Journaliste à l’AFP, suiveur de l’UBB depuis plus de quinze ans, Raphaël Perry essaie de déchiffrer l’exercice prochain avec la venue notamment de Damian Penaud.
L’UBB a échoué au stade des demi-finales contre La Rochelle (13-24), comment expliquer cette défaite ?
Toulouse et La Rochelle sont vraiment au-dessus depuis la Covid. Cela fait trois ans qu’ils dominent le Top 14. L’année dernière, Montpellier et Castres sont passés. Mais c’était particulier avec plein de surprises.
Il y avait eu le Grand Chelem… Peut-être que les internationaux ont lâché un peu la bride au niveau du Top 14. Cependant, cette année, avec la Coupe du monde qui se profile, les joueurs étaient à fond. L’UBB a brisé un plafond de verre. Ils ont du mal à franchir les demies. Néanmoins, ils arrivent en tant que n°3 sur les cinq dernières années derrière Toulouse et La Rochelle.
« L’UBB devrait encore s’améliorer avec les recrues »
Que manque-t-il à Bordeaux-Bègles pour aller plus haut ?
C’est un manque de facteur X au moment Y. Quand ils avaient Radradra, ils survolaient. Après, Jalibert est un facteur X. Mais il souffre d’irrégularité car il est souvent blessé. Cela pèse aussi dans les résultats. Pour aller plus haut, il faudrait aussi cette chance de ne pas croiser de tels adversaires. En 2022, ils ont peut-être raté le coche. Ils auraient pu avoir la chance de jouer Montpellier et éventuellement Castres derrière en finale. Quant à 2020, on ne saura jamais ce qui se serait passé. Ils étaient en tête avec 10 points d’avance (8 sur Lyon après 17 journées, Ndlr).
Ils avaient la meilleure équipe du Top 14. Cependant, les phases finales, il faut en avoir vécues pour les gagner. Là, cela fait trois ans de suite qu’ils arrivent en demi. Ils ont déjà brisé ce plafond de verre. Depuis leur montée en 2011, ils n’avaient jamais atteint les phases finales. C’est par étape. Peut-être qu’avec Yannick Bru, cela va leur permettre de modifier cela. Damian Penaud arrive aussi, Jalibert reste. Donc deux facteurs X sont là. Il faudra voir aussi comment la Coupe du monde va se dérouler, s’il y a victoire au bout ou pas…
N’y a-t-il pas eu un goût d’inachevé avec le départ de Christophe Urios en cours de saison ?
De mon point de vue, il s’est accaparé le projet. Ce n’est pas du nombrilisme, mais il était la vedette de ce projet. Cela s’est passé ainsi à Oyonnax, à Castres. D’ailleurs, au CO, cela ne s’est pas bien fini après leur titre de champion (en 2018, Ndlr).
A l’UBB, il est tombé sur des personnalités un peu plus affirmées, et plus forts aussi. Ils avaient du mal avec ce type de management. Cela n’a pas matché. Cela a plus été une question d’ego et de personnalité. Quand il est parti, l’UBB tournait aux alentours de la 10ème place. Finalement l’équipe est arrivée dans les six puis en demi.
La saison prochaine avec la venue de Damian Penaud, est-ce le signe que l’UBB veut aller chercher le Brennus ?
Tout à fait. Bordeaux est attractif depuis quelques années. La donnée principale va être la gestion ou la digestion de la Coupe du monde par les internationaux. Comment vont-ils revenir en club. Il y aura la Coupe d’Europe, le Tournoi qui va s’enchaîner derrière. Auront-ils la tête complètement à l’UBB, à l’équipe de France ?
Ce sera une année particulière avec un nouveau coach. Certes, Thibault Giroud connaît très bien les internationaux car il les a en équipe de France. C’est d’ailleurs lui qui a dû beaucoup peser pour la venue de Damian Penaud. A priori, l’UBB devrait encore s’améliorer avec les recrues. Mais c’est sur le papier. Il faut voir si la mayonnaise prend, s’il n’y a pas de souci.