jeudi 28 mars 2024

Le Stade Rochelais change de dimension

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Le premier titre, européen, de son histoire offre au Stade Rochelais un statut inédit qui peut lui permettre de confirmer son inexorable montée en puissance. Avec un recrutement qualitatif, l’effectif semble, cette saison plus que jamais, avoir les moyens de jouer sur tous les tableaux.

Entre la joie d’avoir enfin réussi à ouvrir son palmarès et la frustration de ne pas avoir pu, ou su, enchaîner en championnat quand bien même la dynamique collective pouvait lui permettre de viser un doublé, à l’instar du Stade Toulousain, son bourreau des barrages, la saison passée, le Stade Rochelais n’a pas eu à cogiter longtemps pour se fixer de nouveaux objectifs. Après l’Europe, la France.

Ou l’Europe et la France. Et de tirer les leçons de l’échec en barrages, significatif des limites rochelaises de la saison en championnat, pour bâtir un effectif capable de performer dans la durée et sur tous les tableaux. Avec cinq internationaux (Dillane, Hastoy, Seuteni, Tanga et Thomas), plus deux déjà convoqués en Bleus (Colombe et Paiva) et un dernier (Lespiaucq) qui fait partie des talonneurs confirmés de Top 14, La Rochelle a frappé fort sur le marché des transferts, qui plus est avec un seul nouveau non JIFF. Le souhait d’O’Gara était d’offrir à son effectif des profils susceptibles de « faire évoluer le type de rugby que nous voulons pratiquer ».

Le but était aussi de compenser les nombreux départs ou arrêts (14), certains significatifs comme Vito, Liebenberg, West, Plisson, Sinzelle ou Retière. Avec deux fois plus de départs que d’arrivées, pour assumer leur double ambition, nationale et européenne, les Maritimes ne s’interdisaient pas de recruter encore avant le début du championnat, surtout d’intégrer des espoirs en masse, à l’instar des deux plus prometteurs, Thomas Ployet (2ème ligne) et Noé Della Schiava (3ème ligne), qui rêvent de suivre l’exemple de Matthias Haddad, parti en tournée avec les Bleus au Japon cet été.

Il le faudra car avec autant d’internationaux dans ses rangs, le champion d’Europe risque de souffrir pendant les doublons, notamment en 3ème ligne où Aldritt, Boudehent, Tanga et Haddad ont de grandes chances d’être appelés par Galthié. Il est donc fort probable que les Rochelais se renforcent encore dans ce secteur comme ils en ont la possibilité jusqu’au 31 janvier.

O’Gara a bien l’étoffe d’un héros

Dans la perspective d’affronter Northampton et l’Ulster (dans la poule B, sur quatre matches aller-retour en décembre et janvier), le défi européen sera relevé, mais ne sera pas le seul. Mentalement, cette équipe ayant prouvé sa capacité à se hisser au meilleur niveau continental sur des matches couperets, elle doit désormais démontrer qu’elle le peut aussi sur le marathon du Top 14.

Avec une 1ère ligne renouvelée (Paiva-Lespiaucq-Colombe à la place de Priso-Bosch-Herrera), Hastoy suppléant Plisson et West, Thomas, Tanga et Seuteni pour faire oublier Vito, Liebenberg, Sinzelle, Buliruarua et Retière, les prolongations des cadres Bourgarit, Aldritt, Atonio ou Sazy, Boudehent, Lavault, Botia, du meilleur marqueur d’essais, Favre, et de Kerr-Barlow, offrent un groupe de 35 joueurs d’expérience à O’Gara.

A charge au coach irlandais qui a incontestablement permis à cette équipe de franchir le fossé de la gagne de l’inscrire aussi dans la durée, d’amener plus de maîtrise et de discipline, une vraie culture de l’exigence. On se souvient de ses mots, durs, après la défaite face au Stade Toulousain en barrage.

Il parlait de « honte » face à la première période de ses joueurs, de « manque d’agressivité »… Avant, peut-être, de prendre les rênes de la sélection irlandaise, l’ancien ouvreur du Munster n’en a pas fini avec La Rochelle. Dans sa philosophie de la réussite, parvenir au sommet, fut-il européen, a beaucoup moins de valeur que de s’y maintenir. Avec un effectif qu’il a modelé à sa guise cet été, il entend bien poursuivre cette progression.

Après avoir été en charge de la défense et des buteurs du Racing, des arrières des Crusaders, adjoint de Jono Gibbes, sa première expérience de coach n°1 en a fait un héros maritime. Il doit maintenant repousser encore un peu plus les limites rochelaises et ramener le Bouclier sur le port, un défi en forme de Graal qu’il a toujours considéré comme beaucoup plus difficile et significatif.

La recrue : Teddy Thomas, l’air du large

En quittant un Racing 92 où il était depuis huit ans, l’ailier international prend un virage important dans sa carrière. La présence d’O’Gara, avec qui il a déjà travaillé au Racing, n’est pas étrangère à un transfert qui doit lui permettre de se remettre en cause pour retrouver sa place dans le groupe France avant la Coupe du monde. A bientôt 29 ans, l’ancien biarrot avait « besoin de changer d’air et de se mettre en danger. »

Tom Boissy

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