À l’image de la ligne à 3 points qui n’est pas à la même distance, les règles ne sont pas toutes les mêmes en Europe et en NBA. L’Europe doit-elle continuer à se rapprocher de la NBA pour favoriser encore plus le spectacle ?
Trouver trace d’un même sport avec des règles différentes relève quasiment de l’impossible. Le basket fait donc figure d’exception. En NBA, le jeu est ainsi partagé en quatre quarts-temps de 12 minutes chacun avec une prolongation de 5 minutes en cas de besoin (2 fois 20 minutes en NCAA et 5 minutes de prolongation). Selon les règles FIBA, un match dure 40 minutes réparties en quatre quarts-temps de 10 minutes (et un même temps de prolongation).
Si, dans les deux camps, le temps avant de déclencher un tir est le même (24 secondes, la FIBA est passée de 30 à 24 secondes après les Jeux de Sydney en 2000, 35 secondes pour les hommes en NCAA), il en va autrement pour les temps-morts. Aux Etats-Unis, chaque franchise a le droit à sept temps-morts avec même cette possibilité d’autoriser un joueur à demander un temps-mort si nécessaire.
La ligne à 3 points n’est pas à la même distance
Deux autres temps-morts sont disponibles pour chaque prolongation. La FIBA impose elle, cinq temps-morts par équipe dont deux sont accordés pendant la première période et les trois restants disponibles pendant la deuxième période. Un autre tempsmort est également possible pendant la prolongation. Notons également qu’en NBA un joueur
Est exclu après six fautes personnelles ou après une seconde faute technique. Selon les règles FIBA par contre un joueur est exclu après une cinquième faute personnelle et technique. Venons-en au cœur du débat : la fameuse ligne à 3 points !
Si, aux USA, elle se situe à 7m24 (6m70 de la ligne de fond), elle est depuis 2010 à 6m75 selon les règles FIBA (6m60 de la ligne de fond), une distance que la NCAA a adoptée en 2019. Cette différence majeure modifie quoi concrètement alors qu’en Europe et en NBA les dimensions des terrains ne sont pas non plus les mêmes : 28m65 x 15m24 en NBA contre 28m x 15 m en Europe ?
Pour Piétrus, tout est une question d’adaptation
Mickaël Piétrus, 11ème choix de la draft en 2003 (par les Warriors) dix ans de NBA derrière lui entre 2003 et 2013 (557 matches, 35,5% à 3 points de moyenne), nous aide à y voir plus clair :
« De plus en plus d’Européens jouent en NBA. Quand on voit les intégrations réussies de Gobert, Fournier et d’autres, ils se sont très bien adaptés au jeu américain. Il n’y a pas débat là-dessus. On voit aussi que la NBA essaie de s’implanter de plus en plus en Europe. À mes yeux, ce sont des règles basiques à adapter. Prenons également l’effet inverse. Le joueur américain qui vient en Europe s’adapte ».
L’Orléanais Darius Johnson-Odom 55ème choix de la draft 2012 par les Mavericks (7 matches NBA, 4 avec les Lakers en 2012/2013 et 3 avec les Sixers en 2013/2014), évoque au contraire des difficultés à se mettre au diapason quand il a débarqué sur le Vieux Continent :
« Il a fallu que je m’adapte au départ quand je suis arrivé en Europe. Cela n’a pas été facile du tout. Gaucher, avec des dimensions de terrain différentes, il a fallu que je trouve des solutions. Le basket en Europe est beaucoup plus physique. En défense, les gars sont très coriaces. C’est beaucoup plus un jeu d’équipe ici qu’en NBA. Quand vous débarquez des Etats-Unis, vous devez donc apprendre à jouer différemment ».
Et le joueur d’Orléans de parler de cette mythique ligne des 3 points… « Elle est plus éloignée en NBA. En Europe, elle se rapproche de ce qui se fait en université aux Etats-Unis. Forcément, cela a un impact sur la manière de jouer, de se placer, de bouger ».
Les deux baskets évoluent
Faut-il alors croire à une possible harmonisation des choses dans un futur proche ? À voir. La NBA a su aussi se réinventer. Au fil du temps, la défense de zone afin de limiter le systématique un contre un a trouvé sa place dans la grande ligue.
Car jusqu’à l’ouverture de la saison 2001/2002, faire zone en défense était tout simplement proscrit ! Avec des scores de plus en plus fleuves, des pivots qui se permettent même de mitrailler à 3 points, l’idée de la ligne à 4 points (comme celle de relever la hauteur du panier fixée à 3m05) a même été posée en NBA. L’idée a fait son chemin (Nate Robinson avait même inscrit un panier à 4 points en All Star week-end, mais ce fait d’arme était non officiel).
Kobe et Nowitzki favorables à la ligne à 4 points
Les avis demeurent partagés devant cette possibilité de bonus pour ces tirs venus de très loin.
L’ancienne légende de Dallas, Dirk Nowitzki, se prononçait il n’y a pas longtemps sur le sujet en pointant que « tout le monde shoote à 3 points facilement maintenant. C’est une question dont on peut débattre. Mais je n’ai pas envie non plus de voir tout le monde shooter à plus de dix mètres. Steph Curry (Golden State) est le seul à pouvoir en réussir souvent. Les joueurs tirent de loin avec tant de facilité de nos jours ».
Le regretté Kobe Bryant ne fermait pas la porte à cette potentielle ligne à 4 points : « Je pense que maintenant ce n’est pas une bonne idée. Peut-être que viendra le moment d’instaurer la ligne à 4 points. De nos jours, les jeunes joueurs oublient les fondamentaux du jeu pour mettre des 3 points comme Curry ou d’autres. Cela dessert le jeu car ils oublient que Curry maîtrise techniquement les fondamentaux qui existaient avant les tirs à 3 points. Malheureusement, ils ne voient que cela. Ce n’est pas le moment. Peut-être qu’un jour ce sera l’heure de la ligne à 4 points ».
Le monde du basket évolue constamment. De là à ce que le monde entier s’accorde sur le même schéma, rien n’est sûr… Tout le monde aurait pourtant à y gagner, et pas seulement au nom de ce sacro-saint spectacle. La FIBA a par exemple adopté en 2013 la raquette rectangulaire de la NBA qui a succédé à la raquette en forme de trapèze.
Une chose est sûre, quand les Américains défient le monde aux JO ou aux championnats du monde, ils doivent se plier aux règles FIBA…