Arrivé en cours de saison dernière, l’ancien entraîneur du Paris Basketball, Jean-Christophe Prat a réussi l’impossible : maintenir Gravelines après 10 défaites en 10 matches ! Cette saison, il faut néanmoins tout reconstruire. Entretien pour France Basket et Le Quotidien Du Sport.
Comment voyez-vous cette nouvelle saison ?
Gravelines fera partie des petits budgets. La seule chose que je peux faire, c’est d’essayer de faire en sorte que ce qu’on a accompli cette année devienne nos fondations et notre héritage pour essayer de rebâtir le BCM de demain.
Avez-vous hésité à prolonger jusqu’en 2026 ?
Il me restait un an de contrat. C’était la volonté des deux parties de continuer à travailler ensemble. Il y a tout à rebâtir pour le BCM avec sans doute un projet sportif différent. Et puis, pendant deux ans on va être SDF, on n’aura pas de salle fixe puisqu’on va jouer à Dunkerque et qu’uniquement dans deux ans on aura une salle modulable provisoire parce que le Sportica ne sera pas reconstruit avant quatre ou cinq ans.
Cela ne vous fait-il pas peur ?
Non parce que j’aime bâtir les projets, c’est ce que j’ai fait dans tous les clubs dans lesquels je suis passé. Je souhaitais qu’on ait une salle H 24 pour pouvoir s’entraîner et la ville de Gravelines et le club ont fait le nécessaire pour qu’on puisse avoir, dès la pré-saison, une salle d’entraînement à nous qui va être un vrai lieu de vie, un vrai plus pour le BCM où nos U18, notre centre de formation, nos espoirs et les pros pourront s’entraîner quotidiennement.
Pourquoi avez-vous accepté en octobre dernier cette mission commando à Gravelines ?
J’étais revenu pour vivre une aventure en Euroligue avec TJ Parker et Pierrick Poupet. A partir du moment où l’ASVEL a pris la décision d’écarter TJ, il y a eu l’opportunité de signer à Gravelines. J’ai trouvé que l’aventure humaine pour laquelle j’étais venue n’était plus la même, donc c’est pour ça que j’ai pris la décision de signer à Gravelines.
Pierrick Poupet a finalement récupéré le coaching après l’échec Pozzecco. Ça aurait pu être vous si vous étiez resté…
Je suis surtout extrêmement content et fier de Pierrick parce que ce qu’il a réussi à faire, franchement, c’est super et je ne souhaite qu’une chose, que quelqu’un redonne une chance à TJ Parker parce que c’est un vrai bon coach. J’ai appris plein de choses en trois mois avec lui. Les gens oublient une chose, il a gagné beaucoup de titres avec l’ASVEL. Vous ne gagnez pas des titres si vous n’êtes pas compétent. J’espère sincèrement pour lui qu’il va rebondir et le club qui l’engagera fera une belle affaire. J’ai travaillé avec lui pendant trois mois et demi, ça travaille, c’est honnête, c’est droit et c’est très compétent.
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« On va pousser Roman Domon cette saison »
Le Paris Basketball a réussi une saison historique. Ne regrettez-vous pas de ne pas être le coach qui mènera cette équipe en Euroligue ?
Je suis surtout très, très fier des quatre saisons que j’ai faites au Paris Basketball où j’ai pris le club la première année. Il fallait absolument se maintenir alors que j’avais été engagé fin juillet.
La 2ème année, on ne l’a pas finie en raison du Covid. La 3ème, on est monté et la 4ème on s’est maintenu. Que voulez-vous que je fasse de plus ! A jamais je serai toujours le premier entraîneur du Paris Basket-ball.
Quel sera le visage de Gravelines la saison prochaine ?
A partir du moment où on sait qu’on a une baisse de masse salariale importante, la priorité des priorités dans le recrutement, ça aura été de conserver les joueurs qu’on souhaitait conserver. Nos 4 JFL sont restés. Thomas Cornely, Vafessa Fofana, Valentin Chery et Roman Domon. On va pousser Roman parce qu’on estime qu’il a vraiment du potentiel. C’est un joueur né en 2005. Nous avons resigné Tajuan Agee et Chris Babb. On a 6 joueurs professionnels. On va certainement partir qu’avec 9 pros et donc avoir un 10ème joueur qui sera issu de notre centre de formation. Et on ne partira qu’avec 5 étrangers au lieu de 6.
Jusqu’où peut aller Roman Domon ?
Le plafond de Roman, il est élevé. Après, la saison prochaine va être vraiment importante pour lui. Tout sera dans ses mains, c’est lui qui fera en sorte d’atteindre son plafond. Mais Roman, sur les joueurs de la génération 2005, il a quelque chose que peu d’entre eux ont, il a beaucoup de créativité. C’est un garçon qui a besoin d’avoir la balle dans les mains.
Cornely, c’est un peu la déception de la saison dernière. En attendez-vous davantage ?
Tout le monde sait que sa première partie de saison a été compliquée. C’était la première fois qu’il quittait un club dans lequel il avait joué six ou sept ans. Je trouve qu’il a fait une deuxième partie de saison plutôt cohérente. On va essayer de l’accompagner pour qu’il redevienne le joueur qu’il était à Blois.
Jean-Christophe Prat mise sur une stabilité financière pour voir plus haut
Avec des moyens moins importants, les ambitions seront-elles revues à la baisse ?
Les ambitions au BCM sur les deux prochaines saisons, c’est d’essayer de se maintenir sereinement. Le BCM sort de beaucoup de saisons où il a annoncé avoir de gros objectifs et, au final, ça fait plus de 8 ou 9 ans qu’il n’a pas fait les play-offs (depuis 2015/2016, Ndlr). Ça ne veut pas dire qu’on n’aura pas l’ambition d’aller accrocher un strapontin en play-offs pour être la bonne surprise du championnat comme l’a été cette année Saint-Quentin ou Le Portel…
Face aux armadas Monaco, l’ASVEL, Paris, cela ne devient-il pas de plus en plus compliqué de rivaliser ?
Bien sûr, mais ce n’est pas notre championnat., et il faut des armadas. On a longtemps souffert dans le basket français de ne pas avoir d’équipe qui jouait l’Euroligue. Aujourd’hui, on en a trois ! C’est une vraie fierté. Ça va nous tirer vers le haut.
Quelle serait une saison réussie pour vous ?
Ce serait une saison où on réussisse à ce que Roman Domon atteigne ses objectifs, performe avec l’équipe et que le BCM se maintienne sereinement et soit peut-être le poil à gratter du championnat.
La 2ème saison est toujours la plus compliquée, on l’a vu avec Laurent Legname qui a été coupé après avoir sauvé le club…
Chaque saison est compliquée ! On aura certainement l’une des plus petites masses salariales, mais ça ne me fait pas peur.
La salle qui est partie en fumée est-elle encore dans toutes les têtes ?
A Gravelines, les gens sont toujours affectés. C’était aussi un lieu de vie. Il y avait un restaurant, une piscine, une salle de boxe, des cours de tennis, un bowling, du roller, des concerts… Ce sont pleins de souvenirs et des pans de vie qui sont partis en fumée. On a une opportunité de reconstruire reconstruisons. On ne vit pas dans le passé, maintenant il faut avancer mais c’est facile à dire, c’est plus compliqué à faire.