Il n’a que 21 ans, mais le pilier droit de l’Aviron, au potentiel rare, Tevita Tatafu fait de plus en plus parler de lui. Au point d’attiser la curiosité de Fabien Galthié… D’origine tongienne, le Bayonnais sera éligible à l’équipe de France en octobre.
Tevita Tatafu est natif de Naku’alofa, la capitale située sur l’île de Tongatapu, la plus importante du Royaume des Tonga. Après des débuts au EUA Collège, il prend une décision décisive dans son existence à 17 ans par le biais de son oncle, Toma Taufa, alors pilier droit dans l’équipe professionnelle de l’Aviron. Le jeune joueur est alors sollicité pour rejoindre le Pays basque. L’histoire est en marche. Tatafu est Bayonnais depuis novembre 2019, estampillé JIFF. Cette saison, il a explosé (25 matches, 2 essais) :
« Il a vraiment franchi un cap. Avant, c’était un bon joueur, mais il avait un peu de mal à enchaîner les matches. Là, il a joué les troisquarts de la saison. On l’a beaucoup sollicité. C’est sa meilleure saison de sa jeune carrière depuis que je le connais, il y a quatre ans. Il a vraiment été présent et omniprésent dans notre jeu de août à mars. Tevita a beaucoup progressé en mêlée depuis deux ans. J’espère qu’il y aura encore mieux pour lui à l’avenir. Il est de plus en plus intéressant comme porteur de balle et dans le jeu. Il est vraiment dur au contact » se félicite Joel Rey.
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« Tatafu aurait pu être international Tongien, mais il veut jouer pour la France »
Pour l’entraîneur des avants de Bayonne, le pilier droit a connu un vrai déclic : « Il y a deux ans quand on remonte et qu’on joue la finale contre Mont-de-Marsan (49-20, le 5 juin 2022, Ndlr). En début de saison, il avait eu un peu de mal dans quelques secteurs en mêlée et dans ses déplacements. Il avait ensuite fourni des efforts progressivement. Il avait enchaîné les phases de conquête. Dans le jeu, il s’était montré très présent. C’est un gros porteur de balle ».
Certes, mais sans pour autant rentrer dans les normes : « Il a un physique. On l’attend évidemment en mêlée. Il était déjà costaud plus jeune. Mais il n’est pas très grand (1m83, 133 kg, Ndlr). Il est massif par rapport à sa taille. Il n’a vraiment pas le profil d’un Atonio. Physiquement, il est devenu un joueur différent. Cela saute aux yeux. Il est un peu atypique comme Tongien. Il est large et massif. Cependant, il est surtout rapide, ce qui est rare pour des joueurs de sa corpulence. Avec son gabarit particulier, il reste ce joueur capable de gratter des ballons, de les porter, d’impacter fort dans le jeu » poursuit Rey. Tevita Tatafu n’est autre que le cousin de son parfait homonyme le n°8 de Bordeaux et international japonais. Mais le Bayonnais, lui, suit son propre chemin :
« Il connaît une belle progression. Mais c’est un joueur qui doit être prêt physiquement pour donner le meilleur de lui-même. Il a été sérieux et s’est bien préparé. A son âge, c’est normal, il a encore une belle marge de progression. Néanmoins il provoque une certaine impatience chez nous. Il est arrivé ici il avait 17 ans. En Crabos, il était déjà impressionnant. »
Bayonne attend le tongien de pied ferme
Toujours est-il que, depuis les Crabos, Tatafu a déjà effectué un sacré bout de chemin. Au point d’être de plus en plus surveillé par le sélectionneur de l’équipe de France en quête d’un successeur au Rochelais Atonio (34 ans). « Je ne suis pas surpris plus que cela qu’il tape dans l’oeil de Fabien Galthié. J’ai vu ses concurrents directs. Quand je remarque qu’on a testé des joueurs comme Thomas Laclayat au Racing 92, et d’autres, je pense que Tevita Tatafu est aussi en droit de postuler. Il a les moyens de pouvoir le faire. Derrière Atonio ou Colombe, il a son mot à dire. »
Il reste encore quelques mois à Tatafu pour être éligible en équipe de France à partir d’octobre 2024. Toutefois comme l’a confié récemment Grégory Patat son entraîneur, dans Au Coeur de la Mêlée, « Tevita aurait pu être international tongien. Il ne le veut pas. Il veut être international français. C’est clair dans sa tête ». En tout cas, la saison prochaine, on attend à ce qu’il porte encore plus avec brio les couleurs du club basque :
« La saison prochaine, j’espère qu’il aura une influence encore plus forte au sein du collectif bayonnais, insiste Rey. Chez nous, on a la chance d’avoir d’autres droitiers intéressants. Cela nous permettra de ne pas le laisser s’endormir. Quoi qu’il arrive, il ne se reposera pas sur ses lauriers. Il y a Luke Tagi, un international fidjien, un client, un très bon joueur. Il y a aussi Pascal Cotet plus âgé que lui, à ses côtés (30 ans, Ndlr). C’est stimulant et une bonne chose pour Tatafu. Il a de la concurrence ». Lié à l’Aviron Bayonnais jusqu’en 2026, Tevita Tatafu a largement le temps de montrer encore toute l’étendue de son talent.
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