jeudi 19 septembre 2024

Jacques Vendroux : « Je déteste le mot retraite »

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Né le 1er mars 1948, Jacques Vendroux fête ses 75 ans aujourd’hui. Plus actif que jamais, le journaliste d’Europe 1 se livre, sans langue de bois.

La situation est paradoxale : alors qu’une partie de la France est dans la rue pour ne pas travailler jusqu’à 64 ans, Jacques Vendroux fête ses 75 ans derrière un micro. Si l’emblématique journaliste, aujourd’hui à Europe 1, a duré aussi longtemps, c’est avant tout parce qu’il est passionné et a toujours des projets en cours pour le faire avancer. Et quand ce n’est pas dans son métier, c’est avec le Variétés Club de France, avec qui il sera chez le Pape François dans trois semaines. Avec Vendroux, pas question de parler de retraite, un mot qu’il déteste, mais pas de problème pour aborder tout les autres sujets, sans langue de bois.

Vous fêtez vos 75 ans, en pleine activité à Europe 1, vous n’avez pas honte de travailler à cet âge là ?

(Sourire)

Quand vous voyez des gens descendre dans la rue pour ne pas devoir travailler jusqu’à 64 ans, ça vous fait quoi ?

Rien. Je ne m’intéresse pas à ce combat. Chacun est libre de voir les choses comme il lui plait, mais ce n’est pas mon combat.

« Je n’ai pas envie de m’arrêter, parce que je suis un privilégié »

C’est quoi qui fait qui que l’on se retrouve encore à travailler à 75 ans, la passion ?

C’est ça, oui. La passion. C’est l’envie d’avoir envie, être bien dans sa tête. Moi, je ne peux pas m’en passer pour le moment, c’est tout. Je ne critique personne, mais déjà, au départ, le mot « retraite » me gonfle. Je n’aime pas ce mot. Mais ce qui me gonfle encore plus, c’est quand je rencontre quelqu’un qui à un 55 ans et qui me dit : « Dans tant d’années et 7 jours, je suis à la retraite, et j’attends ça avec impatience ». Et des gens de notre métier ! C’est fou ! On fait le plus beau métier du monde.

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Cette différence entre vous et les gens dans la rue, elle est difficile à comprendre ?

Je comprends les gens qui ont un métier difficile, certains qui sont horribles… Il faut bien manger, je les comprends, et je comprends aussi pourquoi ils ont envie de s’arrêter le plus tôt possible. Mais des gens comme nous… on est des privilégiés. Je n’ai pas envie de m’arrêter, parce que je suis un privilégié. Je fais ce métier depuis 1966 ! ça fait plus de 56 ans !

Et ce n’est pas prêt de s’arrêter si on a bien compris…

J’ai encore une année avec Europe 1, où ça se passe bien. Je vais sans doute aller jusqu’au Jeux Olympiques.

Le moteur, ce sont les projets, toujours des projets ?

Et le présent, qui est extraordinaire. Je m’éclate à Europe, ou je travaille avec des belles personnes. Que ce soit Lionel Rosso, Jean-François Peres, Donat Vidal Revel, Christophe Carré… J’ai beaucoup de plaisir à travailler avec eux, à m’investir. J’ai passé une Coupe du monde exceptionnelle.

Évidemment que j’ai des projets… Tu veux essayer d’interviewer celle ou celui que personne n’a réussi à interviewer, des projets d’émissions… La grande qualité à Europe, c’est qu’on est libre. On a une liberté éditoriale incroyable ! Je travaille aussi pour CNEWS, ce sont des mecs bien. D’ailleurs, on l’a vu, CNEWS a été attaqué par la Ministre, et l’ARCOM (organisme qui remplace le CSA) est intervenu pour rétablir les choses.

« Au Qatar, quand je dis qu’il y a beaucoup de mosquées, c’est juste une blague »

CNEWS a quand même l’image d’une chaine très à droite…

Pas tant que ça. Et puis, c’est un programme qui plait. Pascal (ndlr : Praud, qui est un ami de Jacques), il a trouvé son créneau, c’est un mec intelligent. J’ai beaucoup de plaisir à intervenir tous les vendredis (ndlr : 10h20) dans son émission. Lui aussi me laisse une liberté totale, il découvre ma chronique à l’antenne…

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Pendant la Coupe du Monde, il y a eu un petit dérapage, quand vous avez remarqué à l’antenne qu’il y avait « beaucoup, mais vraiment beaucoup de mosquées » au Qatar… On vous l’a beaucoup reproché.

