Le sprint français attendait ça depuis 1960 et le bronze d’Abdoulaye Seye aux JO de Rome. Dans une course écrasée par Usain Bolt (19’’78), Christophe Lemaitre est allé chercher un podium aussi inespéré que mérité.
20’’12 d’éternité. Dans une finale du 200 m dont le vainqueur ne fait guère de doute, peu, même en France, misent sur le sprinteur d’Aix-les-Bains pour une médaille. C’est pourtant ce qui se passe sur le fil d’une finale où le Français, situé juste à côté de Bolt, court avec énormément d’intelligence.
Mal placé à la sortie du virage, il fait son effort sur les derniers cent mètres pour grignoter, centimètre par centimètre, son retard et devancer la meute grâce à un cassé de toute beauté qui lui permet d’aller chercher ces trois millièmes de secondes qui changent tout. Derrière le Canadien De Grasse (20’’02), c’est son nom qui apparait sur le tableau électronique et le met littéralement à genou, les bras levés.
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Christophe Lemaitre, la médaille aux côtés de Bolt
Aux micros qui se tendent vers lui, l’attachant sprinteur, savoure : « C’est juste incroyable. » Et de revenir sur sa course plus précisément : « J’étais à côté de Bolt, ça m’a tué car il m’a vite dépassé et je n’arrivais pas à rattraper le Néerlandais aussi vite que je voulais. Pour y arriver, il fallait que je me libère. »
L’effort est aussi mental que physique qui lui permet de réaliser une dernière partie de course magistrale : « J’ai eu du mal à garder les jambes hautes, j’étais moins fluide, j’ai dû batailler sur ça. »
Réputé pour un finish exceptionnel qui ne l’était plus autant depuis l’argent des Mondiaux en 2011, Lemaitre avait retrouvé ses sensations au meilleur moment. En même temps qu’un athlétisme français qui n’avait plus été aussi performant depuis près d’un siècle, l’athlète de Pierre Carraz pouvait savourer sa renaissance. « Courir pour ma gueule et pas pour les autres, voilà pourquoi j’ai réussi ces championnats. » Quatre ans avant, à Londres (6ème du 200 m), c’est pourtant en courant pour, et avec les autres, qu’il avait inauguré son palmarès olympique avec un relais 4×100 m en bronze.
2010
En 2010, lors des championnats de France de Valence, il bat le record de France du 100 m en 9’’98 et devient le premier sprinteur blanc à passer sous la barre des 10’’.
Tom Boissy