vendredi 13 septembre 2024

Kevin Mayer : « Je vais mettre un panier dans ma future maison ! »

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Arnaud Bertrande
Arnaud Bertrande
Rédacteur en chef — Pole Sport Lafont presse

Champion du monde en 2017, vice-champion olympique en 2016, recordman du monde de la discipline, le décathlonien Kévin Mayer (28 ans), qui vient de sortir un livre – mes 10 commandements (aux éditions solar) – est un vrai fan de la balle orange – il parle souvent avec Rudy Gobert sur les réseaux – et des celtics.

Votre passion pour le basket est récente puisqu’elle remonte à 2016.
Mes parents n’étaient pas du tout basket donc je n’avais jamais été confronté à ce sport. Je l’ai découvert au CREPS de Montpellier à l’occasion d’un basket pour s’échauffer avant d’aller sur la piste. Je m’étais dit que ça devait être vraiment sympa de dunker. J’ai alors commencé à regarder la NBA, j’ai choisi une équipe (les Celtics) et j’ai attrapé le virus qui ne m’a pas quitté !

Qu’aimez-vous dans ce sport ?

J’aime beaucoup la diversité du jeu, toutes ces manières différentes de pouvoir marquer, l’intensité défensive. Ce n’est pas pour rien qu’on dit jouer au basket et faire de l’athlétisme. C’est un jeu et je trouve ça vraiment plaisant. Même si on est fatigué, on a envie de marquer et de défendre. L’athlétisme, c’est de la performance pure.

Il faut aller au bout de soi-même. C’est aussi un sport collectif et ça, ça me manque. Tous les sports que je pratique en dehors du décathlon sont d’ailleurs des sports d’équipes.

Est-ce à dire que jouer au basket est plus facile que de faire du décathlon ?

Il y a des difficultés dans tous les sports. L’athlé, on ne peut pas se cacher. Si on n’est pas en forme, ça se traduit sur le chrono ou sur la hauteur qu’on franchit. La difficulté, au basket, c’est de garder cette aptitude à être adroit tout en mettant de l’intensité en défense et aussi à coexister avec tes partenaires. Le résultat ne dépend pas que de toi.

« Je suis fan, mais je ne suis pas un fan aveugle »

Pourquoi avoir choisi les Boston Celtics comme équipe de coeur ?

Je suis fan, mais je ne suis pas un fan aveugle. Quand il se sont fait éliminer en playoffs, j’ai alors soutenu Miami. J’aime aussi beaucoup Portland, les Knicks car j’adore NewYork, j’aimerais les voir gagner, ainsi que les Nets. Pour en revenir aux Celtics, c’est aussi parce que j’aimais beaucoup Isaiah Thomas.

Je me suis alors intéressé à l’histoire de la franchise avec Larry Bird. J’ai aimé l’ambiance qui se dégageait de ce club. En plus, j’adore le vert ! Soutenir un club, ça me permet aussi de plus vibrer devant les matches.

Comment avez-vous vécu leur élimination en finale de la Conférence Est face à Miami ?

Il faut accepter la défaite. C’est une équipe jeune, qui apprend chaque année, qui est meilleure de saison en saison. Elle a le potentiel pour aller très loin. Le meilleur est à venir. Certes, Boston n’a plus gagné le titre depuis 2008, mais je ne suis pas du genre à choisir l’équipe qui gagne le plus. J’ai opté pour celle qui me plaisait le plus.

Quels joueurs appréciez-vous ?

Au niveau de jeu et de ses actions exceptionnelles, j’aime beaucoup Kyrie Irving. J’adore le regarder. Parfois, on a l’impression qu’il a une baguette magique à la place de la main ! En plus, quand j’ai commencé à m’intéresser au basket, il venait de rejoindre Boston. C’est vrai qu’il est parti aux Nets, mais les Celtics jouent mieux sans lui (sourire). En général, j’aime plutôt les joueurs petits qui arrivent à tirer leur épingle du jeu en travaillant plus que les autres. Je pense notamment à des joueurs comme Damian Lillard qui, à force de travail, est arrivé à un niveau exceptionnel.

