Championne de France avec Villeneuve d’Ascq, MVP de la finale, l’internationale ivoirienne, Kariata Diaby a choisi à 29 ans de s’engager deux ans avec Bourges. Elle nous explique son choix. Entretien pour France Basket et Le Quotidien Du Sport.
Si on vous avait dit en début de saison que vous seriez championne de France et finaliste de l’Euroligue, l’auriez-vous cru ?
L’Euroligue, je n’aurais pas parié dessus. On savait qu’on avait une équipe pour défier certains clubs, mais l’appétit est venu au fur et à mesure. Pour le championnat, on n’était pas sûrs à 100% de le gagner, mais en finissant 1ère, on s’est dit que c’était notre année. Il fallait qu’on finisse avec un titre. On a tout fait pour. L’année dernière, on est passé très près du titre de champion de France. Cette année, c’était important de terminer cette belle saison avec un titre.
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Que reste-t-il de la finale de l’Euroligue : le regret de ne pas l’avoir remportée ou la satisfaction d’être allée jusque-là ?
On a pris 100 points contre Fenerbahçe (106-73, Ndlr), une équipe qui survole l’Euroligue depuis plusieurs saisons, mais on n’a pas vraiment de regrets. On finit quand même vice-championnes d’Europe en battant Prague en demi. On aurait aimé finir avec le titre, mais on est fier de ce qu’on a accompli. Si on l’avait remporté, ça aurait été un exploit monumental ! Aller au Final Four pour une première année d’Euroligue et le remporter ça aurait été historique. C’est déjà beau d’y être allé car, ces dernières années, ce n’est pas arrivé souvent pour les clubs français (la dernière fois, c’était Bourges en 2014 et 2004 pour un club finaliste avec Valenciennes, Ndlr).
Vous avez été élue MVP de la finale du championnat. Est-ce une reconnaissance de votre travail de l’ombre ?
J’ai un rôle ingrat à jouer les pitbull tout le temps. On n’a pas autant de possession que les extérieurs. C’est un travail de l’ombre, mais les gens reconnaissent ce travail d’intérieur. Cette finale me tenait à cœur. J’avais dit à mon compagnon qu’on allait la gagner et que j’allais tout faire pour être MVP ! Dès que le match a commencé, j’avais l’impression que c’était facile et je n’ai rien lâché.
Comme Janelle Salaün (pour Schio), vous quittez Villeneuve d’Ascq. N’est-ce pas dommage que cette équipe ne reste pas quelques années ensemble pour aller cette fois au bout en Euroligue ?
Je pense que Villeneuve s’en doutait que ça allait être un tournant, que certaines joueuses allaient partir. C’est sûr que si l’équipe était restée telle qu’elle est, ça aurait été une équipe monstrueuse. Mais c’est la fin d’un cycle. Certaines avaient envie d’aller à l’étranger comme Janelle.
Pourquoi quittez-vous la meilleure équipe de France pour Bourges ?
Je suis une joueuse qui ne reste pas longtemps. A Villeneuve, je me suis blessée (au genou, en août 2019 avec la Côte d’Ivoire, Ndlr). Je ne pouvais pas partir comme ça (une saison 2019/2020 blanche, Ndlr). J’ai resigné donc j’ai fait mes cinq années. Le temps que je retrouve ma forme, mes performances, ça a mis du temps. Il y a aussi des raisons personnelles à mon départ que je n’expliquerai pas. Bourges est un club historique, celui qui a gagné le plus de titres. J’avais aussi envie de travailler avec des nouvelles personnes, de changer de ville, de cadre.
Kariata Diaby défend la stratégie de Bourges
Aviez-vous d’autres propositions que Bourges ?
Villeneuve m’a fait une proposition. Je voulais partir à l’étranger mais, les recrutements commençaient plus tard et, au final, j’ai décidé de rester en France, la proposition de Bourges était intéressante avec un projet de jeu.
Comprenez-vous que votre choix peut étonner alors que Bourges n’a plus gagné le titre depuis 2022 ?
Les gens parlent toujours. Ce que je sais, c’est que Bourges a construit une équipe pour regagner le titre. J’assume mon choix et je ne le regrette pas même si je sais que ça ne sera pas facile de battre Villeneuve.
Bourges est-ce aussi un choix financier ?
Plein d’aspects rentrent en compte, mais c’est plus un choix sportif. J’ai toujours rêvé de jouer dans ce club. Quand j’étais à Landerneau, on jouait tout le temps contre Bourges et j’entendais parler tout le temps de ce club-là. Quand j’ai commencé ma carrière, quand je suis arrivé en France, j’ai toujours fait des listes de clubs où j’aimerais jouer. Bourges en faisait forcément partie. Après cinq ans à Villeneuve, j’ai envie de passer des étapes, de jouer dans des clubs dont j’ai rêvé parce que j’ai 29 ans. Ensuite, pourquoi ne pas connaître une expérience à l’étranger.
Pour vous, ce n’est donc pas une régression de passer du meilleur club français actuel à Bourges.
Ce n’est pas une régression. C’est un choix et un tournant dans ma carrière. Il faut aller de l’avant. Si le club avait fait les play-down, ça aurait été un mauvais choix, mais ce n’est pas le cas…
« J’ai toujours rêvé de jouer dans ce club »
… Même si le club est rentré dans le rang ces dernières années…
Ça ne fait que deux ans qu’il n’a pas gagné le titre ! Mais ils ont toujours réussi à avoir une très belle équipe. La saison passée, elles se sont fait éliminer en quarts, ça a été une surprise, mais face à une très belle équipe de Tarbes. Là, c’est une nouvelle saison qui démarre.
Bourges vous avait-il déjà contactée par le passé ?
L’année dernière, il y avait déjà eu une proposition, sauf qu’elle a été un peu tardive. Je me suis posé des questions : est-ce que je restais à Villeneuve ou pas ? Le train ne repasse pas toujours donc, la deuxième fois, je n’ai pas laissé passer l’occasion.
Où en êtes-vous avec la sélection ivoirienne ?
Ça fait un moment que je n’y suis pas allée. C’était délicat vu que je me suis blessée en sélection. L’année prochaine, la CAN est organisée par mon pays. Pour l’instant, ce n’est pas une de mes priorités. Si la sélection revient vers moi, il faudra discuter avec mon nouveau club.
Quels sont vos modèles ?
En tant que joueuse, je kiffais Liz Cambage, sa façon de jouer et aussi son caractère. Je ne regarde pas trop la NBA, mais j’aime bien le style de Jokic. J’adore son profil. Il est grand, il peut poster, il peut driver et il peut shooter de loin. Moi je n’ai pas un shoot à 3 points, mais je vais essayer de le développer et de driver davantage. Je suis plus mobile que les autres intérieures du championnat donc c’est un de mes projets aussi.
On attend le premier dunk en championnat de France féminin. Vous en sentez-vous capable ?
Parfois j’ai envie, mais quand je pense à mes blessures, ça me calme (sourire). A un moment, c’était un de mes rêves, j’avais dit que je serais la première fille ivoirienne à dunker en France. C’est en stand-by (sourire).