Pour aborder sa neuvième saison d’affilée dans l’élite, la Section Paloise compte autant sur une nouvelle génération dorée, incarnée par Emilien Gailleton, le meilleur marqueur du championnat, que sur l’arrivée d’une légende du rugby mondial, Sam Whitelock. Mais pas avant la fin de l’année, Coupe du monde oblige.
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Tous les étés, depuis neuf ans, à mesure que le Top 14 monte en intensité, au point de devenir aujourd’hui le meilleur championnat de clubs au monde, Pau se présente sur la ligne de départ avec les mêmes objectifs forcément dirigés vers le maintien.
Quelques semaines après que les joueurs de Piqueronnes ont sauvé leur tête lors de la dernière journée, cette cuvée 2023/2024 ne dérogera pas à la règle. Pour autant, Thomas Choveau, l’entraîneur de la touche et des ballons portés, ne considère pas que Pau manque d’ambition ou ne progresse pas.
Bien au contraire : « Parce que survivre dans ce championnat hyper concurrentiel avec un très faible taux de renouvellement est de plus en plus difficile. Très peu de clubs ont l’assurance d’être dans le Top 6. Un an après avoir fait la finale, Castres et Montpellier se classaient 9ème et 11ème. Dans ce contexte, la régularité du club est remarquable même si ce n’est pas très vendeur. »
Pau, plus stable que le BO ou Brive
Et l’ancien coach de l’US Bressane, arrivé en 2021 dans le Béarn, de mettre en parallèle les trajectoires des clubs de la même dimension que la Section, tels Biarritz, Bayonne, Oyonnax, Brive ou Grenoble et Agen, qui font le yoyo entre la Pro D2 et le Top 14 sans parvenir à s’y stabiliser :
« Nous, pendant ce temps, on est là ! Si on ne bénéficie pas de la dynamique d’une montée, on mise plutôt sur une dynamique du long terme sans être obligé de repartir de zéro parce qu’on a touché le fond. Ça fait moins parler, je vous l’accorde, et il faut faire attention pour ne pas s’endormir, mais notre bilan depuis deux ans montre qu’au-delà du classement, nous marquons plus de points et nous réduisons l’écart avec le Top 6. »
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« Avant d’être plus ambitieux, il va nous falloir survivre »
L’écart qui était de 24 points en 2021 est passé à 20 points en 2022 pour se réduire à 11 points la saison passée. « C’est aussi une forme de progression qui nous pousse à regarder devant. » En battant La Rochelle à l’extérieur et le Stade Toulousain, mais aussi Bayonne à Anoeta, Clermont, Bordeaux ou Montpellier la saison passée, Pau a exprimé un potentiel certain.
Pour voir plus haut, il va falloir désormais apprendre à mieux gérer les matches clés d’une saison, ceux face aux équipes de même niveau, contre lesquelles le bilan est déficitaire, et mieux appréhender certaines fins de match.
« Quand on perd à Castres à la dernière seconde, poursuit Choveau, on manque incontestablement une belle occasion de basculer du bon côté. Une victoire là-bas à ce moment-là de la saison aurait pu nous amener dans une autre dynamique. » A défaut, les Palois ont dû lutter jusqu’au bout pour éviter le pire dans un style de jeu que le staff souhaite le plus complet possible.
La Section Paloise ne fermera pas le jeu
« Généralement, les équipes qui luttent pour leur survie ont une philosophie de jeu plus restrictive, ce n’est pas notre cas. Sans s’appuyer uniquement sur nos avants, on veut montrer qu’on est capable de faire des différences avec un jeu audacieux, en n’ayant pas peur de déplacer le ballon. »
Avant de pouvoir concrétiser ces intentions dans la seconde partie de saison, s’appuyer sur l’expérience d’un Sam Whitelock, sur la baraka du néo-international Emilien Gailleton (14 essais) autant que sur celle d’un groupe qui vit ensemble dans une grande stabilité depuis deux ans, « il va nous falloir survivre » insiste Thomas. Survivre aux trois premiers matches compliqués et à la trêve qui va suivre, survivre au bloc de matches qui va s’étirer jusqu’en février.
« Des joueurs de l’envergure de Whitelock, dans le leadership du 5 de devant, ou de Simmonds qui a gagné le PremierShip et la Coupe d’Europe avec Exeter, seront importants. » Pas plus pas moins que ceux de la nouvelle génération dans le sillage des quatre internationaux U20 qui ont brillé lors de la Coupe du monde. « Pas mal de jeunes émergent, l’objectif est de les faire grandir donc de les faire jouer, conclue Choveau. Ça explique aussi pourquoi on a misé sur un recrutement peu quantitatif et ciblé. » La clé d’une dixième saison dans l’élite ?
La section peut-elle oser rêver des phases finales ?
Pour trouver trace de la Section Paloise en phase finale, il faut remonter à 2003, quand le championnat était un Top 16 de deux poules de huit, que les Palois avaient gagné leur place pour la deuxième phase en terminant 4èmes.
Depuis le retour en Top 14, la 8ème place reste le plafond d’un club qui flirte dangereusement avec la zone rouge, parvenant tout le temps à se sauver dans les dernières journées sans jamais parvenir à accrocher l’espoir d’un possible Top 6. Dans ce genre de dynamique, généralement, à moins d’un sursaut d’orgueil toujours possible, la Pro D2 est plus souvent au bout du chemin qu’une qualification en phase finale.
Le marché des transferts de Pau
Arrivées : Thompson-Stringer (joker Coupe du monde, La Rochelle), Whitelock (Crusaders, Nlle.Zél.), Tlili (Massy), J. Simmonds (Exeter, Ang.), Le Gall (Soyaux Angoulême, r.p.), Ezeala (Clermont), Tshimanga (Western Province, Aust.), Yameogo (Montauban, r.p.)
Départs : Van Dyk (libre), Grondona (Bristol, Ang.), Joseph (Racing 92, r.p.), Le Bail (Racing 92), Henry (Stade Français), Reilhac (Montauban), Ikpefan (Oyonnax), Barrett (Soyaux-Angoulême), Pinto (Colomiers), Bordenave (Bourg en Bresse), Barka (Soyaux Angoulême), Levron (Soyaux Angoulême), Malesu (Western Force, Aust.)
La recrue : Sam Whitelock
A force de lui dire tout le bien qu’il pense de la Section Paloise, qu’il a rejoint en 2019, son petit frère, Luke (32 ans), a fini par le convaincre de le rejoindre dans le Béarn. A 34 ans, Sam est donc la recrue star de cette saison en Top 14 avec sa casquette de double champion du monde, et de deuxième joueur le plus capé de l’histoire des Blacks. Le 2ème ligne néo-zélandais est attendu après la Coupe du monde où il espère devenir le plus capé de tous les Blacks pour dépasser les 148 capes de Richie McCaw.
La fiche technique de Pau
- Président du directoire : Bernard Pontneau
- Budget : 26 M€
- La saison passée : 12ème de Top 14, 7ème de la poule B de Challenge Cup
- Stade du Hameau
- Capacité : 14 600 spectateurs
- Accès : En voiture, A64 (depuis Toulouse), sortie 11 Pau Est, Soumoulou. A 64 (depuis Bayonne), sortie 10 Pau centre. En bus, réseau Idelis, Ovaligne (jour de match), arrêt stade du Hameau. En tram (T2), en avion, aéroport Pau Béarn, en train, gare de Pau.
- Palmarès : Champion de France (1928, 1946 et 1964), champion de Pro D2 (2015), Challenge Yves du Manoir (1939, 1952 et 1997)
Tom Boissy