« J’aime bien regarder toutes sortes de basket »

Et chez les Celtics ?

Je ne suis pas fan de Kemba Walker. Par contre, j’aime beaucoup Marcus Smart. C’est un meneur de jeu à part, un bull-dog, qui donne tellement en défense. J’adore les joueurs qui ne sont pas là uniquement pour faire des paniers.

Il y a aussi un Français à Boston ; Vincent Poirier.

Je lui ai envoyé un message pour savoir comment ça allait. Il était vénère car il trouvait que l’arbitrage avait été vraiment relou contre Toronto et un peu contre Miami. Depuis le banc, il était fou !

Regardez-vous aussi le basket européen ?

Oui, je regarde. J’aime bien regarder toutes sortes de basket. Je passe souvent par Lyon, j’en profite pour aller voir les matches de l’équipe de Tony Parker. Le basket européen est plus fin (sic) (rires). On est loin du one and one. L’Euroligue, c’est vraiment du beau basket. C’est ce que j’aime aussi chez les Celtics, il y a plus de passes. Alors que les Houston Rockets, ça m’insupporte à regarder : ce n’est que du shoot à 3 points !

Quel est le dernier match que vous êtes allé voir ?

Les Hornets contre Milwaukee à Paris en janvier et avant, en octobre, les Knicks contre les Mavericks, au Madison Square Garden à New-York. J’ai dû voir une dizaine de matches, notamment les Celtics une fois à Miami et une autre à Londres en 2018. Quand je fais des stages d’entraînement aux États-Unis, j’en profite. J’ai une bonne entente avec NBA Europe qui me prévient quand il y a des places disponibles.

Mayer : « La personne [Kobe Bryant] m’avait bien plu »

Les Lakers champions dix ans après leur dernier titre, c’est un beau clin d’oeil à Kobe Bryant disparu cette année.

C’est sûr même si j’étais pour le Heat. J’aime beaucoup ce qu’il ressort de cette équipe. Jimmy Butler qui est un peu décrié, mais qui montre que, quand il faut être là, il est là. Bam Adebayo a progressé comme un dingue. J’adore aussi Dragic. Après, la victoire des Lakers est méritée.

Kobe Bryant, vous l’aviez rencontré.

C’était en 2017 donc je ne connaissais pas encore à fond le basket. Mais respect ! La personne m’avait bien plu. On avait pu parler. J’avais beaucoup aimé sa manière d’appréhender l’entraînement. Son basket me plaisait par contre moins car, là encore, il n’y avait pas beaucoup de passes (sourire).

Y a-t-il de bons basketteurs chez les décathloniens ?

On fait tous un peu du basket mais, pour nous, c’est la journée récup (rires). Je ne dis pas que ce n’est pas fatigant, mais c’est plus aérobic et moins intensif. Ça nous fait souffler un peu, transpirer, sans faire des sprints à 100%.

Jouez-vous toujours une fois par semaine ?

Avec la Covid, c’est compliqué d’aller dans les salles. Mais je fais construire ma maison et je vais me mettre un panier. Je vais pouvoir faire des shoots !

« J’aime aller faire des shoots pendant une heure »

N’est-ce pas déconseillé de faire du basket au niveau des blessures ?
Par rapport au décathlon, le basket n’est vraiment pas un sport où on se blesse souvent (rires). On prend tellement de chocs entre le saut en hauteur, le saut en longueur, les haies, le sprint, les lancers… que tous les décathloniens ont des blessures alors que je ne me suis jamais blessé en faisant du basket.

Même quand j’étais blessé, je pouvais faire du basket, mais pas d’athlé. J’aime aller faire des shoots pendant une heure. On peut progresser sans mettre de l’intensité. Mais je ne fais plus du 4 contre 4. Je me limite au 1 contre 1 voire aux 2 contre 2.

Et aux dunks ?

