jeudi 25 avril 2024

Les All-Blacks et la France, une grande histoire d’amitié et de rivalité

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Jean-Marc Azzola
Jean-Marc Azzola
Journaliste

Au fil des années, l’arrivage des antipodes ne faiblit pas. Bien au contraire. Une véritable marée noire des All-Blacks sévit sur les pelouses françaises. Non sans raison.

La récente cuisante défaite de la NouvelleZélande contre la France (25-40) a provoqué l’ire de la presse de ce pays : « Le problème pour les All Blacks est que le reste du monde ne les craint plus » titrait avec véhémence le New Zealand Herald.

Ce revers quasi historique a dû, dans le même temps, augmenter la curiosité de ces joueurs des antipodes. Et se dire que la France ne manquait décidément pas de talent. Un pays où il fallait tenter sa chance. Néanmoins, beaucoup de Néo-Zélandais n’ont pas attendu de constater cette défaite pour effectuer le voyage dans l’hexagone.

Les chiffres l’attestent. En 2017, ils étaient en France encore 21 à avoir porté la tunique noire frappée de la fougère argentée sur les 43 Néo-Zélandais qui évoluaient en Top 14. Quatre ans plus tard, ce quota a encore explosé. Rien que La Rochelle en dénombre trois cette saison dans son effectif (Vito, KerrBarlow, Ihaia West). L’ancien international français Vincent Moscato glisse avec humour :

« C’est bien pour le rugby. Rugbystiquement parlant, mieux vaut prendre 50 All Blacks que 50 Portugais ». Mais quid du danger représenté pour notre formation ? « Il faut arrêter avec cela, repousse le double champion de France en 1991 et 1998. Personne n’interdit aux jeunes de jouer. S’ils sont bons, ils jouent. Les bons sont les bons et les pompes sont les pompes (sic) ».

Cet exode néo-zélandais s’est surtout accéléré après la Coupe du Monde 2007 en France. Mais avec plus ou moins de réussite selon les cas. Tous n’ont pas connu l’apothéose en France d’un Dan Carter. Ma’a Nonu pourtant effrayant à l’époque en sélection (103 capes entre 2003 et 2015) avait connu une expérience mitigée et des difficultés dans notre pays (à Toulon).

Les All-Blacks, des ambassadeurs prestigieux du rugby

Et ce même si les Néo-Zélandais restent de merveilleux ambassadeurs de leur sport avec des talents individuels indiscutables. Georges Tilsley est certes un All Black à 7 (30 sélections entre 2011 et 2014), mais son vécu et son expérience plaident en sa faveur. Il nous évoque sa venue en terre catalane à Perpignan en 2019 : « J’avais signé pour deux ans à Bordeaux. Mais ma première saison a été gâchée par les blessures.

Cela m’avait beaucoup freiné. Mon agent s’est ensuite entretenu avec Christophe Urios qui allait devenir l’entraîneur de cette équipe. Je n’ai pas pu obtenir la garantie absolue de pouvoir disputer un maximum de matches. J’ai alors discuté avec Patrick Arlettaz qui m’a donné l’opportunité de venir à Perpignan. Le contact s’est très bien passé. On m’a proposé trois ans de contrat plus une saison (il est sous contrat jusqu’en 2023) ».

Mais quand l’ailier a posé les pieds dans le Lot-et-Garonne en 2015 au SUA, il n’a pas hésité une seule seconde. L’occasion était trop belle :

« A la fin de la saison 2014, je jouais à VII. Je n’avais pas un contrat assuré. J’ai dû travailler à côté à cette période. De manière chanceuse j’ai pu disputer quelques tournois sur le circuit. Un de mes coachs à VII en Nouvelle-Zélande avait réalisé quelques vidéos de moi.

A Agen, ils en ont pris connaissance et l’histoire est partie ainsi. J’ai effectué le voyage en France. C’était à Agen où j’avais cette seule opportunité à l’époque. Je n’avais absolument aucune offre à XV en Nouvelle-Zélande dans les provinces. Je n’ai donc pas hésité. C’est au SUA que j’ai signé mon vrai premier contrat professionnel ».

A son image, pourquoi tant de Néo-Zélandais posent leurs valises chez nous ? Les raisons sont multiples.

« On gagne beaucoup plus ici »

Certains préfèrent l’exode se sentant barrés en sélection. Cependant, l’aspect financier reste primordial :

« Les All Blacks ont actuellement deux destinations privilégiées : le Japon et la France, définit celui qui a marqué 51 essais depuis son arrivée en France. De plus en plus de Néo-Zélandais viennent maintenant en France et de plus en plus jeunes. Ils ont cette facilité à pouvoir voyager assez facilement en Europe.

Le mode de vie est agréable ici. Point également très important, ils peuvent très bien gagner leur vie en jouant en France. On gagne beaucoup plus ici qu’on ne peut le faire en Nouvelle-Zélande. En moyenne, on peut tripler son salaire.

Il n’est pas rare qu’en Nouvelle-Zélande un joueur touche entre 25 000 et 30 000 euros de salaire. Quand je suis arrivé en France, j’ai perçu 60 000 euros à Agen pour mon premier contrat. En jouant davantage j’ai ensuite doublé mon salaire ».

Il n’empêche, sportivement la messe est loin d’être dite, surtout quand on est Néo-Zélandais et que les attentes sont fortes :

« Tu ne viens pas en France uniquement car tu es un All Black. Tu y viens car tu as envie de t’inscrire dans un projet intéressant et de réussir. La réussite n’est pas écrite à l’avance.

Tu peux débarquer avec un super CV, mais le Top 14 est un championnat très relevé avec une potentielle relégation au bout comme menace. En Nouvelle-Zélande, on ne joue pas de la même façon. Un ailier est beaucoup servi par ses partenaires. En Top 14, le talent individuel prévaut. Dans ce cas, tu peux marquer des essais… ».

Réputés pour leur professionnalisme et leur talent, les Néo-Zélandais restent des joueurs recherchés. La preuve, en dix ans leur nombre est passé de 14 à 51 en Top 14.

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