Colette Besson a remporté l’une des plus surprenantes médaille française de l’histoire des Jeux. Pas attendue, elle a surpris toutes ses adversaires et a sauvé le bilan de médailles de l’athlétisme français sur ces JO de Mexico en 1968.
Mai 1968, la France vit au rythme des grèves et des contestations. A Font-Romeu, une athlète, Colette Besson, professeur d’éducation physique, se prépare pour l’une des courses les plus importante de sa vie, le 400 mètres des Jeux Olympiques qui se tiennent, cette année-là, à Mexico. Ce stage en altitude doit lui permettre de préparer son organisme pour Mexico (2245 mètres d’altitude).
Colette Besson débarque au Mexique sans grandes ambitions, elle possède le 23ème temps des engagées et elle espère secrètement être finaliste, ce serait déjà une belle récompense pour elle. Alors quand elle se retrouve sur la plus haute marche du podium, c’est une belle surprise, personne n’attendait la Française à ce niveau de performance. Interrogée sur le sujet après la course, Colette Besson a tenté d’expliquer pourquoi elle avait été plus à l’aise que ses adversaires ce jour-là :
« J’ai été en altitude de mai à septembre à Font-Romeu pour m’adapter à courir en altitude. J’ai eu le temps de m’habituer aux conditions de Mexico. Ce qui explique mon état de fraîcheur dans la dernière ligne droite alors que mes concurrentes n’avaient certainement pas eu une préparation aussi longue et elles ont énormément souffert. »
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Colette Besson pulvérise les records
En plus du titre olympique, elle bat le record olympique, le record d’Europe (52’’03) et son record personnel bien sûr. Et elle n’échoue qu’à un dixième du record du monde. Sur la ligne d’arrivée, elle devance sur le fil la grande favorite Lilian Board et Natalya Pechonkina qui prend la médaille de bronze :
« Je suis montée en puissance au fil des courses. Mon entraîneur me disait : « Tu vas faire 52 secondes et tu ne seras pas loin du podium. » J’étais très heureuse de montrer que tout le monde s’était trompé. Lui, il croyait en moi. J’avais un désir de revanche car on n’avait pas été très gentil avec moi. J’ai eu beaucoup de bâtons dans les roues. On disait que mon entraîneur avait un chronomètre en bois… »
A l’époque, Colette Besson est, en effet, en conflit avec sa Fédération. Au début de l’année, elle a été exclue de l’équipe de France après avoir refusé de participer à un stage de préparation obligatoire alors qu’elle devait disputer les championnats d’Europe. En juillet, elle dispute et gagne les championnats de France avec une licence individuelle. A l’approche des Jeux, les relations avec la Fédération ne s’améliorent pas, les instances n’aiment pas son entraîneur, Yves Durand-Saint-Omer, et ses méthodes, et il n’a pas l’autorisation d’aller au Mexique.
« J’étais très heureuse de montrer que tout le monde s’était trompé »
Colette Besson n’imagine pas courir sans la présence de son entraîneur. Il voyage donc au Mexique à ses frais et comme il ne peut pas avoir d’accréditation il trafique sa carte de pêche pour rentrer dans le stade ! Mais Il y parvient, son élève est rassurée de le voir dans les tribunes. Il assistera en direct à l’avènement de celle en qui il a toujours cru. La Fédération pouvait la remercier, elle a sauvé le bilan français. Elle a ramené à la France la seule médaille d’or en athlétisme de ces Jeux Olympiques de 1968, de quoi faire pleurer le Président Charles De Gaulle !
Le relais 4×100 mètres avec Roger Bambuck notamment ramenant la deuxième et dernière médaille en terminant troisième. La suite de sa carrière est rythmée par le duel avec son amie Nicole Duclos. En 1969, les deux copines terminent dans le même temps à la 1ère place des championnats d’Europe, mais Duclos est déclarée vainqueur d’un cheveu. Elles établissent un nouveau record du monde en 51’’7 :
« On savait qu’on se valait toutes les deux. Lors des échauffements, on se regardait, mais on ne se parlait pas alors que d’habitude on se parlait toujours. On essayait de ne pas être l’une contre l’autre. On Nous avons toujours été des amies alors que beaucoup ont essayé de nous opposer. Nous avions fait le CREPS ensemble. On était dans la même chambre » se souvient Nicole Duclos.
En 1972, Colette Besson participe à ses deuxièmes Jeux Olympiques, à Munich, mais elle est éliminée en série. Surnommée la petite fiancée de la France depuis son succès à Mexico, Besson mettra un terme à sa carrière en 1977. En 2005, elle succombera à un cancer du poumon à l’âge de 59 ans seulement.
Le saviez-vous ?
La Française qui lui a succédé au palmarès olympique du 400 m Marie-José Pérec est née… en 1968, l’année du sacre de Colette Besson. Pérec a été son héritière vingt-quatre ans après en 1992 à Barcelone, Colette Besson était dans les tribunes.