vendredi 21 mars 2025

Rétro (1968) : il y a 26 ans, un Grand Chelem volé ?

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C’est sans jamais vraiment maîtriser son affaire, en bénéficiant souvent de circonstances arbitrales favorables, mais en ne lâchant jamais rien, que la génération Carrère est allée chercher un premier Grand Chelem. Et de faire entrer les Villepreux, Dauga, Camberabero, Dourthe, Trillo, Gachassin, Spanghero ou Maso au panthéon du rugby français.

1910… 1968, près d’un demi-siècle ! Entre la première édition du Tournoi des V Nations et le premier Grand Chelem du cinquième invité, Français, il fallait bien ça pour se faire définitivement accepter par les nations britanniques. Longtemps parent pauvre d’une compétition que dominaient régulièrement les Anglais, la France se désespérait de parvenir à accrocher, elle aussi son premier Grand Chelem.

Après l’avoir partagé avec Gallois et Anglais, le premier vrai succès de 1959 ouvrait toutes les perspectives. Confirmé par d’autres victoires en 1960, 1961, 1962 et 1967, il confirmait l’inexorable montée en puissance et annonçait un sacre de 1968 qui fut tout sauf une promenade de santé.

Débuté par un premier match dantesque en Ecosse, où la bande à Carrère plia plus qu’à son tour face aux assauts du XV du Chardon, sans jamais rompre vraiment, en bénéficiant aussi de l’absence de réussite du buteur maison, Stewart Wilson, il se poursuit face à des Irlandais diminués par les blessures de leurs deux meilleurs défensives des Verts avec deux essais de belle facture inscrits par Campaés et Dauga. Sans être très convaincant, le XV de France parvient à rester en vie.

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Décisif retour des frères Camberabero

C’est à ce moment-là, en marge des JO d’hiver qu’est organisé à Grenoble un match joueurs, Kennedy et Molloy. Là encore, il fallait bien ça pour compenser le déficit de puissance et profiter des largesses amical entre le XV de France et une sélection du Sud-Est dans laquelle évoluent notamment deux joueurs de La Voulte, les frères Camberabero. Présente face à l’Ecosse, évincée ensuite, la charnière Lilian-Guy est tellement étincelante lors de cette opposition amicale, qu’elle revint en odeur de sainteté pour les deux derniers matches du Tournoi.

Face à l’Angleterre, sans être décisifs, ils profitent de l’inspiration géniale de Campaès, pour un coup de pied de recentrage qui envoie Gachassin à l’essai pour une troisième victoire, 14-9, qui tient aussi beaucoup, une fois n’est pas coutume, à la mansuétude d’un arbitre qui refuse deux essais aux visiteurs.

Héroïques dans la boue de l’arms park

Reste plus qu’à passer l’obstacle du Pays de Galles, à Cardiff, un vrai combat en perspective face à une nation qui ne tarderait plus à dominer de la tête et des épaules le rugby européen et mondial des années 70. Sur une pelouse boueuse, que les commentateurs appelèrent ensuite « la cour de ferme », les Coqs sortent leurs ergots pour réaliser le match qu’il faut en de telles circonstances.

De Dourthe à Cester, de Yachvili à Campaès, dans le sillage d’un Spanghero des grands jours, tous se mettent au diapason pour défendre jusqu’au bout les deux essais de Lilian Camberabero et Carrère.

Le premier valide les choix du comité de sélection puisqu’il est construit par deux joueurs appelés en cours de route, le 3ème ligne grenoblois Michel Greffe, passeur pour Lilian Camberabero, par ailleurs à l’origine, involontaire, du 2ème essai… contesté. C’est en effet en étant à la réception d’un de ses drops trop court que l’opportuniste Carrère offre l’avantage décisif en fin de match. Le Toulonnais était-il en position d’hors-jeu ?

L’arbitre écossais estime que non. Prenant l’adresse de Guy Camberabero, auteur d’un drop, d’une pénalité et d’une transformation, autant que la maladresse du buteur gallois, Doug Rees, malheureux sur deux pénalités très accessibles, comme un signe du destin, le XV de France ne lâche plus l’affaire. L’enjeu est trop important pour laisser passer l’occasion d’être, à jamais, les premiers. Mais que ce fut laborieux…

4

4 joueurs, sur les 27 ayant participé au Tournoi, ont disputé l’intégralité des quatre rencontres : Walter Spanghero, Elie Cester, André Campaès et Christian Carrère, le capitaine.

Le saviez-vous ?

En 1968, le XV de France avait débuté, et terminé, le Tournoi sans aucun entraîneur officiel. Les compositions d’équipe émanaient d’un comité de sélection qui communiquait l’équipe, via le président de la FFR qui ne manquait aucun repas d’avant et d’après match avec certains élus ! Les rares entraînements en commun l’étaient sous la responsabilité du capitaine, Christian Carrère, qui gérait aussi une bonne partie de l’intendance des joueurs en compagnie de quelques dirigeants.

Tom Boissy

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