Champion d’Europe U20 cet été, Roman Domon (19 ans) marche dans les pas de son père Frédéric ancien international. Moins connu que les autres joueurs de la génération 2005 (Risacher, Sarr, Salaün, Dadet…), le prospect gravelinois trace son chemin à son rythme. Entretien pour France Basket et Le Quotidien Du Sport.
Un maintien miraculeux, la salle qui a brûlé, vous avez tout connu la saison dernière !
Ça a été dur, mais en vrai ça nous a renforcés. On a fait quelque chose d’historique en passant d’un 0-10 au maintien. On est contents d’avoir pu éviter au club de descendre.
Espérez-vous vivre une saison plus tranquille ?
L’objectif principal, c’est le maintien (ndlr : Gravelines-Dunkerque occupe la 8ème place après 7 journées). Après, moi, ce que j’aimerais, et ce que j’espère surtout, c’est de jouer les play-offs. Jouer les play-offs avec mon club formateur, c’est le truc dont je rêve.
Après des apparitions la saison passée, aspirez-vous à davantage de temps de jeu cette saison ?
La saison dernière, j’ai fait quelques matches. J’ai pu voir comment le niveau était relevé. J’ai passé un bon été, on a été champions d’Europe U20. Je sais que j’ai encore un énorme step à passer entre le championnat espoirs et la Betclic Elite. Je prends ça comme un défi. J’ai hâte de le relever, qu’on fasse une bonne saison en faisant les play-offs.
Le coach attend beaucoup de vous cette saison.
C’est quelque chose que j’attendais. J’attendais juste d’avoir ma chance. Maintenant qu’il me donne l’opportunité, c’est à moi de faire le boulot. Mais ce n’est pas une pression, c’est quelque chose que j’ai toujours voulu. Je sais qu’il me fait confiance. Je n’a i pas à avoir de pression, j’ai juste à jouer mon jeu et être heureux sur le terrain.
Roman Domon prêt à élever le niveau
Avez-vous une âme de leader ?
Le leadership, ce n’est pas forcément ma force principale. Après, je me considère comme un joueur qui peut aussi élever le niveau de l’équipe quand je suis dans un bon jour. Si je suis dans un moins bon jour, je ne dois pas faire baisser le niveau de l’équipe.
Pensiez-vous pouvoir déjà occuper ces responsabilités la saison dernière ?
Ce n’était pas trop tôt, j’aurais déjà pu jouer, mais chacun a son parcours, moi il a pris plus de temps. Je ne suis pas en retard par rapport à à mes objectifs.
Le coach nous a dit que tout était dans vos mains. Ça vous met quand même une certaine pression !
La pression, ce n’est vraiment pas quelque chose qui me fait peur. Depuis tout petit, je ne joue pas au basket pour gagner beaucoup d’argent, mais parce que j’aime le basket. Maintenant, forcément, j’ai de plus gros objectifs, mais ce n’est pas de la pression, c’est juste être heureux d’être sur le terrain et redonner au coach cette confiance.
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« Je ne suis pas en retard »
On vous connaît moins par rapport aux joueurs de 2005 Risacher, Sarr, Salaün, Dadet. N’avez-vous pas l’impression d’avoir pris du retard sur eux ?
Je ne suis pas en retard. Eux ont eu une très trajectoire rapide et haute. C’est encourageant pour nous parce qu’ils montrent clairement qu’on peut le faire. Je n’ai jamais douté que je puisse le faire, c’est juste que je prends mon temps. Je suis patient, je sais que j’ai un corps différent des autres.
Cette saison est néanmoins un tournant à bien négocier.
Aujourd’hui, on parle sans doute moins de moi, il y a moins d’attentes. Mais plus je vais performer, plus il y aura d’attentes. Je suis prêt à ça.
Le titre de champion d’Europe cet été avec les U20 vous a-t-il donné de la confiance avant d’aborder cette saison ?
Ça me met de la confiance parce qu’on est sur une bonne dynamique. Après, pour moi, c’est déjà effacé. Une nouvelle saison commence. Je n’ai pas le temps de me reposer sur un titre que j’ai gagné il y a trois mois.
Pleins de championnats chassent les jeunes talents (NCAA, Australie, etc.). Qu’est-ce qui, pour vous, vous fait prendre la décision de continuer à vous développer dans le championnat français ?
