Créé le 26 juin 2012, le groupe des supporteurs des Ultras Green Limoges met le feu à Beaublanc. Entretien avec son président Yan Verger.
Comment sont nés les Ultras Green ?
En juin 2012, après une scission amicale avec les Eagles. Il y avait une différence d’appréciation dans la mentalité du groupe et la façon d’encourager l’équipe. A Limoges, on est trois groupes de supporteurs : les Ultras Green, les Eagles et les Phénix.
Un groupe Ultra en basket, on n’en voit quasiment pas !
Au basket, c’est le seul groupe qui se revendique ultra. Mais on n’a pas du tout la même mentalité que des groupes ultras au football. On prône l’encouragement et non le dénigrement. Nous sommes reconnu comme un groupe bon enfant mettant une bonne ambiance.
On a souvent catalogué Limoges comme l’OM du basket.
Le public de Limoges reste le plus exigeant de France. C’est très compliqué d’être l’entraîneur. Il y a 5000 entraîneurs dans les tribunes ! Chaque sortie d’un joueur, chaque décision tactique est commentée. C’est pour cela que des entraîneurs avec de grands noms se sont cassés les dents à Limoges. Il est toujours très dur de trouver un coach Limoges compatible.
Les Ultras Green de Limoges ont une mentalité à eux
Pouvez-vous revenir sur le grand tifo effectué à vos frais contre Pau ?
Cela a coûté environ 1500 euros. Nous fonctionnons uniquement en autofinancement via l’adhésion de nos adhérents et la vente de gadgets, tee shirts, écharpes… On veut être totalement libre de nos actions et de nos paroles. Ce tifo est apparu lors du Clasico à domicile contre Pau cette saison (17ème j., Ndlr). On a travaillé sur ce projet pendant très longtemps. Il fallait trouver le dessin parfait. Depuis des années, on voulait représenter à la fois les bâtiments principaux de notre ville en symbiose avec le club. Le CSP Limoges fait partie intégrante de la ville. Sans ce club, la ville ne serait pas la même.
L’équipe actuelle vous plait-elle ?
Cette équipe nous représente enfin. Le Limoges CSP retrouve ses valeurs. Défense, abnégation, solidarité, une équipe qui ne lâche pas. Elle est guidée par la personnalité totalement atypique de Massimo Cancellieri. On se reconnaît pleinement dans sa mentalité. Il a vite compris qu’à Limoges on aime les joueurs qui se battent.
Il a réussi à insuffler des valeurs qui depuis trop longtemps avaient été délaissées au Limoges CSP par des coachs profs de yoga, profs des écoles (sic). Nous serions très déçus voire en colère si le coach n’était pas maintenu. Cette année, c’est la symbiose totale entre un coach, un groupe de joueurs et son public. Les résultats ne sont que bonus.
« Nous serions très déçus et même en colère si le coach Cancellieri n’était pas maintenu »
Mais on reste loin des heures de gloire du club.
Certains « experts » dans leurs tweets en août et septembre nous voyaient carrément descendre en Pro B ! Ce qui compte, ce n’est pas le résultat brut, mais l’émotion et la passion. Monaco pourra gagner cinquante fois l’Euroligue et le championnat, ils n’intéresseront jamais personne.
Le CSP même en Nationale 1 et en Pro B est le club le plus médiatisé de France. Mais la ville de Limoges, c’est 150 000 habitants sans grosses entreprises. On ne pourra plus jamais gagner l’Euroligue. L’économie mondiale de ce sport a totalement changé. Il faut être lucide.
Et en championnat ?
On est dans une économie totalement business avec des clubs hors-sol, ceux aux présidents russes, ou avec des investisseurs comme à Lyon similaires à ce qui se fait dans le football. Les différentiels de budgets sont fois dix, fois quinze. On peut devenir champion de France, mais sur une saison extraordinaire. Nous, on en a conscience et on prend du plaisir avec l’équipe qu’on a sur le terrain.