lundi 2 décembre 2024

Jean-Michel Justumus (Auch) : « Une renaissance ! »

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Eric Mendes
Eric Mendes
Journaliste

Jean-Michel Justumus revient sur l’actualité du RC Auch, qui a connu bien des galères. En 5 ans, le club a connu quatre montées consécutives mais ne pense pas une seconde au TOP 14.

Etes-vous heureux de voir le rugby à Auch retrouver la lumière ?

Le rugby à Auch a été créé en 1895. Cela fait presque 130 ans qu’il y a du rugby à Auch. Cette période faste s’est interrompue en 2017. Le FCA a disparu et on a recréé un club ; le RCA. Au bout de cinq ans, malgré plus d’une année de Covid, on retrouve pleinement nos activités. Petit à petit, on a effectivement retrouvé la lumière. On continue de structurer le club, à tous les niveaux. C’est un gros travail qui a été réalisé.

Quatre montées consécutives, un exploit

Etait-ce espéré de remonter aussi vite avec quatre montées successives ?

Dans le sport, c’est toujours difficile de prévoir. Quand on démarre une entreprise ou un club, il faut présenter un projet. Ce dernier prévoyait de retrouver la Fédérale 1 en cinq ans. On l’a fait plus vite. On a rejoint la Fédérale 1 en trois saisons. Il y a eu la Covid qui a stoppé notre élan et cette année on a pu accéder au Nationale 2.

C’est notre 4ème montée de suite. C’est allé plus vite que prévu. On a réussi aussi à mobiliser des finances qui nous ont permis de progresser sur le plan de nos recettes et aller alimenter cette remontée sportive. On a aujourd’hui 17 équipes en compétition et toutes ont su monter conjointement. De l’école de rugby aux Espoirs, en passant par les Cadets, les Juniors et les filles, on a su mobiliser des énergies pour retrouver la confiance de nos équipes et nos partenaires. Cette remontée ne sera possible que si cette confiance perdure dans le temps. Avec des supporteurs fidèles qui viennent au stade.

Etait-ce plus dur de démarrer ce cycle vertueux ou de le pérenniser maintenant ?

Il y avait un doute au début. La grande majorité des partenaires avaient essuyé avec douleur la fin du FCA en juin 2017. C’est toute une ville qui avait souffert dans son ensemble. On n’était pas sûr de retrouver une assise financière en lançant le nouveau club.

Tous les dirigeants avaient mis un chèque pour impulser le nouvel élan. Petit à petit, on est allé chercher un partenaire et de l’aide financière. Ce n’est qu’après que l’on a pu parler du sportif. Il y avait des interrogations sur la faisabilité d’un tel projet. Comme on partait bas, les besoins n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui. On a commencé à gagner et la dynamique positive et vertueuse s’est mise en place. Cela a permis cette renaissance. Les débuts ont été difficiles. Aujourd’hui, on doit continuer à progresser à tous les niveaux pour faire fonctionner notre club.

« Retrouver les derbys face à Dax et Tarbes »

Au regard de l’histoire du rugby à Auch, était-ce vital de réussir le projet du RCA ?

Le club de rugby d’Auch est une institution. Depuis toujours. Tous les dirigeants doivent la servir, la protéger, l’embellir, la faire progresser et rayonner. C’est notre job. Ça se traduit par des résultats sportifs. On est dans cette obligation de résultats. On a aussi créé un groupe Elite qui propose aux joueurs les plus prometteurs un entraînement de plus par semaine pour progresser et commencer à se frotter à l’exigence du haut niveau. La formation ne manque pas d’exemples. On peut parler d’Antoine Dupont, Pierre Bourgarit, Anthony Jelonch ou Grégory Alldritt.

Ils ont au moins passé quatre ans chez nous. Alldritt est même arrivé à 8 ans. Après, ils se sont fortement améliorés en allant respectivement à Castres ou La Rochelle. Ils sont rentrés dans une structure professionnelle où ils pensaient rugby au quotidien. Si on veut exister en Nationale 2 ou en Nationale après, il faut s’entraîner davantage, à tous les niveaux. Mais on est encore loin du statut pro. Néanmoins les résultats passent par le travail et la professionnalisation. On rêve de Pro D2, mais c’est dans le domaine de l’impossible. En Nationale 2, on fait déjà partie des 60 meilleurs clubs français. Notre place est bien là. Si on peut passer dans les 50 avec le Nationale, ce sera déjà bien.

Auch ne croit pas pour le moment au TOP 14

Jusqu’où peut grandir le RCA ?

On a un championnat avec Nationale et Nationale 2. Pro D2, il faut au moins 9 M€ de budget. On en a 1 M€. L’an prochain, on monte à 1,2 M€ en Nationale 2. On espère être à la lutte pour la qualification et les quatre premières places. On n’arrivera jamais à plus de 5 M€. On doit pouvoir rivaliser avec des clubs comme Tarbes qui se trouve en Nationale, ou encore Dax et Albi.

On peut retrouver les matches de championnat qui nous opposaient il y a 20 ans. Toulouse, Castres, Bordeaux et même Agen, on ne les verra plus. On doit pouvoir retrouver dans un ou deux ans des derbys passionnants face à Tarbes ou Dax. C’est bien pour les supporteurs. On va vite atteindre nos limites financières. On pourra faire illusion, mais il faudra se montrer réalistes comme le FCA pendant 10-15 ans, en Pro D2, en étant le plus petit budget professionnel.

Au regard des anciens qui brillent en Top 14 comme Alldritt, Bour[1]garit, Corato, Jelonch et bien évidemment Dupont, espérez-vous les revoir à Auch à la fin de leurs carrières ? On a l’exemple d’Arnaud Mignardi. Il a commencé à 5 ans à l’école de rugby d’Auch. Il est parti faire sa carrière professionnelle au début des années 2000.

Il revient à Auch, à 34 ans. Il avait décidé de finir sa carrière. C’est exceptionnel. Après avoir été pendant deux ans entraîneur à Dax, il revient jouer à Auch. Parmi les internationaux, c’est le premier à revenir depuis la mort du FCA. Ça peut donner des idées aux autres (sourire).

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