Devenu au fil des ans, le visage du volley-ball français, Earvin Ngapeth avait été l’un des principaux artisans lors de la médaille d’or de Tokyo en 2021. Au moment de défendre son titre olympique, en France, le MVP des Bleus compte bien repousser l’adversité pour inscrire encore son nom en or.
C’gars. » Yves Logeais n’oubliera jamais ce jeune homme qui lui a permis de devenir champion d’Europe en 2009 avec les U19. Agé alors de 18 ans, Earvin Ngapeth commençait déjà à se faire une place de choix dans le paysage du volley-ball tricolore. Pascal Foussard, manager de Tours et de l’équipe de France, s’en souvient encore.
« Je l’ai vu arriver à Tours, il avait 17 ans. J’ai passé trois années avec son père et lui. Je l’ai vu éclore et progresser pour prendre un espace incroyable à Tours, malgré son jeune âge, puis en équipe de France. C’est un joueur capable d’inventer des gestes techniques. On le copie. Il a réinventé des choses du volley-ball. C’est un génie quelque part. »
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Ngapeteh en route pour une deuxième médaille olympique
Passionné de sport (NBA, foot…) et de musique il a sorti un album intitulé 2024 Earvin Ngapeth est un sportif accompli qui aime tout simplement jouer.
« Quand il avait 3-4 ans, il courrait déjà derrière un ballon, se souvient Pascal Foussard. Aujourd’hui, c’est toujours pareil. Il est dans le jeu total. Il a gardé une fraicheur incroyable, ce qui est rare dans le monde professionnel. C’est aussi une force. C’est grâce aussi à l’éducation de son père et de sa mère. Le volley reste un jeu. »
« C’est le jeu qui prime avant tout. Que ce soit une finale olympique ou un match de foot dans son jardin avec son fils, c’est pareil. Il a tellement ce côté insouciant qui l’amène à la performance. Il est difficile d’analyser les phénomènes. Lui, c’est un phénomène. On ne sait jamais quand il va le faire, mais il le fait toujours. Tous les titres de l’équipe de France l’ont été avec lui. Tout comme les qualifications aux JO. Il est capable de se transcender de façon incroyable. »
Champion d’Europe Espoirs avec Ngapeth, son sélectionneur Marc Francastel confirme qu’il est bel et bien un joueur à part. « A l’époque, il était déjà un énorme compétiteur. Il se donnait à fond. Il était surclassé. Quand on a été champions d’Europe juniors, il était encore cadet international. Il jouait sans problème avec des plus âgés. C’était une équipe ambitieuse (avec Toniutti, Tillie, ou encore Corre). On était allé à Font-Romeu pendant les JO de 2008, on les regardait ensemble et les joueurs avaient déjà l’ambition d’y être un jour. Ils avaient confiance en eux. C’était agréable de travailler avec eux. »
Avant de confirmer l’idée que « ce sont des joueurs qui aiment le challenge et les défis. Je suis convaincu qu’ils ont ces JO en tête depuis longtemps. Ils donneront le maximum pour performer. Ils aiment ces défis-là. Il ne faut pas les juger sur l’été dernier, mais sur ce qu’ils ont déjà fait. J’ai confiance dans ce qu’ils peuvent faire. On sent que les jeunes sont ambitieux et qu’ils veulent gagner des titres grâce à ce que réalisent des joueurs comme Earvin. Il y a une confiance en plus avec des générations qui ont montré la voie. »
« Los Angeles est dans un coin de sa tête… »
Ancien coéquipier d’Earvin Ngapeth en équipe de France, Yannick Bazin ne manque pas de confirmer que la star des Bleus est un cas à part. « Ngapeth réinvente le volley à sa manière. Il a un côté artistique. Ervin invente des choses. Il n’a pas peur. Par rapport à son physique, il n’a pas un physique de dingue. Ngapeth a une bonne épaule, mais surtout une intelligence de dingue. Il a une palette de coups élargis. Il est difficile à lire. »
« Dès qu’il est affûté, il est injouable. Il est impressionnant. Il est toujours dans le défi. On est un sport sans contact. Ça l’énerve un peu, mais il a ce truc qui cherche à vouloir prendre le dessus physiquement aussi. Il marche aux challenges. Ngapeth va tout faire pour les réussir. Il tente toujours. On n’est plus surpris d’être surpris (sic). Il est différent des autres. Il ne doute jamais. »
Toujours souriant, Earvin Ngapeth est un symbole pour beaucoup de jeunes. C’est une star dans un sport pas trop médiatisé et bien que depuis ses années à Tours, jusqu’en 2011, il fait surtout sa carrière à l’étranger (Piemonte Volley, Kouzbass Kemerovo, Modène, Zenit Kazan, Modène, Ankara). Mais c’est à travers l’équipe de France et ses titres (Olympique, Ligue mondiale, Ligue des Nations) qu’il écrit sa légende.
« Il fait une saison correcte, raconte Yannick Bazin. C’est le bon choix d’être allé en Turquie. Ngapeth a retrouvé le rythme. Il sait que ça peut être sa dernière compétition. Il se prépare à 100% pour les JO. Ervin les a en tête. » Pascal Foussard ne peut que confirmer.
33 ans et les derniers JO en Europe
« Ça le motive depuis trois ans et depuis que la dernière balle est tombée à Tokyo. Ils avaient déjà cela en tête et de faire les JO à Paris et d’y briller. C’est en lui. Il a une force mentale incroyable. J’ai connu peu de joueurs comme lui. Il s’est déjà focalisé sur les JO de Paris depuis un moment. Il se prépare maintenant physiquement pour cet objectif. »
Mais, à 33 ans, ça ne devrait pas être ses derniers JO, surtout si son physique le laisse tranquille. « Il a une volonté de pousser jusqu’à Los Angeles, révèle Pascal Foussard. Ça le porte aussi. C’est dans un coin de sa tête quand on voit Teddy Riner qui y pense. Je sens que Earvin peut encore soulever des montagnes. »
S’il était pour Laurent Tillie, son MVP, son fer de lance et son meilleur joueur, Pépèth comme il est surnommé affectueusement, sera un homme à surveiller à Paris. Car quand Earvin Ngapeth a un objectif en tête, très souvent, il réussit à le concrétiser.
Le saviez-vous ?
Si Earvin Ngapeth porte ce prénom, c’est en hommage à l’ancienne star américaine des Lakers de Los Angeles et de la Dream Team de Barcelone 92, Magic Johnson dont le prénom et Earvin. Et l’idée de pousser jusqu’aux JO de Los Angeles en 2028 va dans ce sens.