samedi 20 avril 2024

Les mots forts de Damien Inglis (Gran Canaria) : « Je suis enfin où je veux être »

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Arnaud Bertrande
Arnaud Bertrande
Rédacteur en chef — Pole Sport Lafont presse

Sur sa fin après son passage en NBA (20 matches avec les Bucks en 2015/2016), l’international français Damien Inglis (27 ans) a pris une autre dimension depuis qu’il a rejoint l’Espagne en 2021 (Bilbao puis Gran Canaria). Entretien réalisé pour France Basket et Le Quotidien du Sport.

Vous avez l’air de vous éclater dans la raquette de Gran Canaria !

Je suis toujours un ailier fort, mais on joue beaucoup en small ball et j’ai compris ce fonctionnement de jouer petits et d’avoir quatre shooteurs autour de moi. Ça me permet d’avoir toute la raquette pour m’éclater, trouver des passes et provoquer des fautes. C’est une façon de jouer qui me plaît.

La NBA est-elle toujours dans un coin de votre tête ?

On n’arrête pas de rêver de NBA, mais il faut être réaliste. Aujourd’hui, je joue mon meilleur basket, mais il faut procéder étape par étape. J’aimerais bien aller en Euroligue, continuer à dominer l’Espagne, y gagner des titres ou aller ailleurs où mon basket me permettra d’aller.

Vous avez franchi un palier en Espagne. Quel a été le déclic ?

Le jeu espagnol et même la mentalité espagnole m’ont permis de voir encore autre chose. C’est le même basket, mais expliqué différemment. La saison dernière, Bilbao m’a utilisé comme j’en avais besoin, ce qui me permet de faire partie aujourd’hui des meilleurs joueurs en Espagne.

Damien Inglis n’oublie pas la NBA

Après Bilbao, n’avez-vous pas eu la possibilité d’aller en Euroligue ?

Oui, l’option la plus chaude était de retourner à Valence avec Alex (Mumbru, le coach de Bilbao, Ndlr), mais ça ne s’est pas fait. J’espère que la saison prochaine ce sera la bonne.

Un autre Français évolue à Gran Canaria, Andrew Albicy, cela facilite-t-il les choses ?

C’est toujours bien d’avoir un autre Français. J’avais Jo Rousselle avec moi la saison dernière. Avoir un meneur français, on a un peu la même façon de voir les choses, c’est beaucoup plus facile pour moi de le lire sur certaines actions.

Il y a dix ans, vous sortiez du Centre Fédéral en étant le meilleur joueur de la promotion 2013. Quel regard portez-vous sur votre parcours depuis ?

Beaucoup de up and down (de hauts et de bas, Ndlr). J’ai mis énormément de temps avant d’arriver à une certaine maturité. Maintenant, j’ai enfin passé ce cap. Ça n’a pas été facile de passer d’un jeune prospect meilleur de sa génération à blessures, réapprendre à courir, à marcher… Le basket a aussi évolué. J’avais également mes propres problèmes de poids, des problèmes personnels… Pas mal de doutes qui m’ont beaucoup retardé et qui ont mis un gros frein sur mon ascension. Aujourd’hui, je suis enfin stable dans ma tête et je suis enfin là où j’ai envie d’être et je joue le basket que j’ai envie de jouer.

« Les gars ont peur quand je mets les deux pieds dans la raquette »

N’êtes-vous pas parti trop tôt en NBA ?

C’est vrai que je suis parti après seulement un an en France. Mais le truc, c’est que je me suis blessé lors de mon premier workout NBA. Avant même d’être à la draft, j’étais déjà out pour un an et demi. J’avais peur que la fenêtre ne se représente plus, que je sois trop vieux pour aller en NBA. J’ai donc sauté sur l’occasion. J’étais blessé, mais je pouvais bénéficier des soins NBA. La blessure a un peu changé la donne, mais je suis parti quand je me sentais prêt.

Au final, j’y suis resté trois ans, mais sur ces trois ans il n’y a qu’un an où j’étais en bonne santé et où j’ai passé mon temps à me remettre au niveau. Le jeu avait changé. J’étais dans le système de Phil Jackson où c’était du triangle. C’était complètement un autre basket, mais ça me sert aujourd’hui où je suis enfin où je veux être.

C’est compliqué pour se faire sa place en NBA aujourd’hui. Quels conseils donneriez-vous aux Français qui veulent tenter leur chance et n’y vont-ils pas trop tôt ?

Chaque cas est différent. Il y a des joueurs comme Victor (Wembanyama), mais il n’y en a pas beaucoup. Il y en a d’autres, des premiers tours, comme Théo Maledon, pour qui c’est dur de refuser quand il y a toute cette hype autour de vous. La NBA est le meilleur championnat formateur pour un jeune surtout aux postes de meneur ou d’ailier où on peut se débrouiller et arriver là où on veut. C’est compliqué de dire non, mais mon conseil ce serait de partir quand on a acquis toutes les bases et qu’on est stable dans sa tête, en étant bien entouré pour arriver dans ce monde showman et businessman.

Malgré votre deuxième saison de suite très bonne en Espagne, médiatiquement on ne parle pas trop de vous. Comment le vivez-vous ?

Ce qui m’importe, c’est le respect que j’ai en Espagne et en EuroCup, chez mes adversaires. Les gars ont peur que je mette les deux pieds dans la raquette !

Etes-vous plus reconnu en Espagne qu’en France ?

Mon basket est beaucoup plus apprécié en Espagne qu’en France. Je ne suis pas qu’un marqueur et ce qui est important pour moi c’est l’évaluation, de tâcher (sic) la feuille de stats. Après, peut-être que je ne suis pas très médiatisé en France mais, au final, je suis en équipe de France !

« En Espagne, je joue mon meilleur basket »

Quand vous êtes revenu en France en 2017, vous avez fait pas mal de clubs (Strasbourg, Limoges, Strasbourg, Monaco…)

… Je me cherchais ! Je suis revenu, j’ai été à bonne école à Strasbourg avec Vincent (Collet) qui m’a permis de comprendre le basket européen qui est tellement différent de la NBA. Mais après, Monaco, Limoges, je me cherchais vraiment et en Espagne je me suis retrouvé.

Vous cherchiez quoi ?

La personne que j’étais, le basketteur que j’étais. C’étaient des jeux différents, des attentes différentes. J’avais l’étiquette NBA, on attendait de moi certaines choses, mais je n’étais pas vraiment ce joueur-là. A 2122 ans, on se cherche, suis-je un scoreur, un défenseur, un ceci, un cela. Ça m’a pris un peu de temps, mais maintenant je sais qui je suis.

Etes-vous surpris de retrouver Monaco à ce niveau-là en Euroligue ?

Je ne suis pas surpris parce que c’est la suite de ce qu’on voyait déjà quand on a été champions d’Europe (EuroCup 2021, Ndlr).

Vous dites que la NBA, c’est (presque) fini. Mais n’y croyez-vous pas encore au fond de vous ?

Je ne dis pas que c’est fini, mais je ne rêve pas non plus la nuit que les New Orleans appellent mon agent. Je suis appliqué sur ce que je fais, j’ai signé deux ans à Gran Canaria, et après ce qui se passe se passe, mais je ne regarde pas les rankings ou qui fait quoi. Mon objectif, c’est d’abord d’aller en Euroligue la saison prochaine avec le nouveau coach Jaka (Lakovic, Ndlr).

Parle-t-on de Victor (Wembanyama) aux Canaries ?

C’est un phénomène ! On n’a jamais vu ça ! Il suffit de voir le nombre de journalistes autour de lui…

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