Doyen des coachs de Betclic Elite derrière le coach de Chalon Savo Vucevic (66 ans contre 64), Jean-Denys Choulet, champion de France avec Roanne en 2007 et Chalon en 2017, est avant tout un passionné. Entretien réalisé pour France Basket et Le Quotidien du Sport.
Quelle lecture faîtes-vous de l’exercice précédent ?
On est plutôt satisfaits. Si on n’avait pas eu certains blessés dans la dernière ligne droite, on aurait peut-être été en playoffs. On finit à une victoire derrière Gravelines. On a achevé les derniers matches avec Maxime Roos out, certes remplacé, mais Kyle Foster pas vraiment. Cela nous a enlevé deux joueurs du cinq de départ. On n’a pas d’effectif à rallonge et on a besoin de tous nos hommes. On a eu aussi un meneur sur courant alternatif. Plutôt sur la phase négative en fin de saison…
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Que visez-vous la saison prochaine ?
On va essayer d’accrocher les playoffs en grappillant des places. Les joueurs qui passent chez nous se bonifient. Ils ont de gros contrats en partant. Les agents le savent pertinemment. On n’est pas un club à gros budget, mais on fait des choses propres, collectivement. On a fini meilleure attaque du championnat devant Monaco.
C’est une grande fierté quand on sait leur masse salariale et la nôtre (10 809 000 euros contre 1 586 000 euros, Ndlr). On est aussi premiers en passes décisives et premiers à l’évaluation. Pas loin d’être premiers aux contres également. En recrutant des joueurs un peu plus défensifs, on peut vraiment prétendre à faire quelque chose d’intéressant. A moi de m’attacher les services de joueurs qui ont une fibre défensive plus que lors de ces dernières années.
Comment êtes-vous parvenu à attirer le Villeurbannais Antoine Diot ?
Ce n’est pas l’argent qui fait courir aujourd’hui Antoine. Il préfère passer plus de temps sur le terrain que sur le banc. Il sera la première rotation poste 1, première rotation poste 2. Donc il aura du temps de jeu. Je compte aussi sur lui sur le fait que la mayonnaise prenne avec Maxime Roos et Yannis Morin. Avec son vécu, il sera capable de guider également les meneurs ayant un déficit d’expérience.
Ce n’est pas avec l’argent qu’on a réussi à l’attirer, mais pour le plaisir qu’il pourra prendre chez nous. C’est un joueur qui aime bien l’attaque. Il aime bien faire des passes et être dans un collectif. Cela peut donc matcher. Il est aussi ce type de joueur quand il est ouvert, cela tombe dedans.
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« On a fini meilleure attaque du championnat devant Monaco ! »
Avec son CV, c’est aussi une belle image renvoyée pour le club.
On avait pour habitude d’avoir des joueurs étrangers très performants. Il se trouve que depuis Roos et Morin, on a attiré des gens plutôt sur le devant de la scène. On a réussi un autre bon coup avec Kadri (Moendadze, Ndlr). C’est un très bon joueur qui, pour le coup, était un peu caché à Aix-Maurienne. Attirer maintenant Antoine Diot, c’est tout bénéfice. Ce genre de joueur n’est pas toujours facile à trouver et surtout à garder.
Pensez-vous que la notion de plaisir se perde dans le basket moderne ?
Maintenant, la première chose pour un joueur, c’est d’atteindre la draft. Ensuite faire les Summer League. Troisièmement attendre qu’une équipe d’Euroligue l’appelle. Et éventuellement après il regarde… C’est inquiétant. On fait miroiter des choses qui ne sont pas forcément vraies. On est en train de dériver dans tout ce qui est mauvais au football. Quand on voit les salaires proposés au foot, c’est indécent.
Tant mieux pour Karim Benzema, mais quand je vois l’argent qu’on lui a proposé, c’est indécent. Quand on voit aussi ce qui se passe en NBA, avec cette façon de s’entraîner, de s’habiller avec le jogging, la cagoule, cela ne renvoie pas du tout une bonne image pour les jeunes générations. Il y a certes des zéros au bout du salaire, mais ce n’est pas le plus important. Il y a heureusement encore quelques joueurs comme Diot qui l’ont compris.
Quel a été l’axe majeur de votre recrutement ?
On a gardé Yannis Morin (jusqu’en 2024, Ndlr) et on a confirmé Roos sur deux ans (jusqu’en 2025, Ndlr). Kadri est encore là un an (jusqu’en 2024, Ndlr). On verra si on le prolonge à mi-saison. Ce n’est pas non plus évident de trouver un Français en rotation poste 5. J’étais en contact avec Kris Clyburn pendant plus de deux mois. Il était intéressé, mais il avait une volonté énorme de faire une Coupe d’Europe. Il a finalement signé à Gravelines.
Il a probablement dû obtenir 5000 à 6000 euros de plus. Notre recrutement est donc axé sur un meneur créateur, un poste de shooteur, un poste 3 capable de se lâcher, un poste 4 déjà recruté, qui est costaud. Il est l’opposé de Roos. Notre équipe aura pour mission de faire beaucoup mieux au niveau défensif.
Vous avez été double champion de France comme coach (en 2007 et 2017), quel rêve voulez-vous encore atteindre ?
A une époque, c’était de gagner un 3ème titre de champion de France dans trois clubs différents. Chose que personne n’a jamais faite. En restant à Roanne, en privilégiant le cœur plus qu’autre chose, c’est dur d’y arriver. Une Coupe de France ou une Leaders Cup, à la limite, mais pour le reste c’est pratiquement impossible… Désormais, je veux surtout asseoir le club de Roanne au niveau structurel, logistique et basket à haut niveau.
Et quand pensez-vous arrêter de coacher ?
J’ai encore un contrat d’un an. Tant que j’aurai la passion ! Avec la passion, on peut aller très loin.