vendredi 19 avril 2024

Mohamed Haouas (MHR) : « J’étais dans la carrosserie. Mon patron voulait me prendre en CDI »

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Jean-Marc Azzola
Jean-Marc Azzola
Journaliste

L’international français de 28 ans, Mohamed Haouas, pilier du MHR (15 sélections), véritable force de la nature (1m85, 122 kg), est parrain d’une association et veut servir d’exemple pour les plus jeunes.

Comment êtes-vous devenu le parrain de l’association Rebonds ?

A la base, je viens d’un quartier sensible de Montpellier, le Petit Bard. L’association Rebonds s’occupe des jeunes des quartiers. Yacouba Camara (3ème ligne, 17 sélections, Ndlr), fait aussi partie de cette association. Un jour, il y a eu quelque chose d’organisé dans le quartier de la Mosson. Je m’y suis rendu. Cela s’est bien passé.

Voilà comment je suis devenu le parrain de cette association. A travers cette association, les jeunes de quartiers apprennent le rugby. Ils sont initiés à ce sport. D’habitude, dans les quartiers, les jeunes sont plus tournés vers le football ou les sports de combat. Pour beaucoup, le rugby reste méconnu. Dans les quartiers de Montpellier, ce n’est pas encore très développé. Pourtant, le rugby est un sport où il y a pleins de valeurs. Il est magnifique. Il y a beaucoup de discipline.

Mohamed Haouas, un homme engagé

Cela semble vous tenir à cœur.

Cette idée de venir en aide aux jeunes me plaît. Que les jeunes des quartiers s’en sortent est quelque chose qui me touche. Quand j’étais plus jeune, on m’a aidé. J’ai envie de rendre la pareille.

Que faîtes-vous quand vous intervenez pour l’association ?

On va voir les jeunes. On intervient dans les quartiers. Il y a aussi des tournois organisés pour ces jeunes en difficulté. On joue au rugby avec eux. On leur explique un peu comment cela se passe. On essaie de générer chez eux de l’envie pour qu’au moins ils essaient.

Que lisez-vous dans leur regard quand ils vous rencontrent ?

Si un jeune a besoin d’aide, je suis là pour l’aider. Mais qu’il ne me déçoive pas. Je me souviens, il y a des années de cela, quand j’ai commencé le rugby, des jeunes étaient pourtant très forts, mais ils faisaient beaucoup de bêtises. Dans le bus, ailleurs. Ils piquaient dans les vestiaires, les boissons de la buvette… Je n’ai jamais fait cela. Maintenant, quand je les revoie, ils sont un peu dégoûtés. Ils se disent : « Peut-être j’aurais pu devenir pro ».

En quoi le rugby a-t-il été personnellement un outil d’insertion sociale ?

Quand j’étais plus jeune, j’ai toujours voulu pratiquer le rugby, mais je n’en ai pas eu l’occasion. Ma mère n’avait pas d’argent pour me payer l’essence. Au rugby, j’y allais même parfois à pied. Je revenais seul. Ce n’était pas mes parents qui venaient me chercher en voiture. J’ai rencontré à l’époque des éducateurs sportifs de rue. Un certain Abdel m’a mis sur la voie. Il entraînait des jeunes au MHR. Une fois, il m’a donné rendez-vous au stade de rugby. Cela m’a plu de suite. J’ai continué.

« Quand j’ai vu des mecs de 18 ans être payés pour jouer au rugby, je me suis dit pourquoi eux et pas moi »

Quelle aurait été votre vie s’il n’y avait pas eu le rugby ?

Franchement, je ne sais pas ce que je serais devenu. Depuis l’âge de 15 ans, je travaillais. J’étais dans la carrosserie. J’étais en apprentissage. Mon patron voulait me prendre en CDI. J’ai arrêté à 18 ans car le club m’a proposé un contrat espoir.

Cela vous est-il arrivé parfois de vous dire que vous n’y arriverez pas ?

Non, jamais. Pourtant, je n’ai jamais cru que j’allais finir professionnel. A la base, je jouais au rugby en loisir. Un loisir qui est devenu un métier. Sauf que quand j’ai vu des mecs de 18 ans être payés pour jouer au rugby je me suis dit pourquoi eux et pas moi. Je m’y suis mis à fond.

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