C’est une fierté de jouer en France, dans son championnat, pour ma part de jouer dans le club qui m’a formé. Je ne me sens pas redevable, mais je sais que si je suis bon, le club sera fier de moi. Partir à l’étranger, c’est aussi une bonne option, mais dans mon cas, il fallait passer par cette étape en France. Déjà tâter un peu le niveau en France et pourquoi pas essayer dans plusieurs années. Mais, pour l’instant, je suis heureux et fier de jouer en France.
Rêvez-vous comme tous les jeunes de la NBA ?
Au début, c’était un rêve. Aujourd’hui, c’est un objectif parce qu’on voit que c’est possible. Forcément, ce sont les meilleurs joueurs du monde, il faut donc travailler beaucoup plus. Il y a aussi une part de chance. Mais si ça doit arriver, ça arrivera. Si ça n’arrive pas, je ne le prendrai pas comme un échec. Il y a aussi de très bons joueurs qui jouent en Europe.
« Je pense que j’ai le style pour la NBA »
Pensez-vous avoir le style pour vous imposer en NBA ?
Je pense que j’ai le style pour jouer en NBA. Bien sûr, il faut prendre du physique et de l’épaisseur pour jouer à ce niveau. Jouer en Euroligue est aussi un rêve.
Gravelines met-il des choses en place pour vous préparer à la NBA ?
J’ai un travail individuel tous les matins avant les entraînements. Que ce soit sur mon physique, sur mon dribble, sur tous mes axes à améliorer. Tout est mis en place. Après, c’est à moi de faire le boulot.
Quelle est l’importance et l’impact de votre développement musculaire dans votre jeu ?
C’est important. Je l’ai vu dès les matches de préparation. Niveau basket, je pense que je peux me débrouiller, mais niveau physique j’ai encore du mal parce que ce sont des impacts que je n’ai pas encore l’habitude de prendre. Ce sont aussi des hommes en face et ce sont des défis à relever. J’ai envie de passer ce cap le plus rapidement possible. Il va falloir du temps, de la patience, mais je suis confiant.
Le rêve, c’est de rejoindre votre modèle Doncic en NBA !
C’est mon modèle. Je ne veux pas le copier, mais je m’en inspire. Si je peux le retrouver dans pas longtemps, ça veut dire que j’aurai réussi mon objectif. J’espère le retrouver le plus vite possible !
En 2022, vous aviez joué contre le fils de LeBron James. Que pensez-vous du joueur qui a rejoint son père aux Lakers ?
S’il est en NBA, c’est que c’est un très bon joueur. Forcément, les gens vont parler. Mais il y aura toujours des gens pour critiquer. Quand je l’ai affronté, il a été très bon.
Le père de Roman Domon suit la carrière de son fils
Votre père a fait une belle carrière. L’idée, c’est de faire encore mieux que lui ?
J’aime bien le charrier pour lui dire que j’arrive, que j’ai déjà été champion d’Europe, même champion de France avec les jeunes. Il m’a dit de le faire avec les seniors. J’ai encore énormément d’années devant moi et j’espère faire beaucoup mieux que lui. J’aime bien le taquiner en lui disant que c’est un objectif de faire une encore plus grosse carrière que lui, même si sa carrière est déjà très belle.
Vous donne-t-il des conseils ?
Il me donne beaucoup de conseils. Mon père m’avertit aussi de beaucoup de choses à ne pas faire et à faire. Il sait les erreurs à ne pas faire et ce qu’on doit faire pour être bon. Il est tout le temps derrière moi que je fasse un bon match ou un mauvais match. C’est comme ça qu’on avance.
Vous êtes un petit gars du Nord. Est-ce une fierté de porter ce maillot de Gravelines ?
C’est le club qui a cru en moi quand personne n’y croyait encore. J’ai eu des opportunités de partir, mais quand un club vous fait confiance et met tout en oeuvre pour que vous réussissiez, il n’y a pas de raison de l’abandonner.
Vous avez croisé Mike James au Media Day. Ça fait quoi ?
C’est sûr que c’est impressionnant parce que c’est un très grand joueur. Maintenant, c’est à moi de montrer sur le terrain que j’ai le niveau pour jouer contre eux. C’est comme ça que je gagnerai leur respect.
Un club vous fait-il rêver ?
Madrid ! Le Real est une grande institution. En Europe, c’est le club qui me fait le plus rêver.