J’ai hâte d’avoir mon panier pour refaire des dunks…

… et des 360 !

Je ne sais pas pourquoi les gens disent que le panier est trop bas quand j’en passe alors qu’il est vraiment à la bonne hauteur. Je ne triche pas (rires). C’est vrai que je ne suis pas grand (1m86), mais je passe quand même 2m10 en saut en hauteur.

Le basket vous aide-t-il au niveau du décathlon ?

J’impulse du pied droit. Mais, au basket, c’est plus facile de dunker du pied gauche comme je suis droitier. Il fallait que je fasse des impulsions pour m’équilibrer par rapport à mes sauts et donc, au lieu de faire des impulsions dans le vide sans m’amuser, j’ai pu faire des dunks de la mauvaise jambe. Ça m’a donc aidé à me rééquilibrer même si ça ne m’a pas fait gagner des centimètres, l’impulsion étant différente en saut en hauteur.

« Je ne fais pas du sport pour l’argent »

Le basket est un sport très médiatisé, avec des salaires astronomiques en NBA. Auriez-vous aimé échanger votre carrière de décathlonien contre une de basketteur ?

Je ne fais pas du sport pour l’argent , ça n’aurait donc aucune influence sur mon choix. Ce que j’adore, dans le basket, c’est le show et aussi le fait de jouer beaucoup de matches. En décathlon, ce qui est parfois déprimant, c’est que je me prépare toute l’année pour un seul décathlon ! Après, je m’éclate tellement dans mon sport que je ne peux pas dire que j’aurais préféré être basketteur.

Usain Bolt s’est lancé dans le foot. Pourquoi pas Kevin Mayer dans le basket après l’athlé !

Si je me lance, ce sera vraiment en mode sous-marin (sic). Je ne le dirai à personne. Je ne veux pas que les gens pensent que je veux être sportif de haut niveau en basket. J’irais dans un petit club, pour me faire plaisir, pour tracer mon chemin (rires). J’aime aussi le beach-volley, le tennis… Il y a beaucoup de choses que j’ai envie de faire après.

Pensez-vous avoir les qualités pour faire un bon basketteur ?

En général, quand tu es décathlonien, tu cours vite, tu sautes haut, tu as une capacité à apprendre vite, normalement j’ai tout ce qu’il faut. Après, je ne sais pas si, à 36 ans, j’aurai ce qu’il faut pour apprendre assez vite et arriver à un haut niveau basket. Je n’ai pas fait de l’athlétisme à la base pour être sportif de haut niveau. J’en suis arrivé là parce que j’aime mon sport. Si je fais du basket, ce ne sera pas pour aller haut ou avoir un statut, mais pour kiffer !

« J’aimerais bien faire les Jeux de Los Angeles »

Vous vous voyez donc continuer le décathlon jusqu’à 36 ans !

J’aimerais bien faire les Jeux de Los Angeles, oui (en 2028, Ndlr)…

Si vous décrochez à Tokyo, en 2021, le titre olympique, la boucle ne sera-t-elle pas bouclée ?

Ce n’est pas parce que je serais champion olympique que j’aurais envie d’arrêter. Je m’éclate !

Aimeriez-vous jouer contre des basketteurs professionnels ?

Ça m’éclaterait de faire un un contre un face aux meilleurs joueurs français ! Contre Andrew Albicy, par exemple, j’aime bien le joueur, sa manière de jouer, il a de bons appuis et libère bien ses coéquipiers. Il ressemble un peu à Jae Crowder de Miami.

Vous résidez près de Montpellier, une ville très sportive, mais en basket à part l’équipe féminine, ce n’est pas ça…

Je vais voir jouer les filles. Au centre de formation du CREPS, je vois aussi les petits jeunes, mais c’est vrai qu’il n’y a pas de grosse équipe masculine.

Il faudrait investir dans un projet !

(sourire) Je n’ai pas à me plaindre, je gagne bien ma vie, mais je ne suis pas capable d’investir dans un gros club de basket.

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