Relégué en 2016/2017, le SLUC Nancy Basket est de retour dans l’élite avec à sa tête Sylvain Lautié comme coach alors qu’il était directeur sportif du club depuis 2019.
Nancy est (enfin) de retour dans l’élite. Est-ce une anomalie de réparée ?
Oui quand on voit la capacité de notre salle, l’engouement. Il a fallu néanmoins digérer une descente, remettre des bases. Tout le monde a tout fait pour que le club remonte. On n’avait que la 4ème ou 5ème masse salariale, mais on a bien travaillé et on a fait les choses de manière cohérente.
Cinq ans pour remonter, cela a-t-il été plus long que prévu ?
Il y a toujours une ou deux saisons pour digérer une descente. On ne remonte pas non plus quand on le décide dans un championnat très homogène. Nos 13 victoires d’affilée sont d’ailleurs une anomalie dans une Pro B où le niveau s’est resserré.
Tout le monde pensait que Saint-Chamond allait monter directement et finalement vous les avez coiffés au poteau !
On a vécu caché et eux ont certainement pensé à un moment donné toucher le graal. Je pensais moi aussi à 95% qu’ils monteraient. On a alors fait une série qu’on ne pensait pas pouvoir réaliser avec une victoire à Saint-Chamond qui a tout bouleversé et des victoires à Antibes, à Blois, à Vichy. On a battu tous les demi-finalistes sur la phase retour. Tout le mérite en revient aux joueurs qui ont été exceptionnels dans la concentration et l’investissement.
« J’ai rarement vu la salle pousser autant, même au temps de la korac »
Vous avez réussi là où trois entraîneurs ont échoué. Pourquoi avoir replongé alors que vous étiez directeur sportif du club depuis 2019 ?
Quand ça a coincé avec le coach précédent (François Péronnet, Ndlr), on a rencontré trois ou quatre coachs avec qui on ne s’est pas mis d’accord financièrement. J’aurais pu travailler avec un jeune coach, mais on a décidé que la chose la plus simple était que je reprenne le terrain. J’en étais heureux. Ça a été néanmoins une longue réflexion familiale car c’est un vrai sacerdoce et un vrai sacrifice quand on est dans un club qui a l’ambition de monter.
Que reste-t-il de la victoire de Nancy en Coupe Korac en 2002 dont vous étiez alors le coach ?
Le club a gagné des titres, mais ce qu’il reste c’est qu’on a un public exceptionnel. On a fait quatre ou cinq fois 6000 personnes la saison passée ! J’ai rarement vu la salle pousser autant, même au temps de la Korac, que pour le match contre Chalon car cette montée était une obligation alors que la Coupe Korac était un plus.
Pour ce retour, l’objectif sera le maintien, mais y a-t-il l’ambition de jouer plus haut à moyen terme ?
Le président Aurélien Fortier vient du monde de l’entreprise à très haut niveau. Il a géré de grosses structures et il fonctionne par cycles et par projets. On avance étape par étape. On va essayer d’augmenter le budget de 800 000 euros. On évolue dans le staff, dans les bureaux, etc. Bourg en Bresse est un bon exemple. C’est un club qui se construit année après année.
J’en profite pour faire une parenthèse. C’est quand même une catastrophe que le système de montées-descentes existe encore dans le basket. Je serais contribuable de Chalon et j’aurais mon équipe qui descend et que j’ai la nouvelle salle qui arrive, ce n’est pas possible !
Sylvain Lautié espère augmenter le budget de 800 000 euros
Saint-Chamond n’aurait-il pas fait une salle de 5000 places s’il était sûr d’avoir accès au haut niveau ?
On ne peut pas demander aux contribuables de payer des impôts pour voir un spectacle une fois tous les quinze jours et puis à un moment donné il n’y en a plus. Il faut créer une ligue fermée. Et je ne dis pas ça parce qu’on monte et qu’on peut être amené à redescendre. On a perdu tous nos gros sponsors dans le basket français à cause des montées et des descentes.
A Besançon, on avait un des plus gros sponsors de l’histoire, Festina, qui s’est retiré au moment de la descente. Peut-être que ces montées et descentes mettent du piment, mais il faut de la sécurité pour les projets. On pourrait passer à deux poules de 12 ou 14 et envisager que des clubs comme l’ASVEL ou Monaco, qui jouent l’Euroligue, sortent du championnat de France et le réintègrent en quarts de finale. On ne peut pas rester comme il y a 20 ans! On ne peut pas investir 70 millions d’euros dans un palais des sports et n’avoir personne !
A quoi va ressembler l’équipe de Nancy en Betclic Elite ?
Au début, on était parti pour faire une équipe à 10 et on s’est finalement dit qu’on partait à 9 plus un très bon jeune ; Aurèle (Brena-Che mille), le meneur de l’INSEP.
On a fait une équipe avec le même état d’esprit que la saison dernière, qui a envie de partager le ballon, de se faire des passes et de ne pas jouer un jeu stéréotypé et unidimensionnel qui est le pick and roll tout le temps, en gardant notre identité avec un jeu de mouvement. On travaille sur un contenu et pas sur les résultats qui viendront si le contenu est bon.
Nancy, une équipe qui partage le ballon
Avoir gardé Stéphane Gombauld et Caleb Walker était essentiel.
On espérait que Stéphane soit bon, mais celui qui aurait dit qu’il ferait une telle saison est un menteur (sourire). Il a été exceptionnellement constant ! J’ai rarement vu quelqu’un dominer comme ça la Pro B – il a d’ailleurs été élu MVP du championnat. Jamais depuis qu’on est passé à quatre étrangers un joueur n’a établi ce scoring – et je n’ai aucune inquiétude quant à son passage en Betclic Elite.
Walker a été son parfait complément. Les deux capitaines Mérédis Houmounou et Antony Labanca ont également parfaitement rempli leur rôle avec un maître à jouer, Mathis Keita, qui gérait parfaitement l’équipe dans les variations de jeu (et qui a signé depuis à Champagne Basket, Ndlr).