre.
Laporte remporte aussi le Tournoi en 1986. Après avoir disputé la première Coupe du Monde en 1987 (vice-champion du monde), il met peu de temps plus tard un terme à sa carrière de joueur. Pour embrasser de nouvelles fonctions avec là encore une grande passion.
Elu fédéral sur la liste de Bernard Lapasset, il devient, dès 1993, président du comité de sélection, manager du XV de France et directeur de tournée. Il joue là encore un rôle fondamental dans l’organisation des séries de tests-matches gagnés en 1993 en Afrique du Sud et en 1994 en Nouvelle-Zélande. Avec comme capitaine Philippe Saint-André et Pierre Berbizier comme sélectionneur.
« Quand il butait, c’était un sphinx »
Nommé Chevalier de la Légion d’Honneur en 1995, il est aussi gérant d’une société de cuirs et de peaux à Graulhet. Sans oublier son investissement politique. Conseiller municipal et régional sous l’étiquette RPR, il a beaucoup oeuvré pour le bien de la région Midi-Pyrénées et à Graulhet.
Sa médaille d’or de la Jeunesse et des Sports est venue compléter sa splendide implication. Son ancien équipier Jean-Pierre Garuet lui rend un vibrant hommage. Emu, « Garuche » se rappelle :
« Guy, c’était quelque chose sur le plan de l’efficacité ! On l’a remarqué ensuite avec des joueurs comme Jonny Wilkinson, ce genre d’ouvreurs toujours très appliqués pour buter. Ce que Guy a vécu en équipe de France n’a pas été le fruit du hasard.
Il était un buteur hors norme. Je l’ai noté très vite au départ à Graulhet. Il avait ce rendement phénoménal sans tambour ni trompette. Graulhet peut lui faire une statue. Cela tournait autour de lui. Combien de fois il a permis à ce petit club de lutter contre les gros.
J’ai appris à le connaître quand j’étais en tour-née avec lui. Quel travailleur il était aussi ! Quand on commençait notre entraînement lui avait déjà débuté le sien 30 minutes avant.
» Guy, c’était quelque chose sur le plan de l’efficacité » (Garuet)
Il étudiait le vent, les conditions climatiques. Il repartait après nous aussi ! J’ai alors compris qu’il n’était pas que doué. Il était très bosseur avec d’immenses qualités de buteur. Il m’avait impressionné.
C’était un perfectionniste. Les grands buteurs actuels, c’est leur métier. Ils travaillent au quotidien pour s’améliorer. Mais Guy, lui, avait déjà ce rendement dans un monde bien plus amateur. Ses drops n’étaient pas dûs au hasard ! Combien de fois il a fait gagner les Bleus et Graulhet.
Quand il butait, c’était un sphinx. On pouvait lui dire n’importe quoi. Il restait placide. Avec ce maître du coup de pied sûr, nous les avants, on était soulagés. Il nous faisait avancer en allant à gauche et à droite. Il incarnait magnifiquement cette discrétion d’ami.
C’était quelqu’un. On le respectait. Il a été également un grand dirigeant et sélectionneur. Il a demeuré notre président du Comité de sélection.
A une période où le rugby français avait vécu une petite révolution, un peu avant l’ère du professionnalisme en 1995, il avait fallu opérer ce relais et Guy était à la baguette. On avait nos caractères. Mais quand cela élevait la voix, il avait ce charisme pour calmer les excités ».
Comme il le faisait si bien sur le terrain avec ses adversaires et ses coups de pieds venus d’ailleurs !
© Photo Le Républicain Lorrain