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Après deux saisons sans phase finale, le président du Castres Olympique, Pierre-Yves Revol espère bien que son club va retrouver le Top 6. Un club atypique. Jugez plutôt…
Le CO a été cinq fois champion de France mais, à chaque début de saison, on a l’impression que le club part dans la peau de l’outsider, n’est-ce pas frustrant ?
C’est une réalité. Si vous regardez les pronostics du début de saison, vous ne retrouvez pas Castres parmi les probables qualifiés. C’est une réalité, mais qui nous convient bien (sic). Ça ne change rien à notre statut ni à nos ambitions. Chaque année, on part avec le but de se qualifier. Ce n’est pas le cas chaque année, mais ce n’est pas dramatique pour le club si ça n’arrive pas une saison. L’important est que, sur la durée, on arrive à déjouer les pronostics de façon suffisamment régulière.
Le club est-il aujourd’hui reconnu à sa juste valeur ?
Il est avant tout reconnu comme un club qui a une faculté à développer un esprit collectif supérieur à la moyenne, doté d’une ambiance familiale avec une équipe qui se livre à 100% et qui est en capacité d’inquiéter les meilleures même si, sur le papier, elle n’a pas les mêmes atouts.
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« Le CO veut rester un club formateur »
Le souci, n’est-ce pas finalement d’être géographiquement pas loin de l’ogre toulousain ?
C’est sûr que d’être dans l’ombre de Toulouse ou à proximité, c’est un handicap, notamment sur le plan économique. On a un bassin d’une zone de chalandise très limitée, c’est l’équivalent d’un arrondissement. Alors qu’aujourd’hui, en Top 14, la plupart des clubs sont des capitales régionales et ont derrière elles un bassin de population et une zone géographique beaucoup plus larges. On est très atypique dans le Top 14 à ce niveau-là et ça fait partie de nos handicaps. Mais on fait avec et on a d’autres atouts.
Le CO est aussi un club formateur. Ne le souligne-t-on pas assez selon vous ?
En tout cas, il tend à l’être de plus en plus et ça fait partie des facteurs clés de notre identité. Le fait d’avoir des joueurs issus de notre centre de formation et surtout qui sont originaires du département, c’est important. Aujourd’hui, notre 3ème ligne est constituée de trois jeunes ; Babillot, Delaporte et Baptiste Cope qui sont tous issus de notre formation, du territoire. Ça renforce notre identité. Quand on parle d’esprit collectif, il est plus facile à développer et l’identité est plus facile à renforcer avec des jeunes issus du terroir. On essaie d’augmenter le nombre de ces joueurs année après année et de les fidéliser.
« On a toujours réussi avec des entraîneurs qui ont grandi avec le club »
Malheureusement, il n’y a pas beaucoup de joueurs de Castres en équipe de France…
À lireAvant Antoine Dupont et Iris Mittenaere, le top 5 des rugbyman en couple avec des « people »Ce n’est pas forcément une surprise, encore une fois, si on considère que la force de Castres est avant tout collective. Dans le passé, il y en a eus et demain peut-être que d’autres vont émerger.
Un grand joueur est passé par le CO, Antoine Dupont. N’est-ce pas dommage qu’il ne soit pas resté plus longtemps (de 2014 à 2017, Ndlr) ?
On ne vit pas avec des regrets… Il a fait un passage super dans le club, il a grandi chez nous. On a réussi à le détourner de Toulouse pendant quelques années (sourire). On ne retient que le positif de son passage. Il n’y a pas de regrets, c’est une évolution qui est sans doute pour lui naturelle compte tenu de ses attaches historiques.
Grenoble a interdit l’alcool dans son stade. Cela pourrait-il vous donner des idées ?
Jusqu’à aujourd’hui, on n’a jamais constaté d’excès ou de débordements liés à la consommation d’alcool dans le stade. Tant que ça reste contingenté, il n’y a aucune raison de l’interdire. Encore une fois, tout est une question de mesure et je n’ai pas connu d’incident lié à la consommation d’alcool et ça fait plus de 30 ans que je m’occupe du club.
À lirePour mettre fin aux blessures, le Stade Français fait appel à l’intelligence artificielleGrenoble a sans doute fait cela suite aux affaires qui ont touché le rugby français cet été (dérapages de joueurs suite à la consommation d’alcool, de drogues, Ndlr). Avez-vous mis des choses en place à ce niveau-là à Castres ?
