En devenant champion olympique en 1976 à Montréal, l’athlète français Guy Drut, spécialiste du 110 mètres haies met fin à une très longue domination américaine.
28 juillet 1976. Un souvenir inoubliable, impérissable, pour le sport français, pour l’athlétisme français et pour Guy Drut bien entendu. Le natif de Oignies dans le Pas-de-Calais devient champion olympique sur 110 mètres haies à Montréal. Avant ce couronnement olympique, Guy Drut est archi-titré au niveau national (champion de France en 1970, 1971, 1972, 1973, 1974, 1975, 1976, il le sera aussi en 1980). Il est déjà également vice-champion olympique en 1972 à Munich devancé d’un dixième de seconde par l’Américain favori Rod Milburn et champion d’Europe à Rome en 1974.
Il marche (et court) ensuite sur l’eau en 1975. Il bat deux fois le record du monde sur 110 mètres haies : le 23 juillet en 13s1 et le 22 août en 13s. Paradoxalement, 1976 n’est pas sa meilleure saison. Mais le futur Ministre de la Jeunesse et des Sports répond à la perfection le jour J à l’instant T lors des Jeux au Canada.
« Ce jour-là avait été très particulier. Après les demi-finales, je n’étais pas au mieux de ma forme. Je ne pensais pas pouvoir gagner. Finalement, quelques heures plus tard, tout s’est remis dans l’ordre. J’ai fait la course qu’il fallait et c’était lors de la finale olympique ! Tout ne peut pas s’expliquer non plus. Mais je lisais dans les yeux de mes adversaires de la crainte ».
À LIRE AUSSI : toute l’actualité des JO dans votre mag
Guy Drut : « J’ai fait la course qu’il fallait et c’était lors de la finale olympique »
Force est de constater que le champion français a su faire la différence par rapport à ses rivaux, mentalement parlant, et grâce à une meilleure gestion de ses émotions :
« J’avais surtout réussi à relativiser l’importance de l’événement. J’avais gardé à l’esprit ce qu’un jour Jean-Claude Killy m’avait dit : « Cela n’empêchera pas le lendemain le facteur de distribuer ses lettres ! ».
« En d’autres termes, cela signifiait que ce qui allait se dérouler n’allait pas changer le monde pour autant. J’ai donc disputé ce jour-là LA prestation qui m’a permis de gagner. J’ai pu être prêt à l’heure H et à la seconde S. Car cela dure 13 secondes et des poussières (13s30 en finale devant Casanas et l’Américain Davenport, Ndlr). Je suis parvenu à ce résultat, c’est aussi grâce à tout le travail que j’avais réalisé auparavant ». Le vice-champion olympique 1972 a finalement connu l’apogée à Montréal en 1976 :
« Mais je n’étais pas fondamentalement différent. En 1975, j’avais sans doute été le plus régulier et le plus fort au cours de ma saison. En 1976, je m’étais entraîné un peu différemment. Je me cherchais davantage. Mais j’ai su retrouver tout l’acquis du travail le jour J. Rien ne s’est produit par hasard. Comme le fait que j’ai eu un cassé sur la ligne car j’avais beaucoup travaillé ce cassé toujours sur le même pied. »
« Sans oublier l’importance des haies et la relative quiétude avant le départ. C’est un ensemble de choses qui se travaillent à l’entraînement. Ensuite, il faut parvenir à sortir tout cela au moment opportun. Sur un 100 mètres et à fortiori sur un 110 mètres haies, la moindre erreur peut s’avérer très préjudiciable ».
Une fois la ligne d’arrivée franchie à Montréal, son incrédulité se lisant sur son visage, sera une image qui fera le tour du monde : « C’était à la fois une réaction de satisfaction et de tranquillisation. » En devenant champion olympique en 1976, Guy Drut n’a pas que réussi un exploit sportif personnel planétaire. Il a également ouvert la voie à d’autres athlètes dans sa discipline : les Américains n’étaient plus invincibles !
1928
Quand il s’impose en 1976 à Montréal, Guy Drut est le premier européen champion olympique dans sa discipline et premier non-américain à l’emporter depuis… 1928.