Président du directoire du CSP depuis mai 2019, l’ancien directeur général de Legrand, ancien ailier de l’Alouette et du Limoges BC, Yves Martinez, espère, à 72 ans, redonner une nouvelle ambition au CSP.
Comment se porte le CSP avec cette pandémie
Comme beaucoup de clubs, on est secoué, à la fois économiquement et sportivement. Le club n’a pas été épargné par la Covid avec en plus des joueurs très sollicités avec un calendrier très chargé pour finir la saison. En termes d’équité du championnat, avec des matches reportés et autant de matches resserrés, on a connu mieux et ça va influer sur le résultat final.
Financièrement, quelle est la situation ?
On est en difficulté sur le résultat d’exploitation de cette saison, mais on n’est pas les seuls. Notre budget repose essentiellement sur le partenariat privé. Les recettes des matches représentent 30% et le sponsoring 50%. Le reste, ce sont des subventions pour 15% et d’autres produits marketing pour 5%. Le huis clos a donc un impact fort sur nos finances.
Avant les aides de l’Etat et sur un retour du public qui était planifié pour le 15 avril, ce qui n’est plus le cas, nous étions sur un déficit de 25% et on sera, au final, dans le rouge. On a la chance d’avoir un tissu de partenaires fidèles qui nous soutiennent. On est également un peu fragiles sur nos fonds propres, mais on est en train de prendre les mesures pour ne pas être en danger.
Limoges en manque de public
On connaît la ferveur de Beaublanc. Le CSP est-il le club le plus pénalisé par l’absence de public ?
On est sans doute l’un des clubs les plus pénalisés par le huis clos et on ne peut pas s’habituer à jouer sans public à Limoges. Un public qui joue un rôle important. Pour nous, c’est un handicap lourd.
En temps normal, la salle est remplie à 98%. N’est-elle pas devenue trop petite ?
Il y a un projet de la mairie qui est en phase de démarrage et qui concerne tout le parc sportif de Beaublanc et qui inclue le Palais des Sports avec une refonte complète et une capacité légèrement augmentée à 6000 personnes. Ce sera surtout un complexe de haut niveau en termes de connectivité, un complexe sportif très avant-gardiste. Les appels d’offres sont en cours pour une fin de travaux en 2024-2025 pour la partie Palais des Sports.
Les relations ont l’air compliquées avec le club de hand qui évolue en Starligue…
La difficulté est venue du manque d’infrastructures et de devoir partager le Palais des Sports qui était complètement acquis au basket jusqu’à il y a deux ans. La montée du club de hand fait qu’on doit partager Beaublanc. Ça pose des problèmes au niveau des plannings.
Après Doumbouya et Howard, Boutsiele devrait rejoindre un club plus huppé. Le CSP est-il condamné à perdre ses meilleurs joueurs ?
Le projet est de reconstruire des budgets qui permettent au club d’être compétitif au plus haut niveau européen. Ça passe par un nouveau Palais des Sports, mais aussi une remise en cause de la marque CSP pour aller chercher des sponsors au-delà de la région. Nous sommes très heureux d’avoir nos partenaires actuels, mais pour passer des caps il faut aussi avoir des partenaires nationaux et internationaux.
« Beaublanc va faire peau neuve »
L’ASVEL est-il le modèle à suivre ?
C’est le modèle de tous les clubs qui ont de l’ambition. On n’a pas non plus la même structure juridique. Il faut la faire évoluer. L’ASVEL a aussi la chance d’avoir un club comme l’Olympique Lyonnais qui leur apporte énormément. Il faut qu’on fasse différemment, mais avec l’objectif d’avoir un club aussi performant.
Visez-vous une place en Euroligue ?
Pas tout de suite ! (rires) Mais être dans le top 5 français et dans le top européen en confirmant en BCL qui est juste en-dessous de l’Euroligue oui. On reconstruit le club pour jouer de nouveau un rôle pour le titre de champion de France voire une compétition européenne.
L’ASVEL n’a pas hésité à « renier » ses couleurs pour s’associer à l’OL et au sponsor LDLC. Seriez-vous prêt à en faire de même ?
Le naming existe, on l’a déjà envisagé. Après, il faut trouver le bon partenaire. Mais c’est une évolution obligatoire si on veut avoir les moyens de ses ambitions. L’évolution juridique de la structure sera achevée d’ici la fin de saison. On a des contacts avec des partenaires. Nous avons cette volonté d’ouvrir le capital à une entreprise nationale ou internationale.
On parle souvent de Legrand…
Ils font partie de gens avec qui on est en contact. Malheureusement, les conditions actuelles ne sont pas les meilleures pour que les entreprises s’engagent, mais les discussions continuent avec plusieurs grandes entreprises on n’a pas reçu d’offres étrangères dans la perspective de la prochaine saison afin d’avoir un budget plus conséquent. Plus le budget est important, plus l’équipe est compétitive, tout en conservant nos gênes et nos valeurs.
Limoges veut sauver les meubles
En parlant de valeurs où en est le projet
du musée ?
La fondation Forte est en cours et a pour objectif de créer ce musée. On espère pouvoir proposer un lieu et un projet au cours de la prochaine saison, un projet mené par Angelina Forte la fille de Fred. Le club a aussi pendant le mois de mars manifester son engagement contre le racisme. Tout cela pour élargir l’audience du club au-delà des amoureux de la balle orange.
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Entre Céline Forte, Richard Dacoury et vous, qui dirige aujourd’hui le CSP ?
Céline Forte est la présidente du conseil de surveillance et gère la partie stratégique. En ce qui concerne la partie opérationnelle, la vie du club, je suis le président du directoire avec Pierre Fargeaud qui en est le directeur général et Richard Dacoury le vice-président qui a plutôt un rôle de communiquant, sur le marketing. Crawford Palmer a en charge la partie sportive avec le coach.
Les fonds propres de la CSP fragiles
La situation n’était pas simple à votre arrivée…
Ça a été une période très perturbée. L’arrivée de Céline s’est faite dans la douleur un peu plus d’un an après le décès de Fred. Le passage de témoin a été difficile. Sur le plan économique, ça a été une saison désastreuse et sportivement c’était moyen.
L’équipe précédente avait consommé toutes les réserves, ce qui explique la fragilité sur nos fonds propres. On a équilibré en 2020 après plus de 800 000 euros de pertes la saison précédente. 2021 devait être une spirale positive et la Covid est tombée sur tout le monde.
On essaye de sauver les meubles et de ne pas trop subir l’impact financier pour repartir sur des bases saines. Limoges est un club qui a vécu de manière émotionnelle jusqu’à présent et j’essaie avec Pierre Fargeaud de stabiliser toute cette machine, de la professionnaliser, pour être moins impacté par les à-coups sportifs. A Limoges, quand on gagne un match, tout va bien et quand on perd c’est la sinistrose (sourire). Il faut arriver à vivre cette passion sans débordements.
On parle toujours de cette victoire en Coupe d’Europe en 1993. Le club peut-il revivre de tels moments ?
C’était le sommet, le graal, l’Euroligue. Ce sera très difficile de le revivre. Par contre, retrouver des niveaux comme quand on a gagné trois fois la Coupe Korac, c’est possible. On a une très belle équipe, mais il nous faut encore quelques joueurs complémentaires pour atteindre ce niveau.