Spécificité de cette 68ème édition de la Ligue des Champions 2023, le chemin qui mène à la finale, à Istanbul le 10 juin au stade olympique Atatürk, est passé par… le Qatar. Si elle n’avait pas forcément vocation à chambouler la hiérarchie, cette incursion de la Coupe du monde au coeur du calendrier de la Ligue des Champions, rendait son issue plus incertaine que jamais et peut-être propice à un outsider. Ou pas.
Des 16 clubs qui restent encore en course pour les huitièmes de finale de la Ligue des Champions, c’est Manchester City et le Bayern Munich qui ont le plus eu à pâtir de la Coupe du monde puisqu’ils ont dû lâcher pas moins de 16 joueurs de leur effectif pendant un mois et parfois plus, devant le Real Madrid (13), Chelsea (12), le Borussia Dortmund, Tottenham et le PSG (11), Bruges (8), Francfort, Leipzig, Liverpool et le Milan AC (7), Benfica, l’Inter, Porto (6) et Naples (5).
A de telles altitudes de jeu, le diable se nichant toujours dans les moindres détails, cette statistique ne sera évidemment pas sans conséquences début février pour attaquer une phase à élimination directe toujours très indécise.
Si on peut considérer que les Citizens ont assez de marge face au RB Leipzig pour consoler leurs internationaux anglais (Grealish, Philips, Stones et Walker), portugais (Silva, Dias, Cancelo), belges (De Bruyne), espagnols (Laporte), allemand (Gündogan) et brésilien (Ederson) de leurs désillusions mondiales, qu’en sera-til de l’état des troupes au Bayern par exemple, l’adversaire du PSG ?
Le Real, plus grand pourvoyeur de joueurs à la Coupe du Monde
Déjà qu’en novembre, au moment du tirage au sort, leur entraîneur, Nagelsmann, ne sautait pas au plafond… « En prenant le PSG, une excellente équipe avec des joueurs de classe mondiale, nous n’avons pas vraiment été récompensés de notre première place d’un groupe qui était déjà très compliqué. »
Et que son directeur sportif, Hasan Salihamidzic, prévenait : « On n’y est pas encore, il y a la Coupe du monde avant, on verra dans quel état on récupère les joueurs. » Deux mois après avoir espéré surfer sur une éventuelle dynamique de la Mannschaft, où évoluaient sept de ses joueurs (Neuer, Kimmich, Goretzka, Gnabry, Müller, Musiala et Sané), sa nouvelle humiliation subie dès la phase de groupes n’est pas de nature à le rassurer sur l’état mental d’un contingent qui a perdu en route jusqu’à la fin de la saison Manuel Neuer, victime d’une fracture d’une jambe en faisant du ski de randonnée (!), ainsi que Lucas Hernandez, opéré du genou après le premier match des Bleus face à l’Australie.
Déjà privé de Sadio Mané depuis de longues semaines, la seule bonne nouvelle tient au fait que la plupart des internationaux seront revenus plus tôt que prévus du Qatar. Par ordre de réapparition à Säbener StraBe, le centre d’entraînement, Davies (Canada), De Ligt (Pays-Bas), Choupo Moting (Cameroun), Stanisic (Croatie), Mazraoui (Maroc) et les Franzouse Pavard et Coman (reposés), Upamecano (métamorphosé) pour fermer la marche.
L’année des outsiders ?
Dans ce contexte particulier, entre la fatigue physique de ceux qui sont allés loin dans la compétition, donc rentrés tard, mais heureux, et la relative fraîcheur de ceux qui ont trop vite quitté le Qatar, donc rentrés plus tôt, mais avec un mental en lambeau, il est difficile de savoir quels seront les impacts pour les clubs concernés.
Neymar s’est dit « détruit psychologiquement », parviendra-t-il à digérer et à se remobiliser pour terminer la saison comme il l’avait débutée ? Les Anglais parviendront-ils à transformer leur frustration d’une nouvelle élimination en quarts en supplément de motivation ? Les sept matches pleins d’émotion et d’adrénaline auront-ils laissé des ressources mentales aux Français ?
Sachant qu’il y a plus de Brésiliens que de Français au PSG et d’Espagnols au Real Madrid, les clubs gagnants ne seront pas forcément issus des sélections ayant brillé en décembre et, au final, on pourrait même les retrouver parmi ceux qui ont été le moins impactés par le Mondial. C’est donc plutôt du côté de Naples, Porto, l’Inter, Benfica, Milan AC, Leipzig et, surtout Liverpool, qu’il faut peut-être chercher le futur vainqueur.
Milan, l’Inter, Naples, Porto, une grande surprise ?
Avec un Konaté transformé, les Reds vont rapidement savoir. Le grand classique européen qui les oppose à un effectif du Real composé de beaucoup de « traumatisés » qatariens (Vinicius, Rodrygo, Mititao, Courtois, De Bruyne, Hazard, Rudiger, Carvajal, Asensio ou Valverde) nous en dira un peu plus sur la capacité des Merengues à renaitre une fois encore de leurs cendres.
En prenant le problème sous un autre angle, pronostiquer la finale peut aussi se résumer à un inventaire des clubs qui ont le plus de joueurs revenus plus forts de la Coupe du monde.
Et à ce petit jeu, à considérer qu’il s’agit de ceux qui ont atteint le dernier carré, c’est sur le Bayern Munich qu’il faudrait miser avec les Français évidemment (Upamecano, Coman, Pavard), mais aussi le Croate Stanisic et le Marocain Mazraoui et peut-être surtout l’une des révélations de décembre, la seule satisfaction allemande, Jalam Musiala. En faisant dire tout et son contraire à la parenthèse mondialiste, on touche les limites de l’exercice d’anticipation qui consiste à prévoir l’imprévisible.
Le Ballon d’Or va s’y jouer
Cette 68ème édition de la coupe aux grandes oreilles sera aussi, au moins autant que la Coupe du monde, un marqueur essentiel dans la course au Ballon d’Or. Et d’abord parce qu’il sera attribué pour la seconde fois de son histoire en fin de saison, et non en fin d’année, donc quelques semaines seulement après la finale de C1, six mois après les effluves de Lusail.
Quand il s’agissait, souvent, d’offrir le Ballon d’Or à celui qui avait aussi marqué la Coupe du monde de son empreinte, il faut s’attendre cette fois à ce que les effets soient moins évidents et automatiques. Concurrents cet hiver en sélection, Mbappé et Messi devront être plus solidaires que jamais à partir du 14 février au soir pour éviter que le titre suprême leur échappe et revienne peut-être à Griezmann, l’autre grand animateur du Mondial absent avec l’Atlético Madrid du printemps européen, et qui aura forcément plus de mal à entretenir le bel élan qatari que s’il avait eu la possibilité d’être le 10 juin prochain sur le stade olympique Atatürk d’Istambul.
Les rendez-vous C1 de 2023
HUITIÈMES DE FINALE
Aller : 14 février / Retour : 8 mars
PSG Bayern Munich et AC Milan Tottenham
Aller : 15 février / Retour : 7 mars
Borussia Dortmund Chelsea et Club Bruges Benfica
Aller : 21 février / Retour : 15 mars
Eintracht Francfort – Naples et Liverpool Real Madrid
Aller : 22 février / Retour 14 mars
RB Leipzig Manchester City et Inter Milan FC Porto
QUARTS DE FINALE
Aller : 11 et 12 avril
Retour : 18 et 19 avril
DEMI-FINALES
Aller : 9 et 10 mai
Retour : 16 et 17 mai
FINALE
10 juin 2023 à Istambul
Tom Boissy