On est tous sensibilisés depuis longtemps. Les affaires que vous évoquez n’ont fait que renforcer notre volonté de sensibiliser nos joueurs dès le centre de formation à tous les risques qu’ils encourent liés à leur statut et à leur exposition. On fait beaucoup aussi avec l’effectif professionnel. Cette année, des spécialistes et des juristes sont intervenus auprès du groupe pour les informer, les mettre en garde, les sensibiliser. Personne n’est à l’abri, mais on a une politique de sensibilisation qui est quand même assez développée.
Castres a le 12ème budget avec la 12ème masse salariale
Finaliste en 2022, Castres reste sur deux saisons sans phase finale. Cela ne commencet-il pas à faire beaucoup ?
Comme je vous l’ai dit, ce n’est pas dramatique pour nous de ne pas se qualifier une saison. Maintenant, trois saisons, ça ferait beaucoup ! L’objectif est de revenir, comme on l’a fait dans le passé, plus régulièrement en phase finale. Le club reste ambitieux même si, aujourd’hui, il a le 12ème budget et la 12ème masse salariale. Ça n’enlève rien à nos ambitions et on essaie d’utiliser nos moyens au mieux.
Un club vous inspire-t-il ou le CO est-il son propre modèle ?
À lireSix Nations : le top 10 des plus grands joueurs de l’histoireOn a un modèle unique dans le Top 14. C’est difficile de s’inspirer de La Rochelle par exemple. La ville est plus grande, la zone de chalandise est 10 fois plus grande que la nôtre. Donc on ne peut pas faire les mêmes choses, on ne peut pas avoir les mêmes moyens, les mêmes ressources publiques, sponsors. On a un modèle un peu à part et on le cultive. Je ne vois pas d’autres modèles qui nous ressemblent dans le Top 14, d’ailleurs je ne vois pas d’autres sous-préfectures de la taille de Castres.
Est-ce à dire que c’est un miracle chaque saison de se battre avec meilleurs ?
C’est le fruit de beaucoup de travail, de la culture forte d’une identité locale, de choix clairs qui sont faits. Le recrutement qui privilégie des joueurs de chez nous ou plus connus qui, au final, misent énormément sur la puissance d’une identité locale et d’un esprit de famille qu’on essaye, à tous les étages du club, de faire perdurer.
Pierre-Yves Revol « Le stade de 10 000 places nous suffit »
Y a-t-il des projets, en termes d’infrastructures, qui pourraient vous permettre de jouer encore plus dans la cour des grands, d’augmenter le budget ?
On va améliorer les installations pour nos partenaires, les capacités d’accueil, mais à la mesure de nos moyens. Le stade a une capacité de 10 000 personnes et ça nous suffit. On sait très bien qu’à part deux ou trois matchs par saison, on ne peut pas aller au-delà pour une ville de 40 000 habitants située à 1h de Toulouse. On a un taux de remplissage très fort. 10 000 personnes, c’est près du tiers de la population qui vient aux matchs. On ne peut pas aller beaucoup plus loin. On connaît nos limites, on fait avec et je dirais presque qu’elles nous vont bien et on ne rêve pas à d’autres modèles qui nous sont inaccessibles.
Y-a-t-il des gens qui vont voir Castres et Toulouse ?
Là, je vous parle depuis Lavaur qui est située à équidistance entre Castres et Toulouse. Il y a une partie de la ville qui est supporteur de Castres et une partie qui est supporteur de Toulouse !
À lireXV de France : Fabien Galthié est-il encore l’homme de la situation ?Vous changerez d’entraîneur la saison prochaine. C’est Xavier Sadourny, jusque-là adjoint de Jérémy Davidson, qui va prendre les rênes. Avez-vous vraiment hésité entre lui et le coach de Vannes Jean-Noël Spitzer ?
On s’est posé la question. On a imaginé plusieurs scénarios, puis on a choisi un scénario qui nous paraît plus être dans la continuité et plus nous correspondre avec un entraîneur qui a de l’expérience, mais qui doit encore faire ses preuves au haut niveau en tant qu’entraîneur principal.
Ça nous convient très bien. Quand on a réussi, ça a toujours été le cas dans le passé avec des entraîneurs qui avaient leurs preuves à faire, qui ont grandi avec le club, c’était le cas de Laurent Travers et Laurent Labit ou de Christophe Urios. J’espère que ce sera aussi le cas de Xavier Sadourny. Ça nous correspond plus plutôt que d’aller rechercher un entraîneur déjà titré, déjà confirmé.
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