Je suis dans le taxi à ce moment là… C’est une blague, pas du tout un manque de respect. J’aurais pu dire plein d’autres choses. Il faut le prendre au premier degré. Il faut relativiser, je n’ai jamais manqué de respect à personne. Je suis très ami avec des imams, ils ont pris ça très bien.

« Le COMEX de la FFF, c’est : « Mais où est donc passée la 7ème compagnie ? » »

Vous qui avez tout vu, tout entendu au cours de votre carrière, comment vivez-vous ce qui se passe à la Fédération française de foot ?

C’est pathétique ! Il faut mettre un terme à tout ça. Il fallait que Noël Le Graët s’en aille, et Dieu sait si j’ai beaucoup d’amitié pour lui, mais il faut que ça s’arrête et que tout le monde retrouve de la sérénité. Là, c’est ridicule. Il y a eu un rapport, il y a des faits qui sont reprochés. Je trouve que le COMEX (ndlr : comité exécutif composé de 13 personnes, y compris le président, qui dirige la Fédération), c’est « Mais où est donc passée la 7ème compagnie ? », ils ne savent plus où ils en sont.

Vous comprenez que le COMEX soit resté en place ?

C’est la loi qui veut ça. Aujourd’hui, la priorité est de retrouver la sérénité, avec des hommes comme Philippe Diallo et Albert Gemmrich.

Un regard aussi sur le choix très fort de Wendie Renard de se mettre en retrait des Bleues. Vous la connaissez bien…

Mais elle a raison ! Elle a dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Mais au COMEX, Ils ont peur de prendre des décisions, ils sont ridicules !

Vous voyez qui pour succéder à Noël Le Graët ?

C’est Jean-Michel Aulas qui doit devenir président. Lui, il a le niveau, c’est le seul mec qui est crédible. Regarde ce qu’il a fait avec son club depuis 30 ans ! C’est pas une trompette. D’autres peuvent aussi. Jean-Pierre Rivère, pourrait le faire, c’est un mec de grande classe, mais il faudrait qu’il lâche son club. Michel Denisot peut être président. Pendant deux ans, en attendant les prochaines élections, il peut assurer l’intérim.

« Michel Platini ne veut pas être président de la Fédération »

Et Michel Platini, que vous connaissez très bien ?

Il ne veut pas. Pour le moment, il ne veut pas. S’il revient, c’est dans un rôle différent. Conseiller du président, président d’honneur… Quoi qu’il arrive, si on a besoin de lui, il ne laissera pas tomber le football français, mais pour l’instant, il ne veut pas être président de la Fédération.

Parlons un peu du Variétés Club de France pour terminer…

(Il coupe) Tous les samedis, on a un match. Tous les samedis sont pris jusqu’à fin 2023.

Et vous êtes toujours au bord du terrain ?

Tous les samedis, je suis là. Je n’ai pas manqué un match depuis 52 ans.

Le prochain grand rendez-vous, c’est au Vatican…

On va passer trois jours chez le Pape François, du 21 au 23 mars, avec un match contre une sélection des prêtres du Vatican, sur le terrain du centre d’entraînement de l’AS Roma (match le 22/03 à 16h30).

« J’aimerais faire l’interview de Joe Biden »

Des prêtres ?

Oui, ils ont une équipe (ndlr : la « Squadra del Papa-Fratelli Tutti »), il y a de bons footballeurs. C’est la deuxième fois que le Variétés se rend au Vatican (ndlr : le VCF a été reçu par le Pape Benoît 16 en juin 2009). Le match est organisé par Monseigneur Emmanuel Gobillard, Evèque de Digne qui a été chargé par le Pape de faire entrer le sport dans l’église.  

Jacques, on peut vous souhaiter quoi pour 2023 ? De réussir cette fameuse interview impossible ? C’est qui ?

Joe Biden (ndlr : président des États-Unis), je voudrais savoir s’il aime le sport. J’ai plein d’autres petits challenges que j’aimerais réussir, mais je ne peux pas trop en parler pour le moment…

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