Championnes d’Europe en 2009, les « Braqueuses » sont devenues vice-championnes olympiques trois ans plus tard à Londres. Parmi elles, « Baby Shaq » Isabelle Yacoubou avait été l’une des grandes révélations de la performance historique des joueuses de Pierre Vincent.
Ces JO de Londres représentent-ils le sommet de votre carrière ?
Oui, évidemment, et pas seulement parce que nous avons marqué l’histoire du basket français en étant les premières à parvenir en finale. Aussi parce que, et tous ceux qui les ont vécus vous le diront, ces Jeux ont été les meilleurs de tous. Au niveau de l’ambiance, de l’organisation, de l’atmosphère qui régnait sur les stades et en dehors, on s’est toutes régalées. Et en plus, on fait un parcours magnifique.
Avec quelles ambitions les aviez-vous abordés ?
Il ne s’agissait que de la deuxième participation de l’équipe de France à des JO, donc, dans un premier temps, le seul fait d’être là était déjà une réussite pour nous. Mais comme on était trop en mode touristes, à aller visiter toutes les installations, voir les autres épreuves, rencontrer des athlètes… Pierre (Vincent, le sélectionneur, Ndlr) nous a vite recadrées au bout du troisième jour en nous disant à peu près ceci :
« Attention, vous n’existerez vraiment que si vous obtenez de bons résultats ! » Il avait raison et ça nous a permis de rester concentrées à 150 % sur le parquet sans pour autant perdre de vue ce qui faisait aussi notre force, cette capacité à profiter aussi de tout ce que nous proposaient les JO. On a su s’enrichir de l’événement en fait.
À LIRE AUSSI : toute l’actualité des JO dans votre mag
Isabelle Yacoubou recadré par Pierre Vincent
Quelles furent les matches clés du premier tour ?
Deux de nos premiers matches étaient programmés à 9h du matin ! Jamais nous n’avions joué aussi tôt, à devoir se lever à 5h, s’échauffer à 7h… Aussi, quand on a tapé les Canadiennes (64-60) en matinée qui faisaient partie des favorites pour le dernier carré, on s’est senti vraiment plus en confiance. La victoire difficile ensuite face à la Grande-Bretagne (80-77), devant son public n’a fait que booster cette confiance.
Mais de tous, le quart de finale face à la République tchèque a été celui qui nous ressemblait le plus, fidèle à notre identité. Un vrai match de Braqueuses (rires). Après une entame correcte, on a complètement lâché prise pour revenir de nulle part à la fin (71-68). Après un tel scénario, la médaille était assurée, le boulot était fait, tout le reste, on l’a vécu comme du bonus.
Pourtant, face à la Russie, en demi-finale, vous sortez peut-être votre meilleur match du tournoi !
La Russie était très forte et renforcée par Becky Hammon. Avant la rencontre, Elena Danilotchkina avait déclaré dans la presse que nous étions inférieures. Elle ne pouvait pas nous rendre meilleur service ! Pierre (Vincent) n’avait pas eu besoin de beaucoup parler pour nous motiver, il avait seulement affiché l’article ! C’est effectivement notre match le plus abouti (81-64), qu’on a dominé de la tête et des épaules.
Face aux Etats-Unis, en finale, l’exploit était-il possible ?
A cette époque, les USA étaient injouables (86-50), elles avaient les meilleures à tous les postes et toutes étaient doublées. On a abordé la finale relâchées avant d’avoir un petit sursaut d’orgueil qui nous a fait nous interroger, avec le recul, sur la possibilité de les accrocher avec un meilleur départ… En fait, non. Pour nous, cette finale était juste une formalité pour aller chercher notre médaille d’argent.
Douze ans plus tard, qu’est-il resté entre vous de cette épopée ?
Même si nous avons performé sur le parquet, en termes de management, cette année a été l’une des plus difficiles à gérer car il y avait beaucoup de petits clans, tout le monde ne s’entendait pas forcément très bien. Mais chaque petit groupe a su faire la part des choses en ayant les mêmes intérêts et les mêmes objectifs.
2
La France de Jean-Aimé Toupane peut-elle suivre votre trace cet été à Paris ?
Avec le basket propre et huilé qu’elles proposent, la qualité de leurs individualités, je me rêve à dire qu’elles peuvent taper les EtatsUnis. En tout cas, elles nous sont supérieures. Quand nous avions surtout beaucoup de cohérence collective, elles ont en plus des talents que nous n’avions pas, ou pas au même niveau.
Aux JO, l’équipe de France arrive au moins en demi-finale plus d’une fois sur deux. En cinq participations, elle a une médaille d’argent (2012) et une de bronze (2021) contre une 4ème place en 2016 et deux 5èmes places en 2000 et